Les spécialistes chinois de l'IA rivalisent d'ingéniosité pour passer outre les sanctions américaines. C'est ce que nous montre cette nouvelle enquête.

Les ingénieurs chinois sont prêts à tout pour accéder aux puces NVIDIA © Algi Febri Sugita / Shutterstock
Les ingénieurs chinois sont prêts à tout pour accéder aux puces NVIDIA © Algi Febri Sugita / Shutterstock

Les États-Unis mènent depuis plusieurs années la vie dure à la tech chinoise, en cherchant à empêcher les entreprises locales d'accéder aux meilleurs composants. Dans ce domaine, ce sont les puces IA de NVIDIA qui sont les plus surveillées, et l'objet des plus grandes restrictions - restrictions constamment alourdies. Mais ça n'empêche pas les entreprises chinoises d'y accéder, moyennant un peu de ruse.

Des serveurs utilisés directement en Malaisie

Comment faire pour pouvoir utiliser des puces NVIDIA telles que la Hopper H100 quand on veut entraîner des intelligences artificielles en Chine ? Certains comptent sur la contrebande, quand d'autres, encore plus imaginatifs, traversent la frontière pour pouvoir travailler.

C'est ce que nous montre une nouvelle information du Wall Street Journal, selon lequel une nouvelle stratégie est dorénavant en œuvre. Le journal nous fait ainsi état d'une équipe de quatre ingénieurs chinois ayant chacun avec eux une valise contenant 15 disques durs de données, et qui ont fait le voyage Beijing-Kuala Lumpur. En tout, ils ont ainsi fait passer plus de 80 téraoctets de données, destinées à être intégrées à 300 serveurs situés dans la capitale malaisienne, et qui bénéficient de puces NVIDIA dernier cri.

Les puces NVIDIA H100 © Shutterstock
Les puces NVIDIA H100 © Shutterstock

L'Asie du Sud-Est, un nouveau hub pour l'IA

Leur voyage est l'aboutissement d'un travail de huit semaines durant lequel ils ont optimisé au maximum les données ainsi que le programme d'entraînement de l'IA, dans l'idée qu'il serait plus difficile de faire des aménagements une fois à Kuala Lumpur. Et l'opération a réussi, puisqu'ils ont pu ensuite revenir à la maison avec plusieurs centaines de gigaoctets de données, comprenant notamment les paramètres du modèle en développement.

Ces derniers mois, la Malaisie, et plus largement, l'Asie du Sud-Est, sont devenus de véritables hubs de l'IA avec des achats massifs de puces NVIDIA et de nouveaux data centers poussant particulièrement rapidement. Rien que pour les mois de mars et d'avril, la Malaisie a importé pour 3,4 milliards de dollars de puce IA provenant de Taïwan, un chiffre qui excède l'ensemble des achats du genre pour l'ensemble de l'année 2024. Un nouveau trou à boucher pour Washington ?