Décidément, entre Firefox et l'intelligence artificielle, l'histoire ressemble de plus en plus à une comédie de boulevard. Mozilla vient de présenter sa dernière trouvaille, une « fenêtre IA », mais le public, déjà lassé des épisodes précédents, semble prêt à jeter des tomates avant même le début du spectacle.​

Firefox et l'IA : « Je t'aime, moi non plus ». © Mozilla
Firefox et l'IA : « Je t'aime, moi non plus ». © Mozilla

Le décor est planté : dans une course effrénée pour ne pas se laisser distancer par ses rivaux Google Chrome et Microsoft Edge ainsi que les nouveaux arrivant comme ChatGPT Atlas, Firefox dégaine une nouvelle fonctionnalité censée nous faire entrer dans une ère de navigation assistée. L'idée est d'offrir une interface dédiée pour converser avec des intelligences artificielles, tout en promettant, la main sur le cœur, un contrôle total à l'utilisateur. Une belle promesse qui peine à masquer une série de faux pas ayant sérieusement entamé la confiance de sa communauté.​

La nouveauté que personne n'attendait

Sur le papier, l'intention de Mozilla est louable. Cette fenêtre IA permettrait de choisir son modèle de langage préféré, un peu comme on choisit son moteur de recherche. Une approche ouverte, loin des écosystèmes fermés de la concurrence. Mais à peine l'annonce faite, la grogne est montée sur les forums de la fondation. Les utilisateurs, loin d'être conquis, réclament moins de gadgets et plus de simplicité, avec en tête de liste un simple bouton pour désactiver toute forme d'intelligence artificielle.

Mozilla Firefox
  • 100 % développé en interne
  • Fiable, efficace et stable
  • Fonctionnalités d'optimisation de l'interface et de l'expérience utilisateur
8.7 / 10

Ce n'est pas une simple lubie. C'est le résultat d'une accumulation de déceptions. On se souvient encore des groupes d'onglets « intelligents » qui, il y a quelques mois, transformaient les ordinateurs portables en radiateurs d'appoint, leurs ventilateurs s'emballant à cause d'un processus trop gourmand en ressources. Un air de déjà-vu pour les utilisateurs échaudés par les précédents ratés de l'IA locale du navigateur, qui avait déjà fait exploser la consommation des ressources.

Une quête d'identité en eaux troubles

Le navigateur, autrefois parangon de la protection de la vie privée et de l'ouverture, semble aujourd'hui naviguer à vue. D'un côté, il défend bec et ongles l'idée d'une IA fonctionnant localement pour protéger nos données. Une philosophie noble, mais qui se heurte à la dure réalité : faire tourner des modèles performants sur une machine modeste relève de la mission impossible sans sacrifier les performances.

De l'autre, pour ne pas paraître dépassé, il intègre des services tiers comme Microsoft Copilot, au grand dam de ses fidèles qui y voient une trahison de ses valeurs fondatrices. Pendant ce temps, le navigateur Tor, basé sur Firefox, a fait le choix radical de supprimer toute trace d'IA, un geste fort qui séduit les déçus de Mozilla.

Alors que Mozilla s'empêtre dans ses expérimentations, la question se pose : cette fenêtre IA est-elle une véritable avancée ou simplement le dernier symptôme d'un navigateur en pleine crise de la quarantaine, tiraillé entre ses principes et son désir de rester dans la course ?

Source : Engadget