Voici donc le Fenghua No.3, un processeur graphique chinois qui promet monts et merveilles, dont une compatibilité avec l’écosystème CUDA de NVIDIA. Une annonce qui a sans doute provoqué quelques sourires crispés du côté des services juridiques de la firme américaine.

Fenghua No.3 - © InnoSilicon
Fenghua No.3 - © InnoSilicon

Dans le grand théâtre de la course à l’autonomie technologique, la Chine vient de présenter un nouvel acteur de poids : le Fenghua No.3. Sur le papier, la fiche technique a de quoi faire lever un sourcil : une puce pour l’intelligence artificielle et le calcul graphique, dotée de 112 Go de mémoire à haute bande passante et, surtout, prétendument compatible avec CUDA. De quoi, en théorie, se passer des solutions américaines sans pour autant jeter à la poubelle des années de développement logiciel.

Des promesses plein les diapositives

Le constructeur nous assure que sa création est un véritable couteau suisse : intelligence artificielle, rendu 3D, conception assistée par ordinateur… rien ne lui ferait peur. Pour prouver sa bonne foi, Innosilicon a même montré la puce faisant tourner des jeux. Une prouesse, certes, mais sans daigner communiquer la moindre information sur la résolution d’affichage ou la fluidité. Une omission qui en dit long sur la confiance réelle placée dans ces performances.

L’argument massue reste cette fameuse compatibilité CUDA, l’interface propriétaire qui a fait la fortune de NVIDIA. Si elle s’avérait fonctionnelle et stable, elle permettrait aux entreprises chinoises de conserver leurs outils logiciels actuels. Reste une question, et non des moindres : comment une telle prouesse a-t-elle été accomplie sans s’attirer les foudres du géant américain ? Le silence sur les détails techniques de cette « compatibilité » est assourdissant.

Retour à la réalité

Rappelons que cette annonce spectaculaire intervient alors que des sanctions américaines visent à freiner l’essor technologique de la Chine, notamment dans le secteur des semi-conducteurs. Face à un NVIDIA contraint de proposer des versions dégradées de ses puces pour le marché chinois, l’émergence d’une alternative locale est une nécessité stratégique. Le Fenghua No.3 est avant tout le symbole de cette ambition.

Pour l’heure, le Fenghua No.3 ressemble surtout à un magnifique objet sur une présentation PowerPoint. Sans tests indépendants, sans bancs d’essai crédibles et avec un flou juridique certain, il s’agit davantage d’une déclaration d’intention politique que d’un produit prêt à concurrencer qui que ce soit. Une nouvelle puce miracle, en somme, en attendant la prochaine.

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