Le chat qui se mort la queue ? SpaceX met tout en œuvre pour empêcher une start-up rivale de déployer ses satellites en raison, notamment, du risque de collision.

- SpaceX critique la constellation BlueBird d'AST SpaceMobile, craignant des risques de collision et de gestion des débris.
- AST SpaceMobile vise à créer un réseau cellulaire spatial, concurrent de Starlink.
- SpaceX est accusée d'intimider ses rivaux pour freiner la concurrence.
Basée dans le Texas, AST SpaceMobile a l'ambition de créer le tout premier réseau cellulaire spatial accessible directement depuis un smartphone, sans passer par des antennes terrestres. Pour cela, l’entreprise développe une constellation de satellites baptisée BlueBird, capable de fournir une connexion haut débit depuis l’espace, même dans les zones les plus isolées de la planète.
Mais les engins sont hors norme, le prototype lancé en 2022 étant doté d’une antenne de la taille d’un terrain de tennis, ce qui le rend extrêmement lumineux dans le ciel, bien plus que de très nombreux objets célestes. Et la start-up prévoit d'en lancer 243 au total… Ce qui n'est pas au goût de SpaceX.
Une lettre à charge
Dans une lettre adressée à la Commission fédérale des communications (FCC), régulateur chargé, entre autres, des télécommunication, la firme d'Elon Musk fustige le projet BlueBird d’AST SpaceMobile. Et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, elle estime que cette future constellation présente un danger pour la durabilité de l’orbite terrestre basse, avec un plan de gestion des débris spatiaux « irréaliste et incohérent », comportant des « lacunes critiques » en matière de sécurité. De même, la start-up est accusée de « sous-estimer les risques de collision spatiale » et de minimiser les menaces potentielles pour les personnes au sol lors des rentrées atmosphériques.
Ainsi, SpaceX appelle l'organisme à « scruter attentivement » le projet, et prévient que permettre ces lancements « sans résoudre ces problèmes serait irresponsable », exposant l’ensemble des opérateurs de l’orbite basse à des risques « inutiles ».

SpaceX est loin d'être irréprochable
Si certaines de ces allégations semblent légitimes, elle ne manquant pas de susciter de vives réactions. D'autant plus lorsque l'on sait que SpaceX opère quasiment 8 000 satellites Starlink, soit 60 % de tous les satellites actuellement en orbite. Surtout, elle prévoit d'en envoyer des milliers supplémentaires. Et elle est loin d'être irréprochable, ses engins ayant déjà causé des frayeurs à plusieurs reprises. La Chine a par exemple été contrainte de manœuvrer sa station spatiale Tiangong pour éviter une collision.
Pour couronner le tout, SpaceX est régulièrement accusée d’abuser de sa position dominante pour freiner la concurrence. La firme aurait notamment tenté de faire pression sur des rivaux comme OneWeb, en multipliant les lettres à la FCC ou en exerçant des pressions pour qu’ils partagent certaines bandes de fréquences.
De son côté, AST SpaceMobile évoque une « intimidation » exercée par le géant du spatial. Dans ce contexte, la lettre envoyée à la FCC apparaît davantage comme une stratégie visant à consolider l’avance de Starlink, tout en verrouillant le marché des télécommunications spatiales.