Les institutions financières de l'Union européenne accélèrent leur départ des services cloud américains pour se tourner vers des alternatives européennes.

Face à la situation géopolitique, les banques de l'UE migrent vers des cloud européens ◊Shutterstock
Face à la situation géopolitique, les banques de l'UE migrent vers des cloud européens ◊Shutterstock

Entre la législation du Cloud Act et les tensions politiques, les banques de l'UE ne sont pas sereines notamment en ce qui concerne l'accès potentiel aux données bancaires par les gouvernements étrangers. Sans compter les risques de non-conformité au RGPD qui peuvent couter cher.

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Des risques amplifiés par les tensions internationales

Depuis le retour de Trump au pouvoir, les relations entre l'UE et les États-Unis traversent une crise majeure. Celle-ci s'est traduite par un accord commercial déséquilibré en juillet 2025 imposant 15% de droits de douane sur les produits européens. De son côté, le Cloud Act américain, entré en vigueur en 2018, permet aux autorités américaines d'accéder librement aux données européennes stockées chez les géants technologiques américains. Cette pratique crée un conflit direct avec le RGPD et compromet donc la souveraineté numérique européenne.

L'Autorité bancaire européenne soulignait déjà l'année dernière que ces tensions géopolitiques pouvaient avoir un impact considérable sur les banques de l'UE. Selon Bank Automation News, via WebProNews, la migration vers des clouds européens est en marche. Deutsche Bank et BNP Paribas ont ainsi commencé à explorer des partenariats avec des fournisseurs cloud européens tels qu'OVHcloud et Scaleway pour garantir la conformité au Règlement général sur la protection des données (RGPD).

La Fondation Carnegie œuvrant pour la paix internationale recommande d'augmenter les investissements dans les infrastructures numériques domestiques pour contrer la dominance américaine. Bien évidemment, il s'agit de rester compétitif, mais c'est d'autant plus vrai sur le secteur de la finance. À titre d'exemple, les banques reposent sur des modèles d'IA américains pour détecter les fraudes et procéder à des analyses client. Or, on le sait, le gouvernement américain veut désormais contrôler l'exportation des puces nécessaires à faire tourner les algorithmes d'intelligence artificielle.

L'émergence de solutions souveraines européennes

En parallèle, le Cloud Act américain ne rassure pas. Les banques européennes accélèrent ainsi leur transition depuis les PaaS ou IaaS américains vers des solutions européennes. Il faut dire que le débat sur la souveraineté de l'UE fait rage et les experts craignent que les États-Unis puissent saisir des données sensibles via leur législation extraterritoriale.

Les banques investissent également dans des modèles hybrides, combinant fournisseurs américains et européens. Face aux incertitudes juridiques, elles priorisant le chiffrement et la gestion locale des clés.

Avec AWS European Sovereign Cloud, Microsoft Cloud for Sovereignty et plus récemment Cisco Sovereign Critical Infrastructure, les géants de la tech américaine tentent de conserver leur marché sur le Vieux Continent en proposant des alternatives respectueuses du RDGP. Il n'en reste pas moins que ces infrastructures restent gérées par des sociétés américaines. L'entreprise allemande SAP a récemment injecté 23 milliards d'euros pour un vrai cloud européen souverain.