En France, une portion d'autoroute capable de recharger les véhicules électriques par induction pendant qu'ils roulent est récemment entrée en phase de test. Une avancée qui pourrait bien marquer une étape majeure pour l'industrie automobile.

Un camion en train de rouler. ©Jaroslav Pachy sr / Shutterstock
Un camion en train de rouler. ©Jaroslav Pachy sr / Shutterstock

Ce projet, initié en 2023 et financé par Bpifrance, réunit un consortium de plusieurs acteurs. VINCI Autoroutes en assure la mise en œuvre technique, tandis que la société israélienne Electreon fournit la technologie d'induction. L'Université Gustave Eiffel, elle, supervise les tests scientifiques. Enfin, le spécialiste des matériaux industriels Hutchinson apporte son expertise.

Après des essais en laboratoire et sur circuit fermé, ce vaste dispositif est désormais testé en conditions réelles sur l'autoroute A10, à « environ quarante kilomètres au sud-ouest de Paris ».

Tests en conditions réelles sur l'A10

Concrètement, un tronçon de la chaussée est équipé de bobines d'induction intégrées qui transmettent de l'énergie aux véhicules compatibles en s'appuyant sur l'induction électromagnétique, c'est-à-dire la même technologie que les chargeurs sans fil pour smartphones, mais à bien plus grande échelle.

Si concluant, ce procédé apporterait des avantages cruciaux à l'industrie. En permettant de recharger les véhicules en mouvement, il réduirait drastiquement la dépendance aux bornes fixes et ouvrirait la voie à des batteries plus petites, plus légères et moins coûteuses, un enjeu vital pour la filière de l'électrique. Car les véhicules eux-mêmes gagneraient en autonomie, en capacité de charge utile et en efficacité énergétique, tout en diminuant leur impact environnemental.

Ceci est d'autant plus pertinent à l'échelle du transport lourd. Les camions pourraient circuler sans longs arrêts de recharge ni surpoids de batterie, allégeant les coûts logistiques et accélérant la décarbonation d'un secteur qui représente à lui seul plus de 16 % des émissions françaises.

Un véhicule électrique en train d'être rechargé. ©UKRID / Shutterstock
Un véhicule électrique en train d'être rechargé. ©UKRID / Shutterstock

Des premiers résultats prometteurs

Les équipes en charge du projet testent le dispositif avec quatre types de véhicules dotés de bobines réceptrices fixées sous le châssis : un poids lourd, un utilitaire, une voiture et un bus. Et les premiers résultats sont particulièrement encourageants, les ingénieurs ayant mesuré jusqu'à 300 kilowatts en puissance maximale, et plus de 200 kilowatts en moyenne. De quoi fournir assez d'énergie pour faire rouler un camion électrique à pleine charge tout en maintenant sa batterie.

« Il s'agit d'un moment charnière dans le développement mondial des routes électrique. Les performances exceptionnelles du système, démontrées dans le cadre du projet et vérifiées par des laboratoires indépendants en France, montrent que notre technologie est la seule capable d'assurer une recharge dynamique des véhicules avec une telle puissance et une telle fiabilité, sans qu'aucun concurrent ne soit en mesure d'égaler son niveau », s'est félicité Oren Ezer, P.-D.G d'Electreon.

« Je pense que ces résultats ouvrent la voie au déploiement de milliers de kilomètres de routes sans fil utilisant notre technologie en France, puis dans toute l'Europe », a-t-il poursuivi. Les tests devraient encore se poursuivre pendant plusieurs mois puis, si tout se passe comme prévu, le consortium devrait ensuite passer à une phase de déploiement à plus grande échelle.