Il a suffit d'un message publié sur LinkedIn par un ingénieur de haut niveau de Microsoft pour provoquer une vague de réactions et une rumeur. Il y était question d’éliminer le C et le C++ d’ici à 2030 grâce à l’IA. Beaucoup ont compris que Windows allait être réécrit.

©Mijansk786 / Shutterstock
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Le 24 décembre 2025, à quelques heures de découper la dinde fourrée aux marrons, Galen Hunt, un ingénieur du haut de l'organigramme de chez Microsoft, publiait un message sur LinkedIn. Le propos était direct et sans équivoque. « Mon objectif est d’éliminer toute ligne de C et de C++ de Microsoft d’ici 2030 », écrivait-il. Il décrivait une stratégie mêlant intelligence artificielle et algorithmes pour réécrire les plus grandes bases de code de l’entreprise.

Un chiffre accompagnait cette déclaration. « 1 ingénieur, 1 mois, 1 million de lignes de code ». Le message renvoyait aussi vers une offre d’emploi pour un poste de Principal Software Engineer, basé à Redmond. Le rôle portait sur le développement d’outils capables de traduire de grands systèmes écrits en C et C++ vers Rust.

Très rapidement, cette publication a circulé bien au-delà de LinkedIn. Et pour une partie des lecteurs, elle ne parlait pas seulement de recherche interne ou de recrutement. Elle évoquait, de manière beaucoup plus large, l’avenir même de Windows.

Pourquoi beaucoup ont compris que Windows allait être réécrit en Rust

La première source de confusion tenait à la formulation elle-même. « Éliminer toute ligne de C et de C++ de Microsoft » pouvait difficilement être lu comme un simple chantier isolé. Windows repose en grande partie sur ces langages, du noyau à de nombreuses briques de l’API. Pour beaucoup, le lien s’est fait immédiatement.

Mais ce qui a également fait mouche, c’est la phrase « 1 ingénieur, 1 mois, 1 million de lignes de code ». Lue telle quelle, elle donnait l’impression d’un plan déjà structuré, avec une cadence affichée et un horizon clair. Difficile, dans ces conditions, d’y voir uniquement un projet exploratoire.

Un autre détail a pesé dans cette lecture. Le message utilisait à plusieurs reprises le pronom « notre ». Galen Hunt parlait de « notre stratégie », de « nos plus grandes bases de code » et d’un déploiement à grande échelle « au sein de Microsoft ». Pour certains lecteurs et médias, ce choix de mots donnait à penser qu’il s’exprimait au nom de l’entreprise dans son ensemble, et pas seulement de son équipe.

L’offre d’emploi renforçait encore cette impression. Le poste demandait plusieurs années d’expérience en Rust, que Microsoft apprécie déjà pour ses pilotes, ainsi que des compétences en systèmes, compilateurs ou systèmes d’exploitation. Et lorsque l’on associe ce type de profil à un objectif affiché sur des millions de lignes de code, l’idée d’un chantier lié à Windows s’impose presque d’elle-même, même si le nom du système n’apparaissait nulle part.

Enfin, le statut de l’auteur comptait. Galen Hunt n’est pas un ingénieur junior ni un intervenant extérieur. Il occupe un poste senior et travaille sur des projets de recherche d’envergure chez Microsoft. Lorsqu’un ingénieur de ce niveau s’exprime publiquement avec un tel niveau de détail, beaucoup y voient une orientation validée en interne.

- Capture d'écran ©Mélina Loupia pour Clubic
- Capture d'écran ©Mélina Loupia pour Clubic

La mise au point sur LinkedIn et le démenti de Microsoft

Tant et si bien que Galen Hunt a dû modifier sa publication LinkedIn. Il reconnaissait d’abord l’ampleur de l’écho rencontré. « Il semblerait que mon message ait suscité beaucoup plus d’attention que prévu… avec de nombreuses interprétations spéculatives », a-t-il écrit.

Il a ensuite ajouté une clarification explicite. « Windows n’est PAS en train d’être réécrit en Rust avec de l’IA ». Le message précisait aussi le cadre du projet. « Le projet de mon équipe est un projet de recherche. Nous développons des technologies pour rendre possible la migration d’un langage à l’autre ».

Galen Hunt a indiqué que son message avait pour objectif de recruter « des ingénieurs partageant la même vision pour nous rejoindre dans la prochaine étape de ce projet pluriannuel ». Il a également spécifié qu’il ne s’agissait ni de définir une nouvelle stratégie pour Windows 11, ni de présenter Rust comme une finalité imposée aux produits Microsoft.

Dans le même temps, Microsoft a transmis un démenti à Windows Latest. L’entreprise indiquait qu’elle n’envisageait pas de réécrire Windows 11 à l’aide de l’IA avec Rust. Frank X. Shaw, responsable de la communication chez Microsoft, y a confirmé qu’aucun projet de ce type n’était engagé.

Ces prises de parole sont venues encadrer une publication initiale qui, par son ton, ses chiffres et son auteur, avait été comprise comme une annonce beaucoup plus large. Le message LinkedIn, sa mise à jour et l’offre d’emploi associée restent accessibles, désormais replacés dans le cadre d’un projet de recherche interne sur les outils de migration de code.