En analysant les grains de l'astéroïde Bennu, des chercheurs ont découvert de la matière plus ancienne que le Soleil, des composés organiques et un autre pan de l'histoire géologique façonnée par l'eau et les collisions.

Des engins spatiaux ont prélevé des échantillons de l'astéroïde Bennu 101955 et sont retournés sur Terre en 2023 - ©joshimerbin / Shutterstock
Des engins spatiaux ont prélevé des échantillons de l'astéroïde Bennu 101955 et sont retournés sur Terre en 2023 - ©joshimerbin / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Des grains de l'astéroïde Bennu, plus vieux que le Soleil, révèlent des origines cosmiques fascinantes.
  • La sonde OSIRIS-REx a ramené des molécules organiques, y compris des acides aminés, essentielles à la vie.
  • Bennu montre des signes d'évolution géologique, marquée par l'eau, des collisions et des altérations spatiales.

La sonde OSIRIS-REx a ramené sur Terre, en 2023, des poussières et roches de l’astéroïde Bennu. Leurs analyses ont montré que certains fragments ont plus de 4,5 milliards d’années. Ces grains proviennent d’étoiles disparues bien avant la naissance du Soleil. Ils portent des signatures isotopiques distinctes. Les chercheurs ont aussi trouvé une grande variété de molécules organiques, comme des acides aminés et toutes les bases constituant l’ADN et l’ARN.

Le corps parent de Bennu contient une fraction importante de minéraux hydratés issus de la transformation de la glace fondue. Un impact violent a fragmenté cet astéroïde, puis la gravité a regroupé les morceaux. La surface subit aujourd’hui encore bombardements et rayonnement solaire. Bennu conserve ainsi des traces directes des origines cosmiques et des étapes qui ont façonné le système solaire.

Bennu rassemble des grains anciens d’étoiles disparues et des composants organiques complexes

Les scientifiques ont observé des poussières d’étoiles qui sont plus vieilles que notre système solaire. Ces grains présentent une composition isotopique unique, notamment en oxygène, silicium et titane. Ann Nguyen, chercheuse à la NASA, précise que son équipe et elle ont « découvert des grains de poussière d’étoiles dont la composition est antérieure au système solaire, ainsi que de la matière organique venue de l’espace interstellaire ». Ces particules proviennent de régions très éloignées, parfois extérieures au système solaire.

L’analyse a également détecté quatorze acides aminés et les cinq bases nucléiques indispensables à l’ADN et à l’ARN. Ces molécules organiques riches en azote suggèrent qu'elles se sont formées dans des environnements froids ou dans la nébuleuse solaire externe. Bennu présente donc un mélange d’éléments provenant des confins de notre galaxie autant que d’étoiles proches. L’Université d’Arizona souligne que ces grains et molécules nous permettent d’étudier l’assemblage initial des briques de la vie dans le cosmos.

Ann Nguyen, co-auteur principal d'un nouvel article qui donne un aperçu de l'origine diversifiée de l'astéroïde « parent » de l'astéroïde Bennu, travaille aux côtés de la microsonde ionique NanoSIMS 50L (spectrométrie de masse d'ions secondaires à l'échelle nanométrique) dans la division de recherche et d'exploration des astromatériaux du Johnson Space Center de la NASA à Houston - ©NASA/James Blair
Ann Nguyen, co-auteur principal d'un nouvel article qui donne un aperçu de l'origine diversifiée de l'astéroïde « parent » de l'astéroïde Bennu, travaille aux côtés de la microsonde ionique NanoSIMS 50L (spectrométrie de masse d'ions secondaires à l'échelle nanométrique) dans la division de recherche et d'exploration des astromatériaux du Johnson Space Center de la NASA à Houston - ©NASA/James Blair

Bennu conserve aussi les traces d’une évolution marquée par l’eau, la collision et l’altération spatiale

La glace a joué un rôle majeur dans la transformation de Bennu. Lorsqu’elle a fondu, l’eau liquide a réagi avec la roche pour former des minéraux argileux hydratés. Ces phyllosilicates représentent environ 80% des échantillons. Tom Zega, de l’Université d’Arizona, décrit ainsi cette transformation : « Cette glace fondue a permis la formation des minéraux hydratés que nous observons aujourd’hui ».

Bennu porte aussi la trace d’un violent impact. La collision avec un autre objet, peut-être l’astéroïde Vesta, a brisé son corps parent. Puis la gravité a réuni les fragments. Ce phénomène explique que Bennu soit poreux et faiblement compacté.

La surface subit la colère spatiale quotidienne. Micrométéorites et vent solaire provoquent des impacts visibles aujourd’hui comme des micro-cratères et lui donnent une apparence modifiée par l’altération spatiale. Lindsay Keller, du Centre spatial Johnson, précise : « L’altération spatiale modifie la surface de Bennu plus vite que prévu. Ces processus affectent tous les astéroïdes du système solaire et nous aident à comprendre leur évolution ». Les cycles d’expositions thermiques et chimiques prolongent cette transformation.

Source : BGR, NASA