Le premier « vrai » nouveau produit Apple - au sens nouvelle catégorie - depuis l'iPad, signe l'entrée de la firme de Cupertino dans le monde de la technologie prête à porter. Car si l'Apple Watch n'est pas la première montre connectée, elle se positionne, plus que toutes celles qui ont précédé, autant comme un accessoire de mode qu'un produit high tech.
Qu'on aime ou qu'on déteste les produits Apple, on peut tomber d'accord sur une chose : le constructeur sait cultiver l'image de sa marque et ériger ses produits au rang de symboles que l'on aime afficher, comme on le fait avec une paire de baskets, un sac à main ou un bijou.
La renaissance d'Apple est majoritairement passée par le succès de l'iPod. Et déjà, le baladeur à mini disque dur s'est imposé, certes par sa simplicité d'utilisation, mais aussi par le fait qu'avoir un iPod, c'était cool. C'était afficher ses écouteurs blancs à l'époque où les autres étaient majoritairement noirs, c'était choisir un iPod mini au rapport qualité/prix moins avantageux que l'iPod « classique » parce qu'il était plus fin et disponible en plusieurs couleurs. L'Apple Watch entend jouer à nouveau sur ce terrain.
Design et ergonomie : une montre arrondie, mais pas ronde
Le design de l'Apple Watch, on l'a vu et revu. Sauf qu'on ne l'a pas vraiment vu avant de la voir en vrai. Et au premier contact, elle apparaît surtout beaucoup plus petite qu'elle ne paraissait sur les photos. On craignait que la version 42 mm soit trop volumineuse pour la plupart des poignets, comme ça peut être le cas pour certaines montres Android Wear (la très masculine LG G Watch R notamment), mais en fait... C'est plutôt la version 38 mm qui nous paraît réservée aux mains et aux poignets les plus fins !On a beaucoup parlé de la forme du boitier, qui a des airs de mini iPhone Edge. Il divise clairement, avec une scission qui semble surtout se faire entre les amateurs de « vraies » montres, qui trouvent ce rectangle aux coins arrondis quelconque, et ceux - dont fait partie votre serviteur - qui n'en avaient probablement pas porté depuis leur Casio au collège.
Ce qui est sûr, c'est que Apple l'a joué safe, en refusant de céder à la mode des écrans circulaires. C'est moins audacieux, mais évidemment plus simple à gérer pour l'affichage de l'interface. Et puis, ça évite d'avoir à ajouter - n'est ce pas Motorola - en catastrophe un bandeau noir rabotant une partie du cercle si on ne veut pas, comme LG, opter pour des bordures énormes autour de l'écran.
D'ailleurs, Apple ne s'embarrasse pas de ce choix puisque l'écran de l'Apple Watch est très réduit, malgré un joli trompe l'oeil qui fait presque totalement illusion, apparemment plus sur le modèle classique que sur le modèle sport. Nous, on a testé la version Sport, et à moins d'être pile en face, on voit très rapidement les grosses bordures noires autour de la dalle, et ça fait un peu tache !
En dessous du boitier, on trouve les quatre diodes du capteur de rythme cardiaque : deux diodes infrarouge, et deux diodes vertes. Elles sont placées au centre d'une bosse recouverte d'une lentille en saphir, pour la version classique ou Edition, ou en plastique, pour la version Sport. On craignait énormément la gêne occasionnée par cette bosse : à l'usage on est plutôt séduit, elle s'enfonce naturellement sur le dessus du poignet.
C'est également via cette bosse qu'on connecte le chargeur à induction de la montre, un petit cylindre aimanté assez sympathique, même si la version en plastique blanc de l'édition Sport est moins élégant que la version métallique des deux autres modèles.
Couronne digitale : la nouvelle Click Wheel
On interagit avec l'Apple Watch par deux moyens. Le premier est bien connu : c'est le tactile. Mais contrairement aux autres montres connectées croisées jusqu'ici, Apple n'a pas voulu se contenter de défilements verticaux et horizontaux, et sacrifier ce qui a fait une partie du succès de son interface tactile : le zoom.Problème, sur un aussi petit écran, le pinch to zoom est impensable. La solution de l'Apple Watch est la couronne digitale (ndlr : on n'y est pour rien, c'est la traduction officielle), une version numérique de la couronne des montres « classiques », dont l'usage est ici totalement détourné. Si Scott Forstall était toujours chez Apple, elle aurait peut-être servi au réglage des aiguilles, mais ici, il s'agit d'un moyen de navigation assez similaire à la molette cliquable des iPods, du temps où ils en avaient une. Là encore les avis divergent : certains la trouvent trop souple, mais on verra qu'elle est parfois plus efficace pour naviguer dans une liste que le tactile !
La couronne digitale est cliquable, mais en dessous, on trouve un autre bouton. C'est le bouton du malentendu, celui dont on croit connaître la fonction, parce qu'il ressemble étrangement au bouton de verrouillage d'un iPhone, mais qui en fait ne sert qu'à accéder rapidement à ses contacts. Et là on a un problème.
D'une part, même si on comprend qu'Apple souhaite mettre la communication au centre de l'usage de sa Watch, n'est-ce pas un peu exagéré de dédier un bouton physique à cette fonctionnalité ? L'autre problème avec ce bouton, c'est qu'il brise l'une des qualités de l'Apple Watch : son côté ambidextre.
L'interface peut être optimisée pour un port de la montre au poignet gauche ou au poignet droit. Et si ce bouton n'existait pas, la couronne digitale pourrait être au milieu. Mais il existe, et en portant sa montre au poignet droit, la couronne se retrouve en bas. On chipote, car en pratique c'est plus bizarre que réellement gênant.
Enfin, il faut évoquer le Force Touch, qui ajoute une dimension au tactile. Comme le trackpad du nouveau MacBook (et du dernier MacBook Pro 13 pouces), l'écran capacitif de l'Apple Watch peut détecter un tap avec une plus forte pression, pour exécuter des actions contextuelles. C'est une bonne idée, on serait surpris de ne pas la voir débarquer sur les prochains iPhone ou iPad. Mais de notre expérience, on a trouvé l'interaction parfois hasardeuse. Quelle pression adopter ? Pas toujours évident !
Des bracelets pour tous les goûts (de luxe)
L'Apple Watch a pour but d'être un accessoire de mode autant qu'un produit high tech, et de ce point de vue, la partie la plus importante est le bracelet. Plus qu'avec votre boitier (certes, Apple Watch Edition exceptée), c'est avec votre choix de bracelet que vous allez exprimer votre personnalité et vous accorder avec vos vêtements. Et Apple a prévu de nombreuses combinaisons, que le constructeur entend évidemment gérer à 100%.Si vous ne le saviez pas encore, donc, les bracelets de l'Apple Watch ne sont pas standards. Ils sont pensés pour l'Apple Watch, avec un système de fixation d'ailleurs assez précis et bien conçu. Il y en a pour tous les styles, et toutes les bourses. Mais, il faut l'admettre, surtout pour les mieux remplies.
L'Apple Watch Sport, et le modèle de base des deux autres collections, est fournie avec un bracelet en caoutchouc... pardon, en fluoroélastomère (ou « flurol'stomer » en langage Tim Cook). Vous pouvez voir sur nos photos que certains coloris, notamment le vert, sont assez voyants, mais la qualité nous a paru satisfaisante, et c'est même une bonne surprise. Si on ne se prononcera pas sur la durabilité des trous et du passage de la boucle, l'ensemble ne fait pas trop cheap
La fixation du bracelet Sport (on règle d'abord la pression, puis on passe le bracelet dans la boucle) est déroutante, mais une fois au poignet, la montre est stable, et on n'a jamais rencontré de cas de détachement de la pression. La partie basse du bracelet - et c'est valable pour tous les modèles - est fournie en deux tailles : tous les poignets devraient trouver leur compte.
Quid des autres bracelets ? On a testé le cuir « boucle classique » qui est assez réussi : cuir visiblement de bonne qualité, fixation... classique mais efficace : seules les attaches, en acier poli, pourraient peut être jurer sur les modèles Sport. Le bracelet Cuir n'a pas ce problème mais le côté « bibendum » ne plaira pas à tout le monde.
Le modèle milanais est très réussi et pas trop cher (enfin...) si on aime ce genre de finition. Le bracelet à maillons est évidemment le plus classe, toutefois son prix exorbitant le réserve vraiment aux acheteurs les plus fortunés.
Dans tous les cas, la construction du boitier fait qu'il y a du jeu entre l'attache des bracelets et le poignet. Là encore, ça peut rebuter : on a l'impression que la montre se balade autour du poignet sans l'épouser. Un détail qui gênera peut-être davantage les habitués de belles montres.
Interface : un cadran, un nuage et des coups d'oeil
L'interface d'une montre connectée est un terrain passionnant parce que personne n'a encore trouvé la recette. Et on a déjà vu de tout. Samsung, avec ses Galaxy Gear, reproduisait plus ou moins l'interface d'un smartphone en version miniature. Android Wear a débarqué avec un usage radicalement différent, basé sur les cartes contextuelles de Google Now, et l'usage des commandes vocales comme principal moyen d'interaction. D'autres comme Pebble, tentent de présenter l'information sous forme chronologique, une approche d'ailleurs envisagée un temps par Apple.Mais ça n'est pas celle retenue au final, et l'Apple Watch opte pour quelque chose de plus classique mais avec quelques subtilités. En gros, il y a deux écrans majeurs dans l'interface L'écran principal, celui qu'on va voir - par défaut - lorsqu'on lève le poignet, c'est le cadran. La détection du mouvement est, au passage, plutôt satisfaisante au global, même si dans certains cas, elle nous a fait défaut. Dans un tramway bondé, votre bras est en l'air ? Bonne chance pour afficher l'heure dans ces conditions !
Des façades personnalisables mais peu variées
Pour les amateurs d'analogique ou de numérique, il y a dix façades différentes, mais on ne peut pas dire qu'elles soient des plus variées. Certaines sont amusantes, telles que l'Astronomie, qui permet de se balader sur la Terre ou la Lune, la Solaire qui affiche en temps réel la position du soleil, ou l'inévitable façade Mickey.Les autres analogiques ou numériques se ressemblent un peu toutes, avec un côté minimaliste, et des informations complémentaires personnalisables (batterie, météo, phases de la lune, raccourci vers le chronomètre...). Google a déjà pris de l'avance sur ce point en permettant aux développeurs de proposer leurs propres façades, mais sans aller jusque là, on aurait souhaité un peu plus de variété. Ça viendra sans doute...
La façade ne permet pas uniquement d'afficher l'heure, elle donne accès à deux écrans capitaux : les notifications et les coups d'oeil. Si vous êtes habitué à iOS 8, disons pour résumer qu'elles correspondent aux deux onglets du centre de notifications : d'un côté les notifications proprement dites (nouveau mail, nouveau message texte ...), et de l'autre une série de widgets que l'on peut réorganiser à sa guise : météo, bourse, fréquence cardiaque, widgets d'applications tierces...
C'est également via les coups d'oeil que l'on accède aux boutons de lecture multimédia (si vous écoutez quelque chose sur votre iPhone) et à un mini centre de contrôle permettant notamment d'activer les modes Avion ou Ne pas déranger, et de faire sonner l'iPhone.
On peut trouver ça un peu compliqué, mais par rapport à Android Wear, cette disposition a un avantage : elle permet de séparer clairement les notifications des modules que l'on souhaite retrouver facilement, et toujours au même endroit. Android Wear traite tout comme une notification. C'est pratique dans certains cas, mais rebutant dans d'autres comme la météo.
Le nuage d'app
L'autre écran important, accessible par un clic sur la couronne, est un peu le niveau supérieur du cadran. C'est le fameux nuage d'applications, et sa disposition en hexagone qui est... bizarre. Elle est d'autant plus bizarre qu'elle ajoute de la complexité pour rien. Parce qu'en fait, même si on craint d'avoir systématiquement les doigts trop gros pour pointer une de ces icônes, en pratique le taux d'erreur est plus limité qu'on le pense. On émet une réserve pour la version 38 mm bien qu'on suppose que les personnes qui optent pour une 38 mm ont les doigts plus fins que les nôtres.En plus de cette interaction tactile qui se suffit à elle-même, Apple a ajouté la possibilité de lancer une app en zoomant sur son icône avec la couronne digitale. Ça ne sert strictement à rien, tout comme la possibilité de zoomer en arrière pour naviguer plus facilement dans les applications. Franchement, on n'imagine pas avoir un jour assez d'applications sur sa montre pour qu'on ait besoin de prendre autant de hauteur.
Les apps peuvent être réorganisées à la main sur la Watch mais ça n'est pas ce qu'il y a de plus pratique : on recommande plutôt de passer par l'app Apple Watch sur l'iPhone.On a vu à quoi ressemblait l'Apple Watch, on a vu les différentes façons d'afficher l'heure, et de naviguer dans les applications. Mais qu'est ce qu'on fait avec tout ça ? Le premier usage qui vient à l'esprit, c'est la gestion des notifications. C'est l'usage principal pour lequel on essaie de nous vendre la montre connectée : recevoir des notifications de nouveaux mails ou messages, des alertes de rendez-vous dans le calendrier, bref, tout ce qui évite de sortir son smartphone de la poche.
Il faut distinguer deux objectifs : la consultation et l'action. Pour le premier, clairement, on n'a encore jamais vu de montre aussi pratique et aussi confortable pour consulter ses nouveaux messages. L'écran, malgré la petite taille des polices, est un modèle de lisibilité, les messages, même les mails, s'affichent souvent en intégralité, et la couronne numérique est un moyen agréable et réactif de faire défiler le texte. On apprécie également la qualité du retour haptique, pour peu que l'on ait activé les vibrations : plus qu'un buzz désagréable, on a l'impression qu'on nous tapote sur le poignet ! Le Taptic Engine, autre technologie utilisée avec succès dans les derniers MacBook, montre une fois de plus sa pertinence. C'est une sensation qu'on va rencontrer souvent au cours d'une journée, et il faut donc qu'elle soit la moins intrusive possible. C'est plutôt réussi !
Pour ce qui est des actions à entreprendre, c'est plus variable. Les messages texte (SMS et iMessage) bénéficient d'un éventail de possibilités assez étendu. On peut dicter sa réponse, mais aussi envoyer un message audio, en utilisant la fonction dévoilée dans iOS 8, et dont on comprend désormais la finalité. Il est possible aussi d'envoyer des réponses textuelles prédéfinies. Vous pouvez créer vos propres réponses via l'app Apple Watch, mais la montre est censée analyser le contenu du message et vous fournir des réponses appropriées.
Les deux cas où ça fonctionne plutôt bien sont les questions qui se répondent par oui ou par non, ou les questions qui contiennent un « ou ». Si on vous envoie un message du type « On va au ciné ou au restau ? », vous devriez pouvoir choisir entre « au ciné », et « au restau ». C'est un peu plus hasardeux en pratique mais on apprécie la présence d'alternatives à la dictée vocale.
La dernière interaction possible, c'est l'envoi d'emojis animés, et on se demande bien qui a pu imaginer cette fonctionnalité issue d'un méchant flashback du début des années 2000.
En revanche, si l'on peut supprimer ou ajouter un drapeau à un mail, il est impossible d'y répondre : Apple a tout simplement jugé qu'un email nécessitait forcément une réponse longue, et donc trop complexe à dicter. C'est certes souvent le cas, mais pas tout le temps - Android Wear, lui, ne fait pas la distinction.
Reste le cas des communications issues d'applications tierces, et là, ça dépendra de la réactivité des développeurs à proposer une mise à jour compatible Apple Watch de leur app. A l'heure où nous écrivons ces lignes, c'est le cas pour Twitter ou Instagram par exemple, mais pas pour Facebook et Facebook Messenger. Vous pouvez recevoir une notification de message, mais pour y répondre, il faudra sortir votre téléphone.
Il n'est d'ailleurs pas évident de savoir comment passer de la Watch à l'iPhone, et la réponse tient en un mot : Handoff. A la sortie de OS X Yosemite, on ne comprenait pas trop l'intérêt de passer rapidement de la version iOS à OS X d'une app en un clic et inversement. Sur l'Apple Watch, ça prend son sens : Handoff est le pont qui permet de passer de la montre au téléphone, ou au Mac, même, pour les apps compatibles (Plans, Calendrier...)
Fitness : veuillez vous lever de votre fauteuil !
Apple a beaucoup insisté sur la dimension fitness de sa montre. Ça n'est pas pour rien que le modèle le plus abordable est l'Apple Watch Sport. Outre les spécifications techniques, qui intègrent un capteur de rythme cardiaque, Apple propose sa suite d'applications Fitness, sachant que toutes les données de l'Apple Watch s'intègrent avec l'app Santé de iOS 8, et que certaines solutions tierces comme Runtastic la prennent déjà en charge.Mais si vous voulez simplement faire un peu d'exercice sans passer par des applications tierces, la Watch intègre deux applis, Activité et Exercice. Activité permet de suivre trois niveaux... d'activité : se lever (pour ceux qui auraient tendance à trop squatter leur canapé), bouger (marche en général) et s'entraîner (marche rapide et exercice). Au premier lancement, l'app vous demande des informations sur votre poids, âge etc... (que vous avez peut-être déjà renseignées dans Santé), et vous invite à vous fixer un objectif selon votre niveau d'activité.
L'app Exercice sert à faire bouger le 3e curseur, S'entrainer, qui s'enrichit également de données lorsque vous marchez de manière un peu intensive. Ici, vous pourrez vous fixer un objectif de session de course, marche, stepping, vélo ou encore rameur, en minutes ou en calories à brûler.
Des fonctionnalités somme toute assez basiques, qui ont le mérite d'être présentes sans avoir à installer d'app tierce, et de se fixer facilement des objectifs, que l'Apple Watch récompense par des trophées.
Quid de la pertinence des mesures, et de l'exercice sans téléphone à transporter avec soi ? On aura l'occasion de revenir plus longuement sur ces fonctionnalités de fitness - les premiers tests parus notamment aux Etats-Unis indiquent que la Watch peut être un substitut relativement fiable à une solution dédiée.
Siri, ramène moi à la maison !
Autre usage intéressant, car forcément plus pratique que d'avoir le nez collé à son smartphone : la navigation piétonne. Ici, rien de bien nouveau : l'Apple Watch fait office d'écran déporté pour l'application Plans. On peut effectuer une recherche via la dictée vocale, et il suffit alors de suivre les indications. Classique, et déjà faisable sur d'autres montres connectées.La qualité de l'implémentation, en revanche, est assez appréciable : l'interface permet de garder un œil sur la carte, dans laquelle on peut zoomer en utilisant la couronne digitale, et les changements de direction sont signalées par des retours haptiques, là encore, appréciables par leur discrétion.
Multimédia : iTunes et Apple TV au poignet
Bien que l'Apple Watch dispose de 8 Go de stockage interne permettant d'y stocker un peu de musique, on l'utilisera surtout pour contrôler celle de son iPhone. Et on apprécie la présence d'une app proposant non seulement de contrôler la lecture, mais aussi de naviguer dans les titres présents sur le téléphone, par artiste, album ou liste de lecture. Ça fait aussi partie des petites choses qui évitent d'avoir à sortir le smartphone de sa poche.En plus de l'app Musique, n'importe quelle application lancée sur l'iPhone qui intègre de la lecture audio (service de streaming, client podcast...) bénéficie du « coup d'oeil » lecteur multimédia, qui reproduit exactement les fonctions de celui de l'iPhone. Dans le cas d'un client podcast, par exemple, les boutons « suivant » et « précédent » se transforment en contrôles pour avancer ou reculer de 30 secondes. Petit détail amusant : le volume se règle via la couronne !
On trouve enfin une app Remote permettant, comme son équivalent iPhone, de contrôler une Apple TV du bout du doigt. En revanche, il lui manque la navigation dans la bibliothèque musicale via iTunes Match. On va dire que dans ces cas-là on a un iPad sous la main, beaucoup plus pratique pour cet usage.
Apps tierces : encore en chantier
Il aurait été impensable qu'Apple lance l'Apple Watch sans App Store. Et il est possible, pour les développeurs, de proposer des apps pour la montre. A l'heure actuelle, ce ne sont pas de vraies applications, plutôt des extensions d'applis pour iPhone, exécutées depuis celui-ci, avec un accès très limité aux fonctionnalités matérielles et, sur celles que nous avons testées, de gros problèmes de performance.Le lancement des apps est souvent lent, et il va falloir s'habituer à voir très souvent la roue de chargement qui précède leur ouverture. Leur contenu est variable : on a été plutôt séduits par certaines comme Twitter, qui offre un accès simplifié à sa timeline, ou par Shazam dont l'usage coule de source sur une montre. Les applications telles que Le Monde ou News Republic poussent les limites de ce qu'on peut lire sur un si petit écran, alors que d'autres, comme Voyages-SNCF pourraient être intéressantes si elles ne s'affichaient pas en allemand sans raison apparente !
Bref, si les apps WatchKit permettent aux développeurs de se faire la main et d'être visibles sur cette nouvelle catégorie de produits, on attendra vraiment un éventuel SDK plus complet pour espérer des applications tirant pleinement parti du matériel.
Autonomie
L'autonomie de l'Apple Watch est un sujet de discussion depuis... longtemps, avant qu'on ait pu l'évaluer. On s'attendait sans surprise à ce qu'elle ne dépasse pas celle des montres connectées concurrentes, et on avait plus ou moins raison, au premier abord, même s'il y a des nuances à observer.Nous avons pu tester l'autonomie de l'Apple Watch sur trois jours. Le premier jour était assez calme, avec un usage très modéré de la montre, très peu de push mails / réseaux sociaux entrants, et pas de tâche lourde de type fitness. Dans ces conditions, l'Apple Watch, chargée à 9h30, atteignait les 30% restants aux alentours de 23h45, soit près de quinze heures d'utilisation, et assez pour survivre au sommeil de son porteur.
Le deuxième jour, nous avons beaucoup plus sollicité ses fonctionnalités, mais toujours avec peu de notifications entrantes. Nous avons utilisé les apps fitness pendant une heure, et réalisé deux bonnes heures de navigation GPS (qui tourne sur l'iPhone, mais communique tout de même avec la montre). Cette fois-ci, les 30 % étaient atteints vers 20h30.
La dernière journée était au contraire peu active sur les apps, mais chargée en nombreuses notifications mail et réseaux sociaux. La montre avait été chargée à 7h30, et il restait 40 % de la batterie à 18h40.
Que penser de ces chiffres ? Deux conclusions s'imposent : la première, on s'y attendait, c'est qu'il sera prudent de recharger sa montre toutes les nuits. Il nous a semblé que la LG G Watch R, notamment, faisait un peu mieux, et parvenait plus souvent à finir une journée entre 40 et 50 %.
Le second constat, c'est que nous ne sommes pas (encore ?) tombés sur le cas de figure nettement plus gênant de la montre qui rend l'âme avant qu'on ait pu se glisser sous la couette. Et ce cas de figure, on a pu le constater assez fréquemment, par exemple, sur la Moto 360, même après les dernières mises à jour qui améliorent sensiblement l'autonomie.
Notre avis
L'Apple Watch est un produit Apple 1.0, et elle en a toutes les caractéristiques. Son design, même s'il divise, est indéniablement réussi d'un point de vue qualité de fabrication et d'intégration ; son interface réussit à nous séduire par sa fluidité et sa simplicité d'utilisation, avec toujours ce souci du détail qui fait la force des designers (matériel et logiciel) de Cupertino.
Quand elles sont réussies, les applications sont un modèle de simplicité et de convivialité. On apprécie beaucoup les efforts réalisés sur Plans ou les applications de fitness, simples, efficaces et bien intégrées au système. Et surtout, une compréhension déjà bien forgée de l'aspect visuel, de l'objet de mode qu'on porte comme un bijou, un vêtement. Apple arrive avec une large gamme de tailles, de prix, de matériaux pour tous les goûts et tous les sexes - même si le mot, assez intelligemment, n'est jamais prononcé - alors que ses concurrents semblent à peine prendre conscience que l'on peut vendre des montres connectées à un public allant au delà du nerd masculin.
Toutefois, comme tout produit 1.0 qui se respecte, l'Apple Watch souffre de pas mal de défauts, notamment en raison d'un écosystème encore immature. WatchKit ne permet pas aux développeurs de tirer pleinement parti de l'appareil, et ça se sent : la plupart des applications tierces qu'on a pu tester sont bâclées, quand elles ne manquent pas tout simplement à l'appel. Un lancement de l'Apple Watch sans une app Facebook Messenger, alors que Facebook est intégré à iOS, ça fait tache.
Au final, cette première Apple Watch n'est pas encore le produit qui redéfinit la catégorie en rendant obsolète tout ce qui s'est fait auparavant. Nous aurons l'occasion de revenir plus longuement sur son usage - et sur celui de ses concurrentes - dans un dossier plus axé sur ce point, cependant, on ne peut pas dire qu'à un seul moment, nous avons ressenti l'effet wow du premier iPhone ou du premier iPad. Beaucoup de moments intéressants, quelques vraies bonnes surprises, et au global l'impression d'utiliser un compagnon pertinent pour son iPhone... Mais aussi encore pas mal de frustrations.
Avez-vous besoin d'une Apple Watch ? Peut-être pas, mais peut-être qu'elle vous simplifiera aussi certaines tâches, ou qu'elle vous redonnera l'envie de courir. Les montres connectées, en général, se révèlent à l'usage. Vaut-il mieux attendre la version 2 ? Rappelez vous de votre iPhone Edge, de votre iPad 1. Est-ce que vous avez maudit Apple à la sortie de l'iPhone 3G ou de l'iPad 2 ? Si oui, attendez ! Sinon, allez-y, mais ne venez pas vous plaindre si votre bracelet n'est plus tout à fait compatible, ou si le processeur ne gère pas telle ou telle fonctionnalité de l'Apple Watch 2. On est clairement en présence d'un produit pour les early adopters curieux qui n'ont pas peur de se délester d'au moins 399 ou 449 euros (selon la taille de votre poignet), ce qui est une somme substantielle.