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Analyste indépendant, spécialiste de l'informatique de gestion et décisionnelle, Philippe NIEUWBOURG donne sa vision de l'évolution du marché des progiciels.
AB - Philippe Nieuwbourg, bonjour. n'exclut pas d'être racheté par Microsoft, ou Google. L'éditeur allemand de progiciels n'est-il plus en position de force sur le marché des ERP ?
PN - Pour répondre à cette question, il faut changer de focale : Plutôt que de s'intéresser en détail aux dix dernières années durant lesquelles SAP est devenu leader du marché des progiciels de gestion, il faut regarder trente ans en arrière.
Les stars des progiciels de gestion dans les années 1980 s'appelaient Masterpiece ou encore BPCS. Qui s'en souvient ? Ils ont disparu peu à peu, ont été rachetés.
Il est bien rare dans le domaine des progiciels de gestion qu'un leader conserve sa place au-delà de quelques générations technologiques. SAP et ses fondateurs l'ont certainement compris et intégré. Ils ont donc l'honnêteté et l'intelligence de penser au futur à moyen terme de l'entreprise.
Concernant les trois acquéreurs que vous suggérez, ils ont chacun un profil bien différent :
Microsoft incarne le succès sur le poste client, mais la fusion avec SAP a déjà été envisagée, sans qu'elle ne semble simple à mettre en œuvre de manière opérationnelle. IBM représente, de mon point de vue, le passé du logiciel applicatif de gestion. Le groupe ne semble plus intéressé par ces développements, mais qui sait ?
Quant à Google, la société Internet est clairement tournée vers le futur, mais la différence culturelle avec SAP est aujourd'hui un abîme sans fond ! L'intégration des deux entreprises serait à très haut risque.
SAP peut parfaitement poursuivre son chemin seul pendant encore plusieurs années. Si l'on brasse toutes les hypothèses, une fusion avec Oracle, même si elle risque d'être refusée par les autorités, serait finalement la moins risquée.
AB - Les stratégies de SAP et de son concurrent américain Oracle divergent, l'un joue sur son expérience dans le 'mid-market' et l'évolution de sa plate-forme, l'autre sur une politique d'acquisitions. A vos yeux, ces deux modèles sont-ils pérennes ?
PN - SAP est très intéressé par les entreprises moyennes, mais son "expérience" est plus que récente ! L'éditeur a mis plusieurs années avant de trouver le bon modèle, le bon produit, et de commencer à tutoyer le succès. N'oublions pas que Business One n'est pas un produit d'origine SAP. Ceci explique peut-être cela.
Concernant Oracle, l'éditeur a en effet opté pour un modèle de croissance externe dont l'objectif est double : Assurer des revenus récurrents de maintenance sur les parcs clients rachetés, et provoquer à terme la migration vers une solution cible unique. Les deux modèles sont pérennes, et il semble trop tôt pour affirmer que l'un des deux réussira mieux que l'autre.
AB - L'avenir du marché mondial du progiciel sera-t-il "généraliste" ou spécialisé ?
PN - L'avenir du marché des ERP sera celui des progiciels de gestion spécialisés, proposés par des éditeurs généralistes. "One size fits all" ne convient pas aux progiciels de gestion. Oracle s'y est essayé avec "Special Edition", ça a été un échec.
Chaque secteur d'activité, chaque taille d'entreprise, doit intégrer et bénéficier de ses spécificités. En revanche, profiter des synergies d'un éditeur généraliste est plus pérenne. Prenons l'exemple de l'industrie automobile : Chez Renault ou Peugeot, des constructeurs généralistes, vous pouvez acquérir un véhicule spécialisé, un cabriolet, une fourgonnette, un véhicule commercial, etc.
Ils bénéficient de la R&D commune et d'une plate-forme technique identique, mais cela n'empêche pas quelques constructeurs très spécialisés de conserver une part de marché dans le domaine des voitures de luxe, par exemple. Le marché informatique pourrait bien prendre une direction similaire. A méditer pour les éditeurs de progiciels ?
AB - Philippe Nieuwbourg, je vous remercie.
AB - Philippe Nieuwbourg, bonjour. n'exclut pas d'être racheté par Microsoft, ou Google. L'éditeur allemand de progiciels n'est-il plus en position de force sur le marché des ERP ?
PN - Pour répondre à cette question, il faut changer de focale : Plutôt que de s'intéresser en détail aux dix dernières années durant lesquelles SAP est devenu leader du marché des progiciels de gestion, il faut regarder trente ans en arrière.
Les stars des progiciels de gestion dans les années 1980 s'appelaient Masterpiece ou encore BPCS. Qui s'en souvient ? Ils ont disparu peu à peu, ont été rachetés.
Il est bien rare dans le domaine des progiciels de gestion qu'un leader conserve sa place au-delà de quelques générations technologiques. SAP et ses fondateurs l'ont certainement compris et intégré. Ils ont donc l'honnêteté et l'intelligence de penser au futur à moyen terme de l'entreprise.
Concernant les trois acquéreurs que vous suggérez, ils ont chacun un profil bien différent :
Microsoft incarne le succès sur le poste client, mais la fusion avec SAP a déjà été envisagée, sans qu'elle ne semble simple à mettre en œuvre de manière opérationnelle. IBM représente, de mon point de vue, le passé du logiciel applicatif de gestion. Le groupe ne semble plus intéressé par ces développements, mais qui sait ?
Quant à Google, la société Internet est clairement tournée vers le futur, mais la différence culturelle avec SAP est aujourd'hui un abîme sans fond ! L'intégration des deux entreprises serait à très haut risque.
SAP peut parfaitement poursuivre son chemin seul pendant encore plusieurs années. Si l'on brasse toutes les hypothèses, une fusion avec Oracle, même si elle risque d'être refusée par les autorités, serait finalement la moins risquée.
AB - Les stratégies de SAP et de son concurrent américain Oracle divergent, l'un joue sur son expérience dans le 'mid-market' et l'évolution de sa plate-forme, l'autre sur une politique d'acquisitions. A vos yeux, ces deux modèles sont-ils pérennes ?
PN - SAP est très intéressé par les entreprises moyennes, mais son "expérience" est plus que récente ! L'éditeur a mis plusieurs années avant de trouver le bon modèle, le bon produit, et de commencer à tutoyer le succès. N'oublions pas que Business One n'est pas un produit d'origine SAP. Ceci explique peut-être cela.
Concernant Oracle, l'éditeur a en effet opté pour un modèle de croissance externe dont l'objectif est double : Assurer des revenus récurrents de maintenance sur les parcs clients rachetés, et provoquer à terme la migration vers une solution cible unique. Les deux modèles sont pérennes, et il semble trop tôt pour affirmer que l'un des deux réussira mieux que l'autre.
AB - L'avenir du marché mondial du progiciel sera-t-il "généraliste" ou spécialisé ?
PN - L'avenir du marché des ERP sera celui des progiciels de gestion spécialisés, proposés par des éditeurs généralistes. "One size fits all" ne convient pas aux progiciels de gestion. Oracle s'y est essayé avec "Special Edition", ça a été un échec.
Chaque secteur d'activité, chaque taille d'entreprise, doit intégrer et bénéficier de ses spécificités. En revanche, profiter des synergies d'un éditeur généraliste est plus pérenne. Prenons l'exemple de l'industrie automobile : Chez Renault ou Peugeot, des constructeurs généralistes, vous pouvez acquérir un véhicule spécialisé, un cabriolet, une fourgonnette, un véhicule commercial, etc.
Ils bénéficient de la R&D commune et d'une plate-forme technique identique, mais cela n'empêche pas quelques constructeurs très spécialisés de conserver une part de marché dans le domaine des voitures de luxe, par exemple. Le marché informatique pourrait bien prendre une direction similaire. A méditer pour les éditeurs de progiciels ?
AB - Philippe Nieuwbourg, je vous remercie.
