Live Japon: d'Ebola au cancer, les électroniciens se font médecins

31 août 2014 à 07h40
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Population japonaise = 127 millions d'âmes, dont un quart de plus de 65 ans parmi lesquels 55.000 centenaires... et des dépenses de santé colossales. Dans un tel contexte démographique, on comprend que les entreprises de tous les secteurs s'interrogent sur leurs activités souvent durement concurrencées et aient du coup tendance à regarder avec intérêt du côté du marché médical.
On ne s'étonnera pas dès lors que, de Fujifilm à Sony en passant par Toshiba, Hitachi, Panasonic ou Sharp, de très nombreuses firmes de hautes-technologies cherchent à mettre leurs technologies au service de la santé.

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Et c'est ainsi que l'on apprit cette semaine de la bouche-même du porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, que le pays "était disposé à fournir un médicament pour la grippe qui pourrait constituer un remède contre le virus Ebola". La molécule en question, le favipiravir (ou "T-705"), ne vient pas d'un des grands laboratoires nippons que sont Takeda, Astellas ou Daiichi-Sankyo, mais de Toyama Chemical qui n'est autre qu'une filiale du spécialiste des techniques de l'image Fujifilm Holdings. Tout juste homologué au Japon, ce remède y est commercialisé sous le nom Avigan et est présenté comme potentiellement efficace contre la fièvre Ebola.

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Connu pour ses appareils photo numériques et instantanés, ses cabines de photographies d'identité ou ses bornes d'impression de clichés, Fujifilm est évolue peu à peu en une société de systèmes médicaux et de soins, une activité dont le complément logique est un ensemble de médicaments. "Nous sommes en train d'élargir notre activité médicale pour en faire un pilier qui couvre tout, de la prévention au diagnostic et au traitement", explique Shigetaka Komori, PDG de Fujifilm, dans la présentation de sa stratégie. "Aux équipements et films de radiographie, endoscopes, appareils de mammographie que nous avions déjà dans notre portefeuille, s'ajoutent désormais plusieurs médicaments, des compléments alimentaires ou cosmétiques", précise-t-il.

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C'est par exemple en s'appuyant sur ses importantes connaissances chimiques, notamment du collagène, que Fujifilm a développé une ligne de produits antiâge Astalift qui n'ont, sur l'étiquette du moins, rien à envier à ceux de L'Oréal et que l'on retrouve côte à côte dans les rayons beauté des grands magasins japonais.
Fujifilm est loin d'être le seul à lorgner sur le marché de la médecine. Le directeur général de Sony, Kazuo Hirai, a lui aussi décidé de "faire de la médecine un nouveau relais de développement du groupe", dont les activités centrales grand public sont malmenées par une concurrence agressive. L'approche est un peu moins vaste que celle de Fujifilm mais néanmoins significative: car Sony ne vient pas pour proposer sous sa marque des produits que d'autres ont déjà mis sur le marché, mais pour se distinguer réellement par des innvations:

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Le fleuron nippon des télévisions a ainsi conçu un instrument d'analyse cellulaire potentiellement utile dans les travaux sur le cancer et autres maladies affectant les cellules, ainsi que pour les recherches portant sur les cellules souches embryonnaires. L'appareil d'analyse optique emploie notamment les technologies laser mises au point pour les lecteurs Blu-ray. Associé à une puce support de cellules nouvellement créée, cet instrument unique est censé améliorer considérablement le temps d'analyse, selon Sony.

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Concrètement, l'appareil permet de "rapidement compter les cellules d'un prélèvement, de mesurer leurs dimensions, de les différencier par catégories, d'en préciser la surface et la constitution interne, le tout en faisant défiler lesdites cellules à grande vitesse sous un faisceau laser", explique l'entreprise. C'est la lumière réémise au contact des cellules qui permet de les caractériser.
Sony, qui est aussi le premier actionnaire du numéro un mondial des endoscopes Olympus, propose aussi au corps médical des techniques de capture et analyse d'images, au départ conçues pour ses caméras, appareils photo, téléviseurs et ordinateurs. Il a par exemple développé pour l'imagerie médicale des grands écrans organiques électroluminescents (OLED) alors qu'il n'en vend pas au grand public.

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Son "éternel rival", Panasonic, s'oriente quant à lui de plus en plus vers la clientèle professionnelle pour sortir de la course infernale entre Asiatiques sur le marché ultra-concurrentiel des particuliers. Panasonic a déjà une belle panoplie d'équipements pour le secteur de la santé. On n'en retiendra que deux: ses robots Hospi et son lit transformable.
Les "Hospi" (qu'a fidèlement caricaturés ci-dessus J.P. Nishi) sont des automates spécialement conçus pour travailler dans des hôpitaux, d'où leur nom. Ils oeuvrent seuls dans ces établissements de soins, à commencer par l'hôpital Matsushita (du nom du fondateur du groupe). Leur principal rôle est d'y transporter des médicaments d'un lieu à l'autre.
Panasonic est aussi très fier de son lit télécommandé qui peut se diviser en deux parties dont l'une se replie à la façon d'un fauteuil roulant, large et à haut dossier. Un système entièrement automatisé permet de le séparer de la structure encombrante du lit pour en faire un véritable siège roulant électrique. "Les invalides alités ont en général besoin de personnel de soin pour passer du lit au fauteuil, avec un risque de chute. Elles souhaitent cependant être plus libres de leurs mouvements", rappelle Panasonic.

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Ce lit presque robotisé est aussi muni d'un téléviseur sur rail coulissant qui se positionne idéalement en fonction de l'inclinaison variable du lit. Cela permet à la personne allongée de regarder l'écran sans effort ni déplacement dangereux. Le fauteuil roulant sait de plus détecter et contourner les obstacles sur son chemin.
Toshiba aussi a son hôpital, au coeur de Tokyo, un lieu que l'autehttps://usine.m6web.fr/editorial/publierV3/edit.php?refidarticle=723859&popup=&forceGroup=&refresh=1ur de ces lignes connaît très bien pour s'y être rendue à maintes reprises, où presque tout le matériel est de conception-maison: cela va du système informatique de suivi de dossier médical, très bien pensé, aux appareils d'examen (CT scan, mammographes, etc.) en passant évidemment par les ordinateurs, téléviseurs, ou encore les bornes de paiement. 
Le 1er juillet dernier, le conglomérat a créé une nouvelle société "santé et soin", la Healthcare Company, qui regroupe toutes ses divisions auparavant dispersées d'imagerie radiographique, de systèmes d'analyse génétique et de divers appareillages de diagnostic.

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De plus, Toshiba est partie prenante à la conception d'un test sanguin qui doit permettre de détecter en une fois 13 cancers humains. Ce projet quinquennal, conduit par le Centre national du cancer et annoncé il y a quelques jours seulement, implique également le spécialiste japonais des matériaux composites et tissus techniques Toray Industries.
Hitachi, dont la structure d'activités est très proche de celle de Toshiba, conçoit lui aussi de très nombreux équipements médicaux et hospitaliers.

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On pourrait aussi citer le groupe Sharp qui vient de faire un pas en direction de la médecine avec un premier prototype de siège de diagnostic médical qui mesure très rapidement les principaux paramètres corporels (tension, température, poul, masse, etc.). C'est le genre d'engin que l'on pourrait retrouver assez rapidement dans les salles d'attente d'hôpitaux ou maternités où il est demandé au patient de prendre lui-même toutes ces mesures avant d'être reçu par le médecin. Avec l'appareil, tout serait très simplement réalisé en une fois, sans avoir à utiliser successivement plusieurs types d'appareils.
A tous ces grands noms il faut aussi ajouter de moins connus mais tout autant avides de profiter de la manne du marché du bien-être et de la santé comme Omron (avec des brosses à dents électroniques, podomètres, tensiomètres, thermomètres, pèses-personne) ou Tanita (gamme similaire de produits.

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Pour l'anecdote sachez que même les secteurs des boissons et du tabac se font de l'argent avec la santé, en soignant les maux dont ils sont peut-être responsables. Le brasseur Kirin développe et vend, à travers sa filiale Kyowa Kirin, des médicaments utilisés dans les traitements oncologiques, de maladies rénales ou des effets de l'hypertension sur divers organes. 
Et Japan Tobacco, le propriétaire des marques de cigarettes Winston, Benson & Hedges et Camel est, via son laboratoire Torii, un pourvoyeur de préparations pharmaceutiques pour les reins et la peau ainsi que d'antirétroviraux utilisés contre le VIH (sida).
Portez-vous bien, à la semaine prochaine.
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