Apple traverse une drôle de période. Le géant californien, d'ordinaire si maître de sa communication, enchaîne les annonces de départs comme d'autres enchaînent les keynotes. Chef de l'intelligence artificielle, avocate générale, patronne des affaires gouvernementales, responsable du design logiciel : tous ont choisi la sortie, presque simultanément.

Quatre figures de proue annoncent leur départ en moins de 72 heures. © Shutterstock
Quatre figures de proue annoncent leur départ en moins de 72 heures. © Shutterstock

Il fut un temps où quitter Apple relevait de l'impensable. La firme à la pomme attirait les talents comme un aimant et les gardait jalousement. Mais fin 2025, le vent a tourné. Entre incertitudes stratégiques, retard assumé sur l'intelligence artificielle et concurrents qui sortent le carnet de chèques, Cupertino ressemble davantage à une gare de départ qu'à un sanctuaire technologique.

L'intelligence artificielle en déroute

John Giannandrea, recruté chez Google en 2018 avec tambours et trompettes, prendra sa retraite au printemps 2026. Son bilan ? Disons pudiquement qu'il laisse un goût d'inachevé. Siri, censé renaître grâce à Apple Intelligence, a vu son amélioration majeure repoussée après avoir raté les tests de qualité internes. Les résumés de notifications, vitrine supposée du système, se sont révélés si peu fiables qu'il a fallu les désactiver. Pas exactement le triomphe espéré.​

Cette déconvenue explique pourquoi Craig Federighi a récupéré les rênes de Siri début 2025, retirant progressivement l'autorité à Giannandrea. Le message était limpide. Amar Subramanya, transfuge de Google et Microsoft, reprendra le flambeau en janvier. Pendant ce temps, Meta et OpenAI n'hésitent pas à dégainer des contrats faramineux pour débaucher les meilleurs éléments d'Apple. Ruoming Pang, architecte des fondations d'intelligence artificielle maison, aurait reçu une proposition dépassant les 200 millions de dollars sur quatre ans. Face à de telles sommes, la loyauté a ses limites.

Le sommet se vide

Kate Adams, avocate générale depuis 2017, quittera ses fonctions à l'automne 2026. Lisa Jackson, vice-présidente des affaires gouvernementales et de l'environnement depuis 2015, partira dès janvier. Ces deux figures incarnaient l'interface entre Apple et les gouvernements du monde entier. Leur départ simultané laisse un vide considérable, même si Jennifer Newstead, actuelle avocate générale de Meta, est attendue en mars pour reprendre le tout.​

Lisa Jackson © Getty Image
Lisa Jackson © Getty Image

Et ce n'est pas fini. Alan Dye, patron du design logiciel depuis le départ de Jony Ive, a confirmé rejoindre Meta le 31 décembre 2025. Lui qui venait de finaliser « Liquid Glass », la refonte visuelle d'iOS 18, quitte le navire au moment précis où ses créations prennent vie. Chez Meta, il dirigera un studio transversal couvrant design logiciel, matériel et intelligence artificielle. Autant dire qu'on lui déroule le tapis rouge.​

Ces départs en cascade posent une question vertigineuse : qui gouverne vraiment Apple demain ? Tim Cook, 65 ans, approche de l'âge traditionnel de retraite pour un dirigeant. John Ternus, responsable de l'ingénierie matérielle, semble le mieux placé pour lui succéder. Mais entre un retard criant sur l'intelligence artificielle et une fuite des talents qui s'accélère, le prochain capitaine héritera d'un navire secoué par la tempête. À Cupertino, l'heure n'est plus aux certitudes.

Source : WCCFTECH