Le nouveau PDG de Mozilla Anthony Enzor-DeMeo a été clair : il veut faire de Firefox un navigateur centré sur l'intelligence artificielle. Une annonce qui provoque la réaction ferme d'Alex Kontos, le créateur de Waterfox, lequel refuse catégoriquement cette direction pour son fork de Firefox.

Sur le blog de Waterfox, Alex Kontos hausse le ton. Pour lui, un navigateur doit rester ce qu'on appelle un agent utilisateur, c'est-à-dire un outil qui agit pour vous sur le Web. Introduire une couche d'IA entre l'utilisateur et le navigateur transforme cette logique : l'algorithme devient l'agent, celui qui interprète vos actions et décide à votre place. Mozilla assure que l'IA restera optionnelle dans Firefox, mais Kontos rétorque que le vrai problème n'est pas de pouvoir désactiver ces fonctions, mais de comprendre ce qu'elles font réellement quand elles tournent.
Des boîtes noires impossibles à auditer
Le développeur fait une distinction nette entre les algorithmes classiques et les LLM. Il dissocie alors les outils comme Bergamot, le système de traduction locale de Mozilla, des grands modèles de langage (LLM). Bergamot fonctionne en local, son comportement peut être audité et son périmètre d'action est clairement défini : traduire du texte, point final. A contrario, il compare les LLM à des boîtes noires. Impossible de vérifier ce qu'ils font avec vos données, impossible d'analyser leur logique interne. Et donc impossible de garantir qu'ils respectent votre vie privée.
Firefox a essuyé plusieurs critiques avec ses tentatives d'intégration de l'IA dans son navigateur. Cet été, les utilisateurs se sont plaint de l'IA locale servant à la gestion des onglets, et faisant exploser l'utilisation des ressources matérielles. Le mois dernier, l'introduction d'une fenêtre IA a également été très mal perçue par la communauté des utilisateurs.
Les éditeurs de forks de Firefox n'apprécient pas trop la direction que souhaite prendre Mozilla. L'équipe de Tor a d'ailleurs tranché net en supprimant toutes les fonctions d'IA héritées de Firefox. Une décision radicale qui pourrait séduire les déçus de Mozilla. Waterfox entend donc suivre le mouvement.
Alex Kontos affirme ainsi :
"Mozilla parle de confiance, de transparence et du rôle central de l’utilisateur, tout en adoptant en parallèle une technologie qui fragilise ces trois principes. Ils promettent que l’IA restera optionnelle, mais cette promesse revient à reconnaître qu’ils intègrent l’IA si profondément dans Firefox qu’un mécanisme de désactivation devient nécessaire dès le départ. Leur force a toujours été leur communauté technique : développeurs, utilisateurs avancés, défenseurs de la vie privée. Ce sont eux qui savent ce que doit être un navigateur et à quoi il sert. Pourtant, ils semblent convaincus qu’ils doivent désormais courir après l’utilisateur moyen, ce grand public déjà largement acquis à Chrome."
