Ce sont des révélations fracassantes. L'un des vols tests de la mégafusée Starship a directement menacé le trajet de trois avions civils, selon une vaste enquête. Et la gestion de l'incident pose foncièrement question.

Cette année, SpaceX a effectué plusieurs vols de son lanceur ultra lourd. Et plusieurs d'entre eux se sont soldés par d'impressionnantes explosions, notamment le 7e test, survenu en janvier. Désormais, une investigation menée par le Wall Street Journal, qui a pu consulter des documents internes de la Federal Aviation Association (FAA), révèle que son issue aurait pu être bien pire, car la désintégration de la fusée en vol a projeté des débris incandescents au-dessus de la région des Caraïbes, y compris à proximité de routes aériennes commerciales très fréquentées.
Un dilemme critique
Car deux avions de ligne des compagnies JetBlue et Iberia, ainsi qu'un jet privé, transportant un total de 450 personnes, se trouvaient justement dans la zone touchée. Ils se sont retrouvés face à un choix critique : la contourner au risque de manquer de carburant au-dessus de l'océan, ou la traverser malgré le danger potentiel. Au final, deux appareils ont dû déclarer une urgence carburant et traverser la zone à risque.
Le danger était loin d’être théorique. Selon les documents, les débris issus de l'explosion ont été projetés pendant près de cinquante minutes. Un impact avec un avion en vol aurait pu provoquer des dommages structurels majeurs, menant très probablement à de lourdes pertes humaines.
La situation a également mis sous forte tension les services de contrôle aérien, contraints de réorganiser en urgence le trafic, augmentant mécaniquement le risque de rapprochement dangereux entre appareils. De son côté, SpaceX n'a pas immédiatement déclenché le dispositif d'alerte d’urgence imposé par la FAA, qui oblige tout opérateur à signaler sans délai un incident majeur via une ligne dédiée.
SpaceX dément
Et ce n'est pas tout. L'enquête révèle aussi que l'influence d'Elon Musk, patron de SpaceX, et sa proximité avec Washington, auraient pu jouer un rôle dans la décision des responsables de la FAA de ne pas intenté de poursuites : « Les responsables de la FAA ont suspendu l'examen de sécurité en août, une décision inhabituelle car les propres politiques de l'agence exigent que ces examens soient effectués pour traiter les risques liés à la sécurité », peut-on lire.
L'entreprise, elle, explique que les informations du média américain sont fausses. « Pour être clair, lors de chaque essai en vol du Starship, la sécurité publique a toujours été la priorité absolue de SpaceX. Aucun aéronef n'a été mis en danger et tous les événements ayant généré des débris ont été confinés dans des zones d'intervention préétablies », déclare-t-elle dans une publication sur X.com.
En 2026, le géant du spatial devrait augmenter la cadence de ses tirs avec un prototype de lanceur encore plus imposant. La fusée doit acheminer des astronautes jusqu'à la surface de la Lune en 2028.
Source : The Wall Street Journal