Face à un NVIDIA qui semble inarrêtable, Intel change son fusil d'épaule. Avec son futur GPU Crescent Island, le géant de Santa Clara ne cherche pas la confrontation directe, mais préfère se frayer un chemin sur le marché de l'intelligence artificielle par la voie de la sagesse et de l'économie.

Des puces abordables dédiés aux data centers. © Shutterstockw
Des puces abordables dédiés aux data centers. © Shutterstockw

Dans le grand théâtre de la technologie, où les superlatifs fusent, Intel a décidé de jouer une partition plus discrète. L'annonce de Crescent Island, un processeur graphique pour centres de données prévu pour 2026, dessine les contours d'une stratégie tout en finesse. Oubliée la course à la puissance brute, l'heure est au pragmatisme. Cette puce se concentrera sur l'inférence, c'est-à-dire l'exécution des modèles d'IA, un segment moins prestigieux mais au volume considérable.

L'intelligence de la frugalité

Plutôt que de s'attaquer de front au mastodonte vert, Intel a décidé de jouer sur un autre terrain. Crescent Island est un spécialiste, un sprinteur entraîné pour une seule course : l'inférence. En clair, il est conçu pour exécuter des modèles d'IA déjà existants, pas pour en créer de nouveaux. Une tâche cruciale, surtout vu la popularité grandissante des chatbots, mais bien moins gourmande en puissance brute.

Ce positionnement explique le choix de la mémoire LPDDR5X. Moins véloce mais surtout bien moins chère que la mémoire HBM qui équipe les bolides de NVIDIA, elle permet de maîtriser les coûts. Le nerf de la guerre, c'est bien le portefeuille. L'objectif est limpide : proposer une solution abordable pour les entreprises qui veulent utiliser l'IA sans pour autant devoir hypothéquer leurs locaux.

Une stratégie de survie

Soyons clairs, NVIDIA domine le marché de l'IA avec une poigne de fer, capturant plus de 90% des parts du gâteau. Intel, avec sa gamme actuelle Gaudi, peine à ramasser les miettes. La firme traverse une zone de turbulences, avec des restructurations et des doutes autour de son nouveau procédé de gravure 18A.

Mais une lueur d'espoir est apparue sous la forme d'une bouée de sauvetage inespérée lancée par Microsoft. Le géant de Redmond pourrait en effet confier la fabrication de ses propres puces IA au fondeur, lui offrant une validation technique précieuse. Cette petite tape dans le dos pourrait redonner confiance à un Intel qui en a bien besoin. Avec Crescent Island, l'entreprise ne cherche pas à détrôner le roi, mais plutôt à se tailler un petit fief rentable. Rendez-vous en 2026 pour voir si le pari est gagnant.

Source : Tech Radar