Fini le gaz et le pétrole ? Les géants pétroliers veulent maintenant exploiter les inépuisables ressources en hydrogène du sous-sol

05 novembre 2023 à 08h58
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 Anticiper la disparition du pétrole, une nécessité pour la survie du système économique © shutterstock.com
Anticiper la disparition du pétrole, une nécessité pour la survie du système économique © shutterstock.com

Les titans de l'or noir portent désormais leur regard ailleurs que sur cette source d'énergie, qui arrive progressivement à l'épuisement. Leur nouvelle conquête ? L'hydrogène géologique.

Malgré le fait que notre belle planète se réchauffe à petit feu, le constat du GIEC au sujet de la consommation mondiale de pétrole est très net : nous en utilisons toujours plus. Selon leurs estimations les plus récentes, le pic de consommation sera atteint en 2028. Historiquement, notre civilisation est dépendante des énergies fossiles. Cependant, celles-ci sont évidemment loin d'être illimitées. C'est pourquoi les industriels du pétrole pensent déjà à une énergie alternative : l'hydrogène, soit l'élément chimique le plus abondant dans tout l'univers. Certains pays, comme la Chine par exemple, sont déjà très en avance dans le domaine.

La promesse d'une énergie en quantités démesurées

Le potentiel de l'hydrogène géologique réside principalement dans le fait qu'il soit présent sur Terre en quantités très importantes. On le présente souvent comme une source d'énergie « inépuisable » : c'est vrai si son extraction se fait de manière durable et écologique et si les processus géologiques qui le produisent se maintiennent en continu.

Doug Wicks travaille au ARPA-E (Advanced Research Projects Agency-Energy, une agence publique chargée de soutenir la recherche dans le domaine des énergies renouvelables) aux USA. Il estime ainsi que 150 trillions de t3 d'hydrogène sont potentiellement exploitables sur notre planète, sachant qu'un milliard de t3 de celles-ci pourraient alimenter l'ensemble des États-Unis pendant une année.

Pour illustrer le potentiel renouvelable de l'hydrogène, Luke Velterop, directeur des opérations d'HyTerra explique : « Imaginez le potentiel que représente une usine souterraine, alimentée par la nature elle-même et capable de fournir un approvisionnement renouvelable d'énergie propre ». Cet or blanc, tel qu'on le surnomme désormais, est particulièrement présent dans certaines zones, comme les rifts tectoniques. Il est déjà ciblé par des opérations de forage, aux États-Unis, en Europe et en Australie.

 L'hydrogène sera-t-il notre sauveur ? ©  Rafael Classen / Pexels
L'hydrogène sera-t-il notre sauveur ? © Rafael Classen / Pexels

Des défis techniques à la hauteur de l'enjeu

Extraire du pétrole et extraire de l'hydrogène sont deux processus différents. Pour le premier, il s'agit de pomper des hydrocarbures sous forme visqueuse issus de réserves souterraines. Pour l'hydrogène, il faudra adopter de nouvelles stratégies pour accéder aux réserves, car celui-ci est le produit de réactions chimiques qui ont lieu en continu. Il peut être ainsi disséminé plus largement, ce qui implique une autre forme d'expertise. Toutefois, dans les deux cas, il faut forer, et c'est un processus que nous maîtrisons depuis longtemps.

Geoff Ellis est géochimiste pour l'USGS's Energy Resources Program. Il met en lumière le fait que l'hydrogène reste toutefois plus compliqué à localiser : « il n'y a rien de surprenant au fait que l'hydrogène soit passé inaperçu jusqu'à présent : c'est un gaz incolore et inodore. Il est consommé très rapidement par des microbes sous la surface de la Terre dès qu'il commence à s'en échapper. Des réserves très importantes peuvent être situées sous nos pieds. Maintenant, il faut déterminer la localisation précise de ces accumulations pour pouvoir ensuite forer et accéder à ces stocks  ». La course à la localisation est donc lancée !

Les enjeux énergétiques qui se cachent derrière l'hydrogène géologique sont colossaux : celui-ci pourrait être une des portes de sorties par laquelle nous pourrions transiter lorsque le pétrole aura disparu. Geoff Ellis estime qu'une exploitation efficace de cet élément pourrait satisfaire « toute la demande mondiale, d'environ 500 millions de tonnes par an, sur des centaines d'années ». Les domaines de l'aviation et de la génération d'énergie stationnaire pourraient largement en profiter. Des start-ups comme Naturel Hydrogen Energy ou HyTerra sont déjà sur le coup et ont déjà des projets de forage en cours. De quoi attirer l'attention des géants du pétrole très certainement.

Source : Forbes

Camille Coirault

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Commentaires (16)

vvdb
Il faut intensifier les réactions chimiques du sous sol pour augmenter la densité du gaz, ce n’est pas encore gagné.<br /> La production naturelle n’est pas ‹&nbsp;industrielle&nbsp;› mais sporadique.<br /> On peut ensuite pour la mobilité faire des hydrocarbures simples avec l’hydrogène et du CO² et la boucle est bouclée… Car le réservoir à hydrogène dans une voiture, c’est très compliqué question sécurité.<br /> Faire en sorte que tout cela soit industrialisé et peu cher va prendre du temps.
Euronouille
Actuellement pour extraire de l 'hydrogène ben on emploie du gaz et du charbon<br /> Damned encore raté !<br /> Jancovici m 'a bien fait rire !<br /> Si , si , ca existera un jour l’avion a hydrogène , enfin probablement ,pour une poignée de milliardaires
keyplus
inépuisable?
Buche_Ron
2 enormes probleme<br /> les fuites, l’hydrogene est un gaz a effet de serre puissant, les fuite lors de l’exploitation et de lutilisation seront tres importantes.<br /> la consommation d’energie pour son exploitation. contrairement à ce que voudrait faire croire l’article , l’hdrogene n’est jamais à l’etat pur, le separer du gaz naturel est tres energivore, mais ce n’est rien comparé à la compression et à la liquefaction de l’hydrogene pour son stockage et son transport. l’hydrogene n’assure un avenir que pour les petroliers rien d’autre.<br />
MattS32
keyplus:<br /> inépuisable?<br /> C’est une théorie, basé sur le fait que l’un des rares sites exploités actuellement n’a pas eu de baisse de rendement en une dizaine d’années.<br /> En gros, il y aurait des réaction chimiques entre certains minéraux du sous-sol (par exemple, le fer) et l’eau qui auraient notamment comme produit de l’hydrogène. Et les quantités de ces minéraux sont telles que effectivement, on serait proche de l’inépuisable à l’échelle de l’humanité.<br /> Mais ça n’est pas encore formellement démontré, on ne sait ni si ces réactions ont effectivement bien lieu en permanence, ni si elles se font à un rythme suffisant pour entretenir un gisement qui serait exploité à grande échelle (le gisement témoin est exploité à relativement petite échelle, il sert à alimenter en électricité un village).<br /> Certains réfléchissent d’ailleurs déjà à des techniques pour provoquer/accélérer les réactions si leur occurrence naturelle est insuffisante.
Euronouille
J’ y avais pas pensé mais votre titre est ridicule ,jamais vu ne vous éclairerez a l hydrogène , JAMAIS !
brice_wernet
Bien dit. Utiliser le terme inépuisable est une erreur déjà vécue (le pétrole était annoncé inépuisable, tout comme les poissons dans la mer).<br /> C’est une double erreur: rien n’est inépuisable, et si quelque chose est inépuisable, il a une offre quasi infinie, donc ne peut pas avoir de prix.
alsaco67
«&nbsp;Car le réservoir à hydrogène dans une voiture, c’est très compliqué question sécurité&nbsp;»<br /> 1/Totalement faux<br /> 2 / Inépuisable : faux<br /> 3 / Aujourd’hui, l’hydrogène utilisable comme énergie présente une balance énergétique négative (il faut apporter davantage d’énergie pour le produire qu’il en fournit or pour apporter de l’énergie il faut … de l’électricité …) . La fusion, depuis 50 ans est devant le même challenge …<br /> 4 / il existerait des réserves sous terre d’H2 ? ah bon … des poches énormes qu’ils suffiraient «&nbsp;de puiser&nbsp;» comme c’est écrit avec un raccourci expéditif ? …je me marre …<br /> 5 / Comme il est écrit aussi, la consommation d’énergie continue à augmenter (et donc les conséquences) et cela ne changera jamais. Quand on voyage, on se rend compte que l’on en peut pas dire aux pays pauvres de rester dans la misère et ne pas se développer pour le bien des pays riches qui gaspillent sans compter et sans aucune retenue .<br /> 6/ les individus sont égoïstes et chacun veut conserver son confort et même le développer, les efforts , se sont pour les autres , c’est ainsi : donc, on en va pas dans le mur, on est déjà dans le mur.<br /> 7 / le changement climatique (dramatique) est engagé et irréversible (voir rapport d’institut de climatologie mais aussi les travaux du M.I.T pour s’en rendre compte et pas des articles de sites dont la fonction même et de vivre de publicité qui incitent à la consommation de produits et donc d’énergie)<br /> 8/ Il faut arrêter de croire au père Noel et , avant de publier quoique ce soit, faire un travail de journaliste d’investigation, de recherche et pas juste rapporter par copier/coller es articles superficiels …
MattS32
brice_wernet:<br /> et si quelque chose est inépuisable, il a une offre quasi infinie, donc ne peut pas avoir de prix.<br /> On peut bien considérer que certaines ressources sont inépuisables pour l’homme, car l’homme sera physiquement incapable de tout consommer avant de disparaitre. Exemple tout bête, la lumière du Soleil.<br /> Par contre ça n’implique pas forcément un coût nul pour l’exploiter et donc une absence de prix pour l’utiliser. Exploiter la lumière du Soleil ne sera jamais gratuit. Même si c’est une ressource inépuisable.<br /> Bon cela dit pour l’hydrogène naturel, son caractère «&nbsp;inépuisable&nbsp;» car renouvelable est vraiment très loin d’être établi. Très très loin.
fredericlefevre15
J’aimerais qu’on me précise le sens du mot «&nbsp;inépuisable&nbsp;» dans ce contexte.<br /> Pour ce qui est de l’hydrogène ; il ne sera jamais plus efficient que l’électricité pour la mobilité.<br /> Pour ce qui est de l’exploitation des ressources minières de la terre, je pense de plus en plus a nous comparer (nous, humains) a de la moisissure qui s’attaque à un fruit.<br /> Imaginez un instant les pensées d’extraterrestres en voyant de loin l’expansion de cette moisissure a la surface du globe, en sachant que cette moisissure s’enfonce de plus en plus profondément dans la croûte terrestre.<br /> Quand on sait comment fini le fruit qui moisi, aucun doute sur l’issu de l’humanité, le seul inconnu est le temps que cela prendra.<br /> Pour en revenir à nos contemporains, les énergies alternatives en recherche pour remplacer celles en fin de ressources ne font qu’accelerer notre consommation.<br /> On ne fera ni plastique, ni goudron avec de l’hydrogène, conclusion, pour passer a l’après pétrole, il faut apprendre maintenant a le remplacer dans TOUTES ses applications.<br /> Et je suis d’accord avec d’autres commentaires, rien n’est inépuisable.
Wen84
La vérité c’est que le jour où on réussira à exploiter le truc (Si on y arrive), on y trouvera surement d’autres limites jusqu’à présent inconnues.
pecore
Cela aurait été si difficile de mettre inépuisable entre guillemets, ou de rajouter «&nbsp;soi disant&nbsp;» devant ? Si peu d’effort pour tellement de gain en véracité et en crédibilité.
Martin_Penwald
Donc l’hydrogène ne serait plus juste un vecteur énergétique mais une source d’énergie selon ce modèle. C’est intéressant, mais ça demanderait un peu plus de clarifications.
Martin_Penwald
On ne fera ni plastique, ni goudron avec de l’hydrogène, conclusion, pour passer a l’après pétrole<br /> Ben oui, mais si on ne s’en servait que pour faire des plastiques et du goudron sans le brûler bêtement, on en aurait pour un bout de temps avant d’avoir à faire sans.<br /> Le plus tôt on arrête de s’en servir dans des moteurs à combustion le plus longtemps on pourra s’appuyer dessus dans l’industrie pétrochimique.
Guillaume1972
Certains estiment même que le «&nbsp;pic oil&nbsp;» est derrière nous, est-on certain qu’il y a tant d’hydrogène «&nbsp;blanc&nbsp;» que ça? Et même si je sais que les gisements riche en fer régénèrent l’hydrogène puisé plus rapidement. Voir a propos du gisement «&nbsp;trouvé&nbsp;» récemment dans l’est de la France et qui serait le plus grand du monde (tout du moins à l’heure de sa découverte)<br /> L'Automobile Magazine – 9 Sep 23<br /> Et si la France avait trouvé le plus gros gisement d'hydrogène au monde ?<br /> Des recherches dans l'Est de la France, dans une région autrefois minière, ont révélé d'énormes quantités d'hydrogène directement exploitable. L'opportunité d'u<br />
mcbenny
Il y a un truc qui m’inquiète quand même…<br /> Si je ne m’abuse, l’hydrogène est un gaz plus léger que l’air, donc si on le retire du sol pour le «&nbsp;bruler&nbsp;», le détruire, est-ce que la Terre ne risque pas de tomber après ?
Martin_Penwald
Euh, quoi ?<br /> Quand on le brûle, on produit de l’eau, je vois pas trop le rapport avec la tere qui tombe.
brice_wernet
On en connais déjà pas mal… Le stockage, la distribution sont infiniment plus complexes et dangereux que pour de l’essence.<br /> D’où la tentative de recréer de l’essence à partir de CO2 capté dans l’air et d’hydrogène.
Maspriborintorg
L’hydrogène géologique est produit par réaction de l’eau sur des roches à haute température(plus de 400°C) : La roche est oxydée par l’eau et l’hydrogène est libéré. En injectant de l’eau dans les profondeurs de la croûte terrestre, la réaction démarre automatiquement. La masse de roches oxydables est telle que la production d’hydrogène n’est pas limitée.<br /> Relâché dans l’atmosphère, l’hydrogène a une durée de vie courte, (se combine avec l’oxygène pour former de l’eau ou s’échappe dans l’espace)contrairement au CO2 beaucoup plus stable.
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