Le siège le plus brûlant de la Silicon Valley est de nouveau vide et cherche son prochain occupant pour un salaire qui donne le vertige. Mais derrière les paillettes du chèque se cache une réalité bien moins glamour faite de pression constante et de responsabilités écrasantes.

Il faut avoir les nerfs solides pour travailler chez le créateur de ChatGPT en ce moment. Alors que l'entreprise continue de dominer le paysage technologique, un poste clé reste désespérément vacant : celui de responsable de la Preparedness, ce département chargé de prédire comment l'intelligence artificielle pourrait un jour dérailler. Sam Altman lui-même ne s'en cache pas et prévient les candidats que la fonction est tout sauf une sinécure. Le futur élu devra plonger immédiatement dans le grand bain, ou plutôt dans la fosse aux lions, pour tenter de dompter une technologie qui évolue parfois plus vite que ses propres créateurs ne le prévoient.
Un demi-million pour jouer aux chaises musicales
L'offre d'emploi a de quoi faire tourner les têtes. OpenAI propose un salaire de base de 555 000 dollars, sans compter les généreuses options d'achat d'actions qui accompagnent généralement ce type de responsabilités . Une somme coquette qui pourrait laisser penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, la stabilité n'est pas vraiment le point fort de ce département. Il suffit de regarder l'historique récent pour comprendre que le fauteuil est peut-être éjectable.

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La valse des directeurs a de quoi donner le tournis. Aleksander Madry, figure respectée du domaine, a été poliment réassigné à des tâches de recherche plus classiques dès juillet 2024, laissant sa place à un duo composé de Joaquin Quinonero Candela et Lilian Weng. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais le scénario s'est répété. Weng a rapidement quitté le navire, et Quinonero Candela a préféré s'éloigner de la gestion des risques pour s'occuper du recrutement. On peut légitimement se demander pourquoi personne ne semble vouloir s'accrocher à ce poste pourtant si prestigieux. Peut-être est-ce parce que la mission consiste à valider ou bloquer des technologies sur lesquelles l'entreprise mise tout son avenir économique.
Quand la sécurité craque sous la pression
Si le poste est si stressant, c'est aussi parce que les enjeux ont largement dépassé la simple théorie. Le futur directeur ne devra pas seulement remplir des tableaux Excel sur des risques hypothétiques, mais affronter des drames bien réels. L'année 2025 a été marquée par des affaires tragiques qui ont terni l'image de l'assistant virtuel. La famille du jeune Adam Raine a ainsi porté l'affaire devant les tribunaux après le suicide de l'adolescent, pointant du doigt les conversations troublantes qu'il entretenait avec le robot conversationnel.
Ces événements ont forcé OpenAI à admettre une réalité dérangeante : une fraction de ses utilisateurs, soit potentiellement des centaines de milliers de personnes, montre des signes de détresse psychologique grave face à l'écran. Le fameux cadre de sécurité, ou Preparedness Framework, censé agir comme un garde-fou, montre ici ses limites. Il tolère par exemple un niveau de risque « moyen » pour le déploiement de nouveaux modèles, une définition qui englobe tout de même la possibilité de causer des dégâts matériels colossaux ou d'entraîner des pertes humaines. Autant dire que la tâche qui attend la nouvelle recrue tient davantage du funambulisme sans filet que de la gestion administrative tranquille. Entre la pression des régulateurs qui demandent des comptes et la nécessité de ne pas brider l'évolution technologique, il faudra un sacré talent diplomatique pour ne pas finir comme les prédécesseurs : vers la sortie.
Source : Engadget