Microsoft agite le chiffon rouge d'un arrêt total de ses projets en intelligence artificielle si la situation dégénère. Un coup de frein spectaculaire, alors que le moteur de la course à l'IA tourne à plein régime et que la firme de Redmond y a déjà investi des milliards.

La petite phrase a fait l'effet d'une onde de choc. Mustafa Suleyman, le responsable de l'IA grand public chez Microsoft, a affirmé sans détour que la firme pourrait tout simplement jeter l'éponge face à une IA devenue incontrôlable. Une déclaration pour le moins surprenante dans un secteur technologique plus habitué aux discours triomphants qu'aux aveux de prudence.
Microsoft, le pompier pyromane de l'IA ?
Voilà une posture qui détonne dans la Silicon Valley. Alors que les concurrents accélèrent pour atteindre la sacro-sainte « intelligence artificielle générale », Microsoft se positionne en élève responsable, prêt à appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence. Mustafa Suleyman insiste : la société ne développera pas un système qui pourrait lui échapper. L'objectif serait de créer une « superintelligence humaniste », dont l'assistant Copilot serait la première incarnation, un outil au service de l'humain, pas son remplaçant.
Cette belle déclaration de principes semble toutefois presque contradictoire. N'oublions pas que Microsoft est aussi l'un des plus grands mécènes de cette technologie, avec des dizaines de milliards de dollars investis dans ses infrastructures et son partenariat stratégique avec OpenAI. Un jeu d'équilibriste fascinant, où l'on pousse l'accélérateur à fond tout en assurant garder la main sur le frein.
Un discours à deux vitesses face à OpenAI ?
Cette nouvelle prudence affichée met en lumière les relations complexes entre Microsoft et son partenaire OpenAI. Pendant que ce dernier rêve ouvertement de créer une intelligence artificielle générale, Microsoft tempère. Satya Nadella, le PDG du géant logiciel, a lui-même qualifié ce concept de légèrement « survendu », préférant se concentrer sur des applications concrètes.
Ce discours à deux voix soulève des questions. S'agit-il d'une véritable ligne rouge éthique ou d'une communication bien huilée pour rassurer le public et les régulateurs ? La firme de Redmond, qui a récemment renégocié son contrat pour pouvoir développer ses propres modèles d'IA en toute autonomie, semble jouer sur tous les tableaux. Alors, Microsoft est-il vraiment prêt à débrancher la prise ? Ou assistons-nous à une habile manœuvre pour se poser en leader responsable, tout en gardant un œil rivé sur la ligne d'arrivée de cette course effrénée ? L'avenir nous le dira.
Source : WCCFTECH