Meredith Whittaker, présidente de la Signal Foundation, répond à ses détracteurs concernant le recours de la messagerie cryptée à Amazon Web Services (AWS). Et le constat est sans appel : elle n'a tout bonnement pas le choix.

Signal n'a pas d'autre choix que de s'appuyer sur un géant du cloud, explique sa présidente. ©Funstock / Shutterstock
Signal n'a pas d'autre choix que de s'appuyer sur un géant du cloud, explique sa présidente. ©Funstock / Shutterstock

Le 20 octobre dernier, une importante panne dans les serveurs d'AWS en Virginie mettait à l'arrêt une bonne partie des services en lignes mondiaux, dont Signal. Une situation qui a fait grincer des dents de nombreux utilisateurs de la messagerie cryptée, dont un certain Elon Musk. « Je ne fais plus confiance à Signal », a-t-il lancé dans un tweet suite à l'incident.

Internet appartient aux géants

Car l'entreprise met en avant une philosophie d'indépendance et de confidentialité absolue, loin des géants du numérique qu'elle accuse régulièrement de surveillance et de centralisation des données. Mais Meredith Whittaker explique qu'il n'y a pas d'alternative, tant Internet est contrôlé par une poignée d'acteurs colossaux.

« Le problème n'est pas que Signal ait "choisi" AWS. Le problème, c'est la concentration du pouvoir dans l'infrastructure : il n'y a plus vraiment d'autre option », élabore-t-elle dans un long thread publié sur Bluesky.

Elle rappelle également que « faire tourner une plateforme mondiale de messagerie instantanée nécessite une infrastructure planétaire de calcul, de stockage et de relais à faible latence ». Des capacités que seuls AWS, Microsoft Azure, Google Cloud et, dans une moindre mesure, Oracle, peuvent offrir.

Meredith Whittaker, présidente de Signal. ©Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0
Meredith Whittaker, présidente de Signal. ©Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

La panne en exemple pour réfléchir à un autre modèle ?

Les trois géants gèrent collectivement 63 % des services cloud d'entreprise dans le monde, et sous-tendent une grande partie des applications mondiales de streaming, du Web et de l'IA, touchant quotidiennement des millions de sociétés et de consommateurs.

Et c'est bien là le problème, selon Whittaker. « Ce n'est pas une question de choix. Recréer ce type d'infrastructure coûterait des milliards et exigerait des talents et des outils aujourd'hui concentrés chez ces géants », constate la chercheuse en IA éthique, passée chez Google pendant 13 ans. Elle espère, malgré tout, que « cette panne nous aidera à comprendre les risques de confier le système nerveux du monde à si peu de mains ».

Elle rappelle en outre que l'utilisation d'AWS n'affecte en rien les promesses de sécurité de l'application : « Nous utilisons AWS parce que nous chiffrons tout. Ni AWS, ni Signal, ni personne d’autre ne peut accéder à vos communications ».

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Sources : The Verge, Bluesky