Google préparerait un moteur de recherche adapté à la censure chinoise

01 août 2018 à 15h33
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muraille de chine

Banni du pays depuis des années, il semblerait pourtant que Google songe à adapter son moteur de recherche afin de céder à la censure en vigueur en Chine.

En janvier 2017, la République populaire de Chine renforçait encore un peu plus sa grande muraille numérique en ciblant les VPN, des services qui permettent aux internautes de contourner la censure initiale. Régulièrement pris pour la cible, ce système bénéficiait pourtant d'une tolérance qui ne semble plus être de rigueur depuis un an et demi. Outre ce point, le gigantesque pare-feu du pays ne laisse pas non plus l'accès à de nombreuses plateformes américaines depuis des années, si bien que Facebook, Instagram et Google n'y ont pas leur place. Si Zuckerberg a fait l'effort d'apprendre le mandarin et de porter une cravate pour espérer séduire les autorités, Google n'est pas en reste. Régulièrement, la multinationale tente de se faire une place dans un pays aux mains de Baidu, WeChat et Weibo. Il semblerait qu'elle y travaille d'ailleurs actuellement puisque The Intercept révèle que Google plancherait sur un moteur de recherche capable de s'adapter à la censure en vigueur.

Selon un article daté de ce 1er août, le moteur de recherche voudrait retourner dans le pays qu'il a quitté depuis l'année 2010. Baptisé Dragonfly, le projet aurait été présenté aux autorités et pourrait bien être lancé dans six à neuf mois s'il venait à être approuvé. Si un tel moteur de recherche venait à être déployé, cela marquerait un changement radical dans la politique de Google à l'égard de la Chine.

google flickr

Google se plie aux exigences chinoises ?

Comme le précise le média américain, tous les sites web bloqués par la grande muraille numérique seront automatiquement identifiés et filtrés par l'outil américain. Une mention expliquant que « certains résultats peuvent avoir été supprimés en raison d'exigences légales » pourrait accompagner les résultats de recherche. Certaines expressions et certains mots-clefs censurés pourraient n'afficher aucun résultat de recherche. De fait, les informations portant sur la liberté d'expression, l'opposition politique, la sexualité et certaines actualités ne sont pas autorisées. Le gouvernement interdit par exemple les références au massacre de la place Tiananmen en 1989 ou aux ouvrages tels que 1984, de George Orwell. Le New York Times et le Wall Street Journal sont aussi interdits dans le pays.

Actuellement, seule une centaine d'employés de Google connaîtraient l'existence de projet, si l'on en croit la source proche du dossier citée par The Intercept. Pour exploiter son nouvel outil, il se pourrait que la firme exploite une entreprise commune, ou joint-venture, avec une société partenaire qui n'a pas été identifiée. L'on sait que cette dernière sera probablement basée en Chine. Néanmoins, le projet est vraisemblablement piloté depuis les bureaux américains de Mountain View (Californie) aux USA.

Si Google venait à remettre un pied en Chine, il pourrait profiter d'une population de 1,37 milliard d'habitants, dont 50 % d'utilisateurs actifs sur Internet. Un potentiel énorme pour une entreprise qui tire ses principaux revenus de la publicité en ligne.

Au sujet du projet Dragonfly, un porte-parole de Google a indiqué : « Nous fournissons un certain nombre d'applications mobiles en Chine, telles que Google Translate et Files Go, nous aidons les développeurs chinois et avons réalisé d'importants investissements dans des entreprises chinoises telles que JD.com... Mais nous ne commentons pas les spéculations sur les projets futurs ».

Pour rappel, le dernier rapport de l'organisation à but non lucratif Freedom House a attribué la note de 87 sur 100 à la Chine en termes de liberté sur Internet, 100 étant le moins libre et 0 le plus libre. À ce jour, le pays est donc le moins libre du moins lorsqu'il s'agit de liberté en ligne, devant la Syrie et Éthiopie, qui obtiennent toutes deux un score de 86. Par comparaison, le score de la France est de 26.

Louise Millon

Rédactrice web. Intéressée par les réseaux sociaux et la question des données personnelles. J'aime écrire et surfer.

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