Électrique, abonnements : Mobilize, la marque d’autopartage de Renault, dévoile sa stratégie (Interview)

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
05 juillet 2021 à 18h05
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Mobilize est la quatrième marque du groupe Renault, et les ambitions du constructeur pour sa nouvelle entité au service de la mobilité durable sont grandes : il s’attend à ce qu’elle constitue un quart de son chiffre d’affaires d’ici 10 ans.

🎙 "À la fin de son cycle de vie, une batterie conserve encore 70% de son énergie !"

Née en tout début d’année, Mobilize s’inscrit dans le futur à court, moyen et long terme de Renault. À la fois service de mobilité, offre liée à l’énergie (électrique) et entité dédiée à la seconde vie des batteries, l’entreprise est portée par trois véhicules :

  • Le premier, Duo, est un petit véhicule biplace réservé à la mobilité partagée (autopartage), donc aux particuliers. Il remplace le Renault Twizy.
  • Le second, Bento, est une extension du premier, avec un petit espace cargo, pouvant convenir à la livraison ou au transport de petits colis, donc aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. Duo et Bento devraient prendre du service en 2023.
  • Le troisième, Hippo, est dérivé du Renault EZ-Flex. Modulaire, il est destiné à la livraison du dernier kilomètre, et est déjà en activité.
Le modèle Duo (© Alexandre Boero pour Clubic)
Le modèle Duo (© Alexandre Boero pour Clubic)

Mobilize, des véhicules qu'on ne peut pas acheter…

Quatrième marque du groupe (avec Renault, Dacia et Alpine), Mobilize veut devenir le service de mobilité par excellence en France. L’idée du constructeur est de rendre l’offre accessible à tous et toutes, avec une location des véhicules en fonction des besoins des utilisateurs. En somme, une offre flexible et financièrement raisonnable.

Et pour en savoir plus, nous avons rencontré, à l’occasion de VivaTech, le directeur stratégie des services de mobilité chez Mobilize, Jean-Christophe Labarre. Dans une seconde partie, publiée dans les prochains jours, vous découvrirez comment Mobilize entend donner une seconde vie à des batteries supposées inutilisables.

Jean-Christophe Labarre, Mobilize ( © Alexandre Boero pour Clubic)
Jean-Christophe Labarre, Mobilize ( © Alexandre Boero pour Clubic)

L'interview de Jean-Christophe Labarre, de Mobilize

Clubic : Comment présenteriez-vous Mobilize, à quelqu'un qui découvre cette nouvelle marque ?

Jean-Christophe Labarre : Mobilize est une boîte de services qui comporte des ingrédients différents, comme des véhicules, qui sont typiquement ajustés et dessinés pour répondre à des besoins de services. Par services, on entend les taxis, VTC, l'autopartage ou le covoiturage. Le véhicule Duo, par exemple, n'est pas à vendre. On vend l'usage à des opérateurs. C'est un véhicule dédié à l'autopartage, à l'abonnement.

Le véhicule Hippo, lui, est davantage dédié à la livraison du dernier kilomètre. Ce que ces sujets-là ont en commun, c'est la co-construction, qui est quelque chose qui est spécifiquement dessiné pour répondre à des besoins, à des problématiques ; et le fait qu'on rencontre et qu'on discute avec les particuliers, des entreprises et les territoires.

« On veut participer à tout ce qui permet de décongestionner, de rendre fluide les différentes manières de se déplacer dans une ville »

Quant à Bento, c'est simple. Vous prenez la Duo, vous rajoutez un caisson derrière, et vous avez la partie Bento. Ce que l'on veut faire, c'est participer à tout ce qui permet de décongestionner, de rendre fluide les différents déplacements dans une ville. On veut aussi le faire avec d'autres partenaires. Une coalition a été lancée et officialisée à la fin du mois d'avril, « Mobilité360 ». Elle regroupe quatre leaders de la mobilité, BlaBlaCar, Uber, RATP et Mobilize, qui partagent la même vision de la mobilité urbaine. Il était question de savoir ce que l'on peut faire ensemble pour faciliter l'accès à la mobilité au plus grand nombre, pour la rendre plus verte et plus simple.

On veut être capable, avec nos partenaires, de proposer à quiconque souhaite se déplacer des offres adaptées aux différentes façons de consommer la mobilité (10 000 pas par jour ? Trottinette ? Vélo ? Métro etc.). On peut évoquer une disponibilité de 3 minutes, 3 heures, 3 mois ou 3 ans, etc. On veut donner aux consommateurs les clés de leur propre mobilité, le tout en menant un bon dialogue avec les autorités publiques.

Mobilize était encore au début de l'année une petite start-up. Est-elle destinée à devenir l'un des 4 maillons de la chaîne Renault ?

Oui, on souhaite devenir le quatrième moteur du groupe Renault, totalement dédié au service. Dans Mobilize, on a la partie mobilité pour les gens et pour les biens, on a la partie énergie (infrastructures, deuxième vie des batteries etc.), mais aussi Mobilize Ventures, qui est un fonds d'investissement totalement dédié aux besoins intérieurs de la marque.

Il y a également RCI Bank and Services, avec laquelle on travaille et qui fait partie de cette histoire-là. Ce partenaire va nous permettre, derrière, de bosser l'accessibilité des solutions. Nous avons aussi une fonction ingénierie dédiée, avec des personnes dédiées à développer des objets spécifiques, répondant à des attentes des services de mobilité.

Mobilize veut aller chercher 20 à 30 % du chiffre d'affaires du groupe Renault dans les 10 ans, ce qui montre l'ambition qui est la nôtre là-dessus. Le fait de prendre des risques, de mettre dans la rue peut-être différents concepts et idées peut nous amener à nous planter sur certains. Mais ce qui compte, c'est notre capacité à corriger le tir, derrière, et à faire en sorte qu'on arrive à faire des choses qui répondent à des besoins.

« Mobilize veut aller chercher 20 à 30% du chiffre d'affaires du groupe Renault dans les 10 ans »

Ce qui symbolise le modèle de Mobilize, c'est l'aspect locatif, la location des véhicules. Comment tout cela va se matérialiser, que ce soit pour le grand public ou pour les entreprises, les villes ou les territoires, c'est-à-dire tous ceux qui ont les clés de la mobilité ?

On propose de l'usage. Cela veut dire qu'à moment donné, la Duo pourra être gérée par un opérateur d'autopartage. Mais vous pourrez aussi la consommer, elle ou sa version cargo, la Bento. Si vous avez un besoin pour, admettons, 1 heure, 1 jour, 1 semaine, 2 semaines etc., cette flexibilité sera possible, c'est ce sur quoi on travaille. On veut être capable d'adresser le besoin du client, peu importe la durée de ce besoin. Tout ce qui concerne la seconde vie de la batterie ou le recyclage, c'est hyper important, puisque nous voulons participer à une ville plus verte et plus fluide. Que ce soit 1 heure ou 1 mois, vous en aurez la capacité.

Il y aura donc la possibilité de louer un véhicule pendant X heure ou X jour. Donc il y aura aussi la possibilité de prendre un abonnement mensuel, annuel, sans engagement et ainsi de suite ?

Quand on dit « 3 minutes, 3 heures, 3 semaines, 3 mois et ainsi de suite », derrière, ça vous montre qu'on sait adapter l'offre en fonction du besoin du client. La manière dont on consomme chez soi des séries avec Disney+, Netflix et autres, fonctionne de la même façon. Si votre besoin n'est que d'un mois, vous pourrez le faire, et ensuite, vous rendrez les clés de votre mobilité, sans aucune contrainte. Le mot, c'est la flexibilité.

« Si vous en avez un besoin pour, admettons, 1 heure, 1 jour, 1 semaine, 2 semaines etc., cette flexibilisation, c'est ce sur quoi on travaille »

Donc, pour être tout à fait clair, on pourra décider de la durée de son abonnement ?

Liberté, flexibilité totale. Vous consommerez le temps souhaité, et on pourra se désengager à tout moment.

Il y aura-t-il des formules également en fonction du type du véhicule ?

La manière de consommer est différente en fonction de l'usage. Avec l'Hippo, on est sur de la livraison du dernier kilomètre, du BtoB. Pour ce véhicule, on travaille avec des acteurs comme La Poste, Amazon ou d'autres acteurs du marché. On peut avoir ce type de véhicule et le service associé (qui permet d'optimiser les coûts d'opération des acteurs). Quand on travaille sur la version cargo de la Duo, Bento, on essaie de faire en sorte de pouvoir répondre à des attentes d'entreprises. La Bento pourrait être utilisée par un particulier qui a un besoin, très court ou dans le temps, sur un week-end par exemple, parce qu'on a un mètre cube de charge qui peut être utile.

Le modèle Hippo (© Alexandre Boero pour Clubic)
Le modèle Hippo (© Alexandre Boero pour Clubic)

Combien de véhicules vont composer la flotte de Mobilize, dans les semaines et mois à venir, en région parisienne et ailleurs en France ?

Certains modèles sont déjà utilisés par La Poste, parce que nous sommes sur des prototypes et que nous sommes dans la co-construction. La Duo, elle, sera commercialisée à partir de 2023. Même chose pour la Bento.

Est-ce que d'autres véhicules sont en cours d'élaboration ?

Oui, et cela répondra à des usages et services de mobilité. On y travaille (Un quatrième véhicule non-confirmé, Limo, pourrait être proposé avec chauffeur, ndlr.).

Pour le moment, les véhicules Mobilize s'adressent donc aux citadins, aux grandes villes ?

Le trait commun à ce que nous faisons, c'est comment on peut rendre la ville plus fluide, comment on articule les offres publiques et privées, car aujourd'hui, tout est assez fragmenté et compliqué. Nous avons une conviction, depuis longtemps, sur l'électrification. On se place d'un point de vue consommateur, en établissant un dialogue avec les autorités publiques, en se disant qu'on a besoin de raisonner au-delà de l'objet véhicule.

A-t-on une idée des tarifs qui seront pratiqués ?

On veut qu'ils soient accessibles, qu'ils ouvrent l'accès au plus grand nombre et qu'on puisse démocratiser les usages.

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