Alors que la Silicon Valley retient son souffle en attendant l'éclatement supposé de la bulle IA, Clem Delangue, cofondateur d'Hugging Face, joue les trouble-fêtes. Sa thèse ? La bulle existe, certes, mais vous ne regardez pas au bon endroit.

Clément Delangue, co-fondateur de Hugging Face - © Axios
Clément Delangue, co-fondateur de Hugging Face - © Axios

C'est la question à mille milliards de dollars qui hante vos dîners mondains (ou vos fils d'actualité) : quand est-ce que tout ça va exploser ? Pour Clem Delangue, le problème est mal posé. Lors d'une récente sortie médiatique chez Axios, le dirigeant français de la plateforme star de l'IA a jeté un pavé dans la mare : oui, nous sommes dans une bulle, mais c'est une bulle de LLM, pas une bulle d'IA. Nuance subtile ? Pas vraiment. C'est même la clé pour comprendre pourquoi votre prochain assistant bancaire n'aura pas besoin de philosopher sur le sens de la vie.

L'arbre ChatGPT cache la forêt

Avouez-le, quand on vous parle d'IA aujourd'hui, vous pensez immédiatement à un chatbot capable de rédiger vos emails ou de coder à votre place. C'est justement là que le bât blesse. « Les LLM ne sont qu'un sous-ensemble de l'IA », rappelle Delangue. Pendant que Microsoft et Google brûlent des milliards pour créer des modèles omniscients, une révolution plus silencieuse (et moins gourmande) s'opère en coulisses.

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Sur Hugging Face, on ne chôme pas : un nouveau modèle débarque toutes les dix secondes. Et surprise, ce ne sont pas tous des clones de GPT-4. La vraie croissance se niche désormais dans la biologie, la chimie ou l'analyse vidéo. Imaginez des modèles spécialisés, taillés sur mesure pour concevoir de nouvelles protéines ou optimiser des chaînes de production, loin, très loin des projecteurs braqués sur les agents conversationnels.

La fin de la folie des grandeurs ?

Le pari d'Hugging Face est osé : l'avenir n'est pas aux modèles mastodontes, mais aux outils spécialisés, plus petits et surtout... moins chers. « Vous n'avez pas besoin d'un modèle qui connaît tout Wikipédia pour gérer votre service client », tacle gentiment le CEO. Cette approche pragmatique, presque radine (dans le bon sens du terme), détonne dans un paysage où la dépense est devenue un sport olympique.

Pendant qu'OpenAI jongle avec des pertes colossales et des promesses de revenus vertigineuses, Hugging Face garde la tête froide (et la moitié de ses 400 millions de dollars levés bien au chaud en banque). « Dans le monde de l'IA, ça s'appelle être rentable », plaisante Delangue. Une pique savoureuse adressée à ses concurrents qui semblent avoir oublié que le but d'une entreprise reste, in fine, de gagner de l'argent sans en brûler une infinité.​

Quand la musique s'arrêtera

Si l'on en croit notre Cassandre français, la correction pourrait arriver dès 2026. Mais pas de panique pour l'ensemble du secteur : si la bulle des LLM éclate, l'IA continuera sa route. Les signes avant-coureurs sont pourtant là, clignotants comme un sapin de Noël : licenciements en masse, investissements circulaires douteux entre géants de la tech, et des figures comme Michael Burry (le héros de The Big Short) qui parient déjà sur la chute.

Alors, faut-il tout vendre ? Probablement pas. Mais il serait peut-être temps d'arrêter de croire que le prochain chatbot va résoudre la faim dans le monde. La véritable révolution de l'IA est sans doute moins bavarde, plus technique, et surtout beaucoup plus utile que ce que la bulle actuelle voudrait nous faire croire. Comme le dit si bien l'adage boursier : quand tout le monde regarde à gauche, regardez à droite. Ou dans le cas présent, regardez les modèles qui travaillent, pas ceux qui discutent.

Source : Ars Technica

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