Si Copilot et l’IA ont occupé le devant de la scène pendant Ignite 2025, Microsoft a aussi des chantiers moins glamour sur les mises à jour, la télémétrie et les outils de défense, qui conditionnent pourtant la façon dont l’OS encaisse les incidents au quotidien.

Depuis plusieurs années, Microsoft cherche à limiter les zones d’ombre qui compliquent la vie des administrateurs et des équipes sécurité, et les changements dévoilés au cours de la conférence Ignite 2025 s’inscrivent a priori dans cette logique. Plutôt qu’une nouvelle salve de fonctions visibles dans l’interface, l’éditeur pousse un bloc cohérent de capacités de résilience et de durcissement qui visent à rendre les incidents moins fréquents, plus lisibles et plus simples à corriger.
Certaines de ces évolutions sont déjà arrivées via les dernières mises à jour de Windows 11 et Windows Server 2025, d’autres sont annoncées en préversion pour 2026, mais une chose est sûre, pour Redmond, la crédibilité de Windows repose désormais autant sur sa capacité à encaisser pannes et attaques que sur les promesses de productivité portées par Copilot.
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Mieux encadrer les pannes et les mises à jour catastrophiques
Microsoft a officiellement présenté son chantier sécu comme une étape de la Windows Resiliency Initiative, une feuille de route qui vise à rendre l’OS plus prévisible et nettement plus simple à réparer. Quand une mise à jour déraille ou qu’une configuration part en vrille, la machine doit pouvoir revenir à un état fonctionnel sans passer par un reformatage complet, ni faire transpirer les équipes IT. Microsoft avait introduit le « quick machine recovery » pour les incidents généraux, mais les nouvelles fonctions annoncées étendent clairement cette logique à des scénarios catastrophe plus fins, pour des machines isolées ou des groupes de postes ciblés.
Le centre de gravité se déplace donc vers Intune, qui devient la console de pilotage de ces outils. L’idée est ici de permettre aux équipes IT de prendre la main sur l’environnement de récupération Windows depuis la gestion de parc, de choisir les bons outils selon la gravité de l’incident et d’orchestrer la remise en état des postes à distance. Intune pourra envoyer des scripts de récupération directement sur les machines ou déclencher des actions de réparation sans demander d’intervention locale, ce qui change la donne dans des entreprises où l’essentiel du parc est désormais hybride ou entièrement distant.
Dans la même logique de transparence et de maîtrise des incidents, Microsoft introduit aussi Autopatch update readiness, une nouvelle capacité en préversion. L’outil promet de donner une vue beaucoup plus claire de l’état du parc avant un déploiement de mise à jour, en identifiant les postes prêts à être mis à jour et ceux qui risquent de poser problème, avec les raisons associées. Depuis un tableau de bord unifié dans Intune, les équipes peuvent ainsi repérer les machines en manque de télémétrie, les conflits de politiques ou d’autres blocages potentiels, et corriger la situation en amont au lieu de découvrir les dégâts après coup.
Dans tout ce dispositif, Point-in-time restore doit permettre à la fois aux utilisateurs et aux admins de ramener une machine à un état antérieur à l’incident en quelques minutes, système, applications, paramètres et fichiers locaux compris, sans sombrer dans un diagnostic interminable.
Pour les cas plus lourds, Microsoft mise sur Cloud rebuild. Dans les grandes lignes, cette fonction autorise le téléchargement et la réinstallation depuis le cloud d’une image propre de Windows 11, drivers compris, pour les PC partiellement ou totalement inutilisables. Une fois la base remise à neuf, les données, les applications et les réglages sont restitués grâce à Intune, Windows Autopilot, Windows Backup pour les organisations et OneDrive. Une machine instable ou un système entièrement corrompu n'imposent donc plus de repartir de zéro. L’entreprise garde la main et la machine repart sur une configuration conforme.
L’ensemble de ces nouvelles capacités de récupération, y compris Point-in-time restore et Cloud rebuild, sont annoncées en préversion pour la première moitié de 2026.
Des bases plus solides pour l’écosystème sécurité
L’autre gros morceau de ces annonces concerne la façon dont Windows encadre désormais les solutions de sécurité tierces et ses propres outils de défense. Avec la Windows Endpoint Security Platform API, disponible en préversion, Microsoft cherche ainsi à offrir un environnement stable aux éditeurs de solutions antivirus ou EDR, encore trop dépendants du noyau. Cette API est pour l’instant proposée aux partenaires du programme Microsoft Virus Initiative, avec une généralisation visée pour 2026.
En parallèle, Windows 11 et Windows Server 2025 bénéficient dès aujourd’hui d’un renforcement notable de leurs capacités de sécurité avec l’intégration de Sysmon, l’outil d’audit avancé issu de Sysinternals. Les entreprises n’auront donc plus besoin d’assurer elles-mêmes le déploiement et la mise à jour de l’outil, ce qui devrait sensiblement améliorer la visibilité dont disposent les équipes de défense en charge de parcs hétérogènes.
Microsoft pousse aussi du côté des fonctionnalités cryptographiques avec l’arrivée d’un ensemble d’API dédiées aux algorithmes post-quantiques, permettant aux organisations de commencer à utiliser des schémas de chiffrement conçus pour résister à de futures attaques menées avec des capacités de calcul bien supérieures à celles d’aujourd’hui. Objectif, anticiper les prochains standards de sécurité et limiter le risque associé aux attaques de type « collecter maintenant, déchiffrer plus tard ».
Sur la couche réseau, Zero Trust DNS s’enrichit d'un dispositif de contrôle beaucoup plus strict de la résolution des noms. Dans ce modèle, c’est Windows qui encadre les requêtes de résolution sortantes et impose l’usage de DNS chiffré vers une liste de serveurs approuvés par l’organisation. Les flux ne partent plus vers n’importe quel résolveur disponible, ils suivent un chemin défini et contrôlé, ce qui limite certaines formes d’exfiltration de données et donne aux équipes sécurité un levier supplémentaire pour analyser les connexions.
Même topo concernant le durcissement de la protection des données au repos. Désormais, BitLocker tire davantage parti des dernières générations de SoC pour accélérer les opérations de chiffrement et déléguer les traitements lourds à un moteur matériel dédié. Les opérations de lecture et d’écriture devraient ainsi gagner en fluidité, tout en profitant d’un modèle où les clés peuvent être protégées directement par le matériel au lieu de dépendre uniquement du processeur et de la mémoire.
Enfin, dernier étage de ce bloc, l’authentification. Windows 11 gère désormais les passkeys de manière plus souple, avec une intégration renforcée à Windows Hello. Les gestionnaires de passkeys peuvent s’imbriquer dans le système pour proposer des connexions plus simples et plus résistantes au phishing sur le web. Sans surprise, Microsoft pousse ainsi un peu plus l’abandon du mot de passe classique au profit de solutions plus solides, combinant chiffrement, appareil de confiance et biométrie ou code local.
Source : Microsoft