En Essonne, dix camions de déchets ont brûlé en deux ans à cause d'erreurs de tri dangereuses. L'intelligence artificielle vole à leur secours, pour détecter les piles et batteries avant qu'il ne soit trop tard.

Une pile jetée de manière négligente dans le bac jaune, ça ne paie pas de mine. Pourtant, ce geste anodin transforme régulièrement les camions à benne de Grand Paris Sud en véhicules enflammés. Dix incendies ont été recensés en seulement deux ans en Essonne. Pour stopper l'hécatombe, l'agglomération francilienne a trouvé la solution. Elle équipe désormais une partie de sa flotte de capteurs dopés à l'intelligence artificielle, qui traquent les déchets à risque.
Quand les piles et batteries transforment les bennes en brasiers
Dix camions sont partis en fumée ces deux dernières années sur le territoire de Grand Paris Sud, entre l'Essonne et la Seine-et-Marne. S'il n'y a eu aucun blessé jusqu'à maintenant, la menace plane quotidiennement sur les chauffeurs, comme le révèle Actu Essonne. Les coupables, ce sont des piles, des batteries lithium-ion et ces fameuses bonbonnes de protoxyde d'azote détournées en gaz hilarant, toutes balancées dans les mauvais bacs au lieu de finir en déchetterie.
Quand les poubelles basculent dans la benne, leur contenu se fait littéralement broyer par le mécanisme de compactage. Et là, c'est le drame. Laurie Pfalzgraf, cheffe du service de sensibilisation aux déchets de Grand Paris Sud, explique que le frottement crée des étincelles qui, comme lorsqu'on allume un briquet, provoquent un départ d'incendie impossible à maîtriser une fois lancé.
Parfois, les équipes parviennent à vider la benne sur la chaussée pour circonscrire les flammes. Mais quand l'incendie gagne en intensité, il peut se propager jusqu'à la cabine et mettre directement en danger la vie du conducteur. Victor Ferreira, responsable adjoint de la régie de collecte, rappelle qu'il y a un an, la moitié d'un camion a brûlé à cause de ces objets dangereux. Le véhicule vient tout juste de revenir de réparation.
Des capteurs intelligents photographient et analysent chaque poubelle
L'agglomération Grand Paris Sud a décidé de miser sur la technologie pour endiguer le phénomène. Six camions embarquent désormais des capteurs équipés d'intelligence artificielle, capables de repérer instantanément les objets dangereux. Une rafale de photos est prise au moment où les bacs sont reversés, puis le système analyse les clichés pour identifier les intrus à risque et détecter les erreurs de tri.
Dès qu'un déchet suspect apparaît, l'alerte part dans la seconde. Les équipes contactent immédiatement le conducteur pour immobiliser le camion et retirer l'objet menaçant avant qu'il ne provoque une catastrophe. Dans un premier temps, la surveillance automatisée se cantonne aux secteurs où les erreurs de tri sont les plus nombreuses. Mais les choses vont vite bouger.
D'ici le second semestre 2026, tous les camions seront équipés de ces dispositifs, aussi bien ceux de la régie que ceux des prestataires, grâce notamment à une subvention de Citeo, l'éco-organisme agréé par l'État. En attendant, n'oubliez pas qu'il est possible de déposer ses petits équipements électroniques dans les points de collecte des supermarchés, et que le gros électroménager est récupéré gratuitement à domicile via le service Ecosystem ou d'autres services locaux en région.