Pour équiper ses 3 000 gares de bornes de recharge pour véhicules électriques, la SNCF a lancé un appel d'offres qui aboutira à la sélection de deux ou trois acteurs dès l'an prochain.

Des milliers et des milliers de nouvelles bornes de recharge électrique pourraient bientôt voir le jour dans les gares françaises. C'est en tout cas le pari de la SNCF, qui vient de dégainer un appel d'offres XXL qui doit l'aider à rattraper un certain retard sur la recharge rapide. L'objectif est de transformer ses 3 000 gares en points névralgiques pour les conducteurs de véhicules électriques, avec une sélection des opérateurs attendue pour avril 2026, comme nous l'apprend l'Informé.
Un virage à 180 degrés vers la recharge rapide en gare
La SNCF avait déjà tenté le coup, et voilà que 1 800 points de charge parsèment aujourd'hui les parkings de ses gares, gérés par Effia, filiale de Keolis. Mais voilà, ces bornes sont en recharge lente, et elles coûtent très cher. « C'est cher à installer, 10 000 à 12 000 euros par point de charge, avec une utilisation très faible », confie un proche du dossier.
L'explication vient de l'incompatibilité totale avec les usages. Car oui, les parkings de gares accueillent surtout des voitures immobilisées plusieurs jours, quand la recharge lente nécessite justement du temps long. À l'opposé, les stations de recharge ultra-rapide installées aux abords immédiats de certaines gares cartonnent. Tesla à Bercy, Electra à Montparnasse-Vaugirard, autant de spots pris d'assaut par les taxis et VTC qui rechargent en un éclair.
SNCF Gares & Connexions change donc son fusil d'épaule. La recharge molle, on n'en veut plus, place à la puissance brute avec des bornes qui délivrent au minimum 50 kilowatts en courant continu. La compagnie ferroviaire veut créer un véritable réseau national harmonisé d'emplacements dédiés à la recharge rapide, adapté aux spécificités de chaque gare mais cohérent à l'échelle du pays.
La course aux candidats est lancée
Les opérateurs intéressés doivent déposer leur dossier avant le 27 octobre, première étape d'une sélection qui s'annonce impitoyable. Au final, seulement deux à trois heureux élus se partageront le gâteau, avec des contrats pouvant grimper jusqu'à 15 ans. La date butoir pour boucler cette phase de référencement a été fixé au 30 avril 2026.
Mais avant de voir grand, la SNCF mise sur la prudence. Six gares cobayes vont tester le dispositif (La Rochelle, Avignon TGV, Limoges, Saint-Nazaire, Massy-Palaiseau et Dijon). Ces marchés pilotes serviront de laboratoire grandeur nature avant d'industrialiser le déploiement à l'échelle nationale. Une trentaine d'opérateurs auraient déjà levé la main, forcément attirés par le potentiel plus gros appel d'offres du secteur.
Ce qui semble certain, c'est que les acteurs choisis devront avoir les reins solides et être capables d'équiper potentiellement des centaines de gares.
Les gros favoris pour remporter le marché, mais attention aux opérateurs du Golfe
Le modèle choisi par la SNCF, celui du tiers investisseur, ne laisse aucune place au doute. Concrètement, les opérateurs financeront l'intégralité de l'installation et l'exploitation des bornes. On parle ici de charges à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros.
Alors qui peut encore jouer dans cette cour des grands ? Les acteurs adossés aux constructeurs automobiles (Tesla ou Mobilize, la marque de Renault) ou aux énergéticiens (TotalEnergies, Izivia d'EDF, Vianeo d'Engie) partent favoris. Les indépendants bien capitalisés comme Electra, Ionity, Powerdot ou Allego restent aussi dans la course. Mais attention, des opérateurs étrangers financés par des fonds du Golfe guettent l'opportunité de s'implanter en France.