La Commission européenne a annoncé, vendredi soir, avoir infligé une très lourde amende à Google. Le géant américain devra payer 2,95 milliards d'euros pour ses pratiques anticoncurrentielles dans la publicité en ligne.

Quelques jours seulement après avoir été sanctionnée par la CNIL en France, Google vient de se voir adresser une nouvelle amende, cette fois XXL. La Commission européenne a en effet infligé ce vendredi 5 septembre une note à hauteur de 2,95 milliards d'euros. Bruxelles reproche à la firme de Mountain View un abus de position dominante caractérisé dans le juteux marché de la publicité en ligne, une manne qui finance l'internet gratuit que nous connaissons. Plus qu'une sanction financière, l'Union européenne exige désormais des changements structurels radicaux. Google a déjà prévu de faire appel.
Google était dans le viseur de Bruxelles pour ses pratiques Adtech
Pendant plus de dix ans, Google aurait manipulé le marché publicitaire à son avantage. D'après la Commission européenne, la société californienne contrôle les deux côtés de la chaîne Adtech (la technologie publicitaire), en jouant à la fois l'arbitre et le joueur dans cette partie cruciale pour l'économie numérique européenne.
En favorisant systématiquement ses propres services publicitaires, Google a étouffé la concurrence. Les annonceurs ont vu leurs coûts marketing s'envoler, une facture qui s'est probablement répercutée sur les prix payés par les consommateurs européens au quotidien, selon l'analyse bruxelloise.
Les éditeurs de contenus n'ont pas été épargnés non plus. Leurs revenus publicitaires ont fondu, ce qui a potentiellement poussé ces derniers à augmenter leurs tarifs d'abonnement, ou à réduire la qualité de leurs services, voire pire. Des pratiques qui ont touché l'ensemble de l'Espace économique européen, avec des répercussions mondiales, selon l'UE.
Une amende record et des mesures structurelles pour restaurer la concurrence
C'est la troisième fois que Google se fait épingler par l'Europe pour entrave à la concurrence, après l'amende record de 4,34 milliards d'euros prononcée en 2018 pour l'abus de position dominante avec Android, et celle de 2,42 milliards d'euros pour Google Shopping, adressée en 2017 mais confirmée l'an dernier. Ce sont sans doute les moyens et le passif du mastodonte qui expliquent le montant astronomique de l'amende, majorée selon les pratiques habituelles de la Commission pour les multirécidivistes du droit de la concurrence.
La vice-présidente des affaires réglementaires de Google, Lee-Anne Mulholland, dénonce vendredi soir « une amende injustifiée ». Pour elle, « la décision de la Commission européenne concernant nos services publicitaires est mauvaise et nous allons faire appel », en ajoutant que les changements exigés par Bruxelles « vont nuire à des milliers d'entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l'argent. »
La Commission évoque déjà une mesure radicale : contraindre Google à vendre une partie de ses activités Adtech. Une solution structurelle jugée nécessaire et proportionnée pour mettre fin définitivement au conflit d'intérêts inhérent à la position actuelle du géant américain sur ce marché.
La vice-présidente exécutive de la Commission, Teresa Ribera, ne compte pas s'arrêter là. Google dispose de soixante jours pour présenter un plan crédible de mise en conformité. Si la proposition ne convainc pas, Bruxelles n'hésitera pas à imposer ses propres solutions.