Critique Kaiju n°8 : un manga colossal

Lise Famelart
Publié le 11 décembre 2021 à 15h15
Kaiju n°8

En octobre dernier Kazé créait l’engouement en publiant le premier tome de Kaiju n°8, manga très prometteur reprenant un concept japonais bien connu, celui de kaijus. Le second tome est sorti cette semaine, confirmant la qualité évidente de la série, promise à un brillant avenir.

9 /10
Kaiju n°8
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Les plus
  • Vous voulez voir des personnages féminins forts et cohérents
  • Vous avez besoin de rire un bon coup
  • Vous aimez les histoires épiques
Les moins
  • Vous voulez voir de bons méchants
  • …et rien d'autre. On n'a pas mis 9 sur 10 à ce manga pour rien !

Kaiju n°8 (2021)

Naoya Matsumoto

Au Japon, la population a appris à composer avec une menace tenace : les kaijus, ces immenses bestioles destructrices et mangeuses d’humains. Régulièrement, elles apparaissent dans les rues de Tokyo et font régner la désolation ; pour répondre à la menace, la population forme une équipe d’élite, dont la cheffe, Mina Ashiro, est une véritable idole pour tous les Tokyoïtes.

Toutefois nous ne suivons pas cette guerrière mais Kafka, un trentenaire las de la vie, affecté au service de nettoyage. Son rôle, ce n’est pas de combattre les kaijus mais de dégager les rues de leurs cadavres répugnants.

Kafka a souvent tenté de rejoindre la brigade de combat, mais il s’est toujours révélé trop mauvais… Jusqu'à ce que Ichikawa, un petit nouveau, l'aide à se secouer et à retenter les épreuves de sélection. Cette fois, c'est un obstacle de taille qui va barrer le chemin de notre héros : après un étrange événement, Kafka se transforme en kaiju, de manière imprévisible et incontrôlée !

Fiche technique Kaiju n°8

« Un kaiju de petit gabarit est apparu en ville ! »

C’est le début du cauchemar pour Kafka, qui ne contrôle plus son corps : dès qu’il s’énerve ou doit utiliser sa force, il se transforme en une sorte de monstre humanoïde terrifiant. C'est ainsi que débute le premier tome de Kaiju n°8.

L’un des talents de l’auteur Naoya Matsumoto, c’est de réussir à nous faire ressentir très vite de l’attachement pour ses personnages et notamment pour Kafka. Médiocre, découragé, c’est un anti-héros par excellence, et on a envie de le voir se dépasser et atteindre ses rêves, malgré l’étrange malédiction qui s’abat sur lui, rempart de plus avant la brigade de défense.

Au fil des chapitres, nous suivons donc sa progression dans les épreuves de sélection, et son combat contre sa propre malédiction. Vu les thématiques, on pourrait croire que l’œuvre est violente ; elle est au contraire très accessible et préfère l’action et l’humour au gore. Tout en installant de vrais enjeux, l’auteur parvient ainsi à rester tout public, en tout cas pour l’instant.

« Le Japon, pays des Kaiju »

Au Japon, les premiers films de kaijus ont fait leur apparition dans les années 50, notamment avec la figure bien connue de Godzilla. Quelques années après les attaques à la bombe atomique de Hiroshima et Nagasaki, ces monstres servaient à matérialiser une menace implacable et destructrice, face à laquelle les humains étaient impuissants. Par extension, les kaijus représentent d’autres dangers auxquelles les japonais font face encore aujourd’hui : les catastrophes naturelles. De fait, rappelons que, depuis toujours, l’archipel est en proie aux séismes et aux tsunamis, tant que les infrastructures sont pensées spécifiquement pour résister aux tremblements de terre.

Dans Kaiju n°8, le constat est évident. Les gros monstres sont toujours suivis de plus petits, qui font eux aussi pas mal de dégâts, métaphores des répliques de séismes. L’auteur se sert donc d’éléments fantastiques pour aborder des thématiques bien réelles : la population a appris à vivre avec ces menaces et connaît tous les gestes à adopter pour se mettre à l’abri dès qu’elles surviennent, et c'est peut-être ce qui participe à rendre les personnages de l’œuvre aussi attachants.

« Je m’engage à me tenir en première ligne et à être à la fois votre lance et votre bouclier ! »

La plus puissante de ces combattants et combattantes, c’est Mina. Amie d’enfance de Kafka, plus jeune que lui de quelques années, elle a réussi là où il a échoué. Non seulement elle a rejoint la brigade de défense, mais elle en est devenue la figure la plus connue et la plus admirée. D'ailleurs, Kaiju n°8 brille par ses personnages féminins, forts, dotés d'une vraie profondeur de caractère, et qui ne sont pas plus sexualisés que leurs homologues masculins.

Mina, par exemple, est un role-model pour tous les aspirants combattants, y compris les grands types baraqués. Parmi les aspirantes il y a aussi Kikoru Shinomiya, jeune femme prometteuse et hyper balaise qui devance de loin tous les autres élèves. L'œuvre nourrit ainsi l’impression que tout le monde a sa chance, et c’est une belle initiative, qui permet aussi de s’adresser à un lectorat varié.

« Faites juste en sorte que mon pote s’en sorte ! »

Un autre aspect touchant de Kaiju n°8, c’est la franche camaraderie des personnages. Au début de l’histoire, Kafka est déprimé, et c’est l’arrivée d’Ichikawa qui va lui donner le coup de pied aux fesses qu’il lui fallait pour tenter à nouveau de rejoindre les forces de combat. Si le petit nouveau est d’abord méprisant, une véritable amitié se développe entre les personnages, qui vont se pousser mutuellement vers les haut. Le duo se montre tour à tour être drôle et touchant, apportant une bonne dose de fun à la série.

Ce côté attendrissant s'étend d'ailleurs à d'autres protagonistes, à première vu déplaisants, mais qui acquièrent toute leur humanité en quelques pages. La gamine prétentieuse qui veut surtout impressionner son père, le grand type musclé qui ne demande qu’à faire ses preuves… On s’attache à beaucoup de personnages et on ne leur veut que du bien. Tout cela rend évidemment les scènes de combat encore plus prenantes : en tant que lecteurs, on ne veut pas voir souffrir un membre de cette belle équipe.

« Pas de chichi ! Enfonce-toi ça dans les naseaux je te dis ! »

Enfin, Kaiju n°8 c’est aussi beaucoup d’humour. On vous met au défi de ne pas rire en suivant les bêtises de Kafka et Ichikawa, et les transformations aussi hasardeuses que grotesques du personnage principal. L’auteur jongle entre tension et comique pour proposer une série au ton très juste, ni trop dure, ni dénuée d’enjeux. Le second tome est disponible depuis le 8 décembre, édité chez Kazé ; le troisième arrivera le 2 février.

Conclusion
Note générale
9 / 10

Lors de la sortie de Kaiju n°8, l'œuvre a bénéficié d'une campagne de publicité massive… Et elle le méritait bien ! L'histoire est à la fois drôle et épique, le ton est juste et les personnages sont hyper attachants. Jackpot !

Les plus
  • Vous voulez voir des personnages féminins forts et cohérents
  • Vous avez besoin de rire un bon coup
  • Vous aimez les histoires épiques
Les moins
  • Vous voulez voir de bons méchants
  • …et rien d'autre. On n'a pas mis 9 sur 10 à ce manga pour rien !

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Par Lise Famelart

Experte et passionnée de bande dessinée, Lise est également à l'aise dans la high tech comme un cookie sur le web... ou un poisson dans l'eau (comme disent les anciens).

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Commentaires (3)
pecore

Je vais jeter un coup d’œil, merci.

SlashDot2k19

Coïncidence, j’en ai entendu parler tout à l’heure chez mon libraire qui conseillait quelqu’un.

Proutie66

« Vous voulez voir des personnages féminins forts et cohérents »

C’ est un plus ça?
Je veux une histoire bien.