C'était moins une. Il y a quelques jours, un satellite chinois a frôlé un appareil de la constellation Starlink à 590 kilomètres au-dessus de la Terre. Et malheureusement, ce type d'événements risque de drastiquement se multiplier.

Illustration de débris spatiaux en orbite autour de la Terre. ©Dabarti CGI / Shutterstock
Illustration de débris spatiaux en orbite autour de la Terre. ©Dabarti CGI / Shutterstock

Le 9 décembre dernier, une fusée Kinetica-1 de l'entreprise chinoise CAS Space a acheminé 9 satellites en orbite depuis le Centre de Jiuquan dans le désert de Gobi. Une nouvelle preuve de la cadence impressionnante de l'Empire du Milieu, mais qui aurait pu se solder par une catastrophe. Car l'un des vaisseaux est passé à seulement 200 mètres d'un satellite Starlink. De quoi légèrement irriter SpaceX.

Besoin d'une meilleure coopération

Selon l'entreprise, aucune coordination préalable n'a été mise en place par l'opérateur chinois, la poussant à s'appuyer sur ses systèmes de surveillance et de manœuvre autonome pour éviter tout risque de collision. « Lorsque les opérateurs de satellites ne partagent pas les éphémérides de leurs satellites, des approches dangereusement proches peuvent se produire dans l'espace », déplore Michael Nicolls, vice-président de l'ingénierie Starlink, dans une post sur X.com.

« La plupart des risques liés aux opérations spatiales proviennent du manque de coordination entre les opérateurs de satellites. Cela doit changer », martèle-t-il. De son côté, CAS Space affirme avoir respecté les procédures en vigueur, et rappelle que cet épisode est survenu près de 48 heures après la séparation des charges utiles, une fois le lancement officiellement terminé.

« Notre équipe est actuellement en contact afin d'obtenir davantage de détails. Si l'incident est confirmé, nous travaillerons avec les opérateurs de satellites concernés pour en identifier précisément les circonstances », indique-t-elle, tout en appelant à « rétablir des collaborations entre les écosystèmes New Space ».

Vue d'artiste de satellites Starlink en orbite. ©Jacques Dayan / Shutterstock
Vue d'artiste de satellites Starlink en orbite. ©Jacques Dayan / Shutterstock

Les craintes du syndrome de Kessler

Pour éviter ce type de rapprochement dangereux, les opérateurs de satellites s'appuient sur un ensemble d’outils de surveillance du trafic spatial et de prévision des collisions, aujourd'hui devenus indispensables. Mais force est de constater que la tâche devient de plus en plus ardue en raison de la croissance exponentielle du nombre de satellites en orbite.

En 2020, moins de 3 400 satellites opérationnels tournaient autour de la Terre. À peine cinq ans plus tard, ce nombre est passé à environ 13 000. Et ce n'est que le début, alors que de nombreuses entreprises et États accélèrent pour développeur leurs propres constellations.

Une tendance qui ravive les craintes liées au syndrome de Kessler, un scénario théorisé dès 1978 par la NASA. Celui-ci décrit une réaction en chaîne dans laquelle une collision entre deux objets en orbite génère une multitude de débris, susceptibles de provoquer à leur tour de nouveaux impacts. À terme, certaines altitudes pourraient devenir difficilement exploitables pendant des années, voire des décennies. D'où la nécessité absolue de mettre en place une coordination millimétrée. Mais visiblement, ce n'est pas gagné.

  • Internet haut débit (presque) partout
  • Facilité d'installation
  • Débits excellents
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Sources : Space.com, X.com