Jacques Rosselin, PDG de CanalWeb

09 août 2001 à 00h00
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Jacques ROSSELIN , PDG de CanalWeb, nous présente le premier opérateur européen de télévision sur Internet

PU : Monsieur Jacques Rosselin, bonjour. Pouvez-vous me parler brièvement de votre parcours et présenter la société CanalWeb ?

JR : J'ai commencé dans le multimédia en 1981, d'abord comme journaliste chez A Jour, puis comme chargé de mission au ministère de l'industrie (financement des banques de données technologiques), puis comme consultant indépendant. J'ai notamment travaillé à l'exportation du modèle économique Minitel aux Etats-Unis avec Josh Harris (fondateur de Jupiter et de Pseudo.com) en 1986 et 1987 en fondant avec lui le Videotex Design Group. Puis, j'ai abandonné le multimédia pour créer Courrier International en 1990. Je l'ai vendu à la général occidentale en 1994 et quitté en 1995. J'ai alors travaillé sur des projets de presse, sans succès. A l'occasion de retrouvailles avec Josh Harris (qui entre temps avait fondé pseudo.com) en mai 1997, j'ai décidé de lancer CanalWeb. Les fonds ont été réuni en juillet 98 et nous nous sommes installés en septembre à Cognacq-Jay.

CanalWeb est le premier opérateur européen de télévision sur Internet. Pionnier et leader en Europe, CanalWeb produit et diffuse des programmes de télévision thématiques sur Internet, propose sa plate-forme de diffusion unique en Europe à des chaînes de télévision (aujourd'hui essentiellement des télévision locales lancées par la PQR), et commercialise son savoir-faire auprès des grandes entreprises qui souhaitent utiliser la télévision sur Internet pour leur communication en créant des chaînes d'entreprise ou des chaînes de marque.

PU : Quel est votre son sentiment suite aux fermetures de nombreuses webTV ces derniers mois, aussi bien en France à l’instar de nouvo.com qu’aux USA ?

JR : Beaucoup de start up Internet ont rencontré des difficultés depuis septembre dernier. Les "webTV' n'échappent pas à la règle.

Internet est indissociablement lié à l'avenir de la télévision numérique. Une grande partie de la télévision numérique sera diffusée via internet. Les entreprises dans ce secteur doivent être épaulées par des partenaires industriels et financiers qui ont cette vision à long terme.

Malheureusement, la plupart des entreprises de l'internet ont été financées par des gens sans vision industrielle, à la recherche d'un profit spéculatif à court terme. C'est ce qui explique la disparition de beaucoup d'entreprises innovantes dans ce secteur, y compris les entreprises de web-tv.

PU : Quel est dorénavant votre modèle économique après les difficultés rencontrées par le secteur ?

JR : CanalWeb réduit progressivement ses dépenses depuis octobre dernier. Mais son modèle économique reste le même. Développer un opérateur de télévision thématique sur Internet (CanalWeb.net), et parallèlement proposer son savoir faire à des entreprises et plate-forme de diffusion au travers de ses activités "CanalWebCast et "CanalWeb Corporate Media". Dans la première activité, le modèle est celui de la télévision numérique en générale : abonnement et pub. Pour les deux autres, c'est de la prestation.

PU : On parle beaucoup de développement de contenus sur abonnement ou de « pay-per-view », quels sont les projets de Canalweb ? D’après vous, les internautes sont-ils prêts à payer ou il est encore trop tôt ?

JR : Ce n'est pas trop tôt pour les sites X qui proposent de la télévision « on demand » payante depuis plusieurs années. Pour des événements télévisés non plus (Loft Story aurait pu faire payer l'accès à sa télé sur Internet, nous aurions pu faire payer le championnat du monde d'échec). La question du paiement est très liée à la politique des distributeurs d'Internet haut débit dans ce domaine, et notamment celle de . La baisse de l'abonnement à l'ADSL de 300 F par mois à 200 F est un début. Elle va permettre de faire facturer par France Telecom des abonnements ou du « pay per view » pour des programmes thématiques en sus de l'abonnement de base (qui doit être le plus bas possible, c'est un bon début !). Le modèle est quelque part par là. Les FAI haut débit qui savent micro facturer l'abonné final et qui reversent à l'opérateur TV, Radio, etc.

PU : Quels sont les programmes qui marchent le mieux ? Est-ce que les contenus « roses » fonctionnent bien ?

JR : Tout ce qui est thématique (jeux vidéos, échecs), ce qui est people (Pierre Botton, Macha), ce qui est décalé (qu'on ne voit pas à la télé classique comme 7 leçons de drague), ce qui est rose (par ce que le PC est avant tout une TV personnelle, individuelle).

PU : Vous avez servi de prestataire technique lors d’événements importants. Pouvez-vous me parler plus en détail de votre activité BtoB et la place qu’elle occupe en terme de chiffre d’affaires ?

JR : C'est aujourd'hui les 2/3 de notre CA. Nous avons effectivement monté la télévision de Davos et celle du sommet de la banque mondiale.

PU : Vous définissez-vous plutôt comme un producteur ou un diffuseur ? Et envisageriez vous de développer votre propre technologie d'encodage type RealPlayer ou WindowsMedia ?

JR : Diffuseur. Aujourd'hui essentiellement de nos productions, demain d'autres chaînes webtv ou tv thématiques : notre direction marketing travaille la dessus avec l'ancien patron de keskiya.fr.

Nous travaillons aujourd'hui avec les deux. Pour Real, le problème est que de fournisseur, il se transforme progressivement en concurrent. Leur programme Gold Pass n'est rien d'autre qu'un CanalWeb avec peu de programmes (et uniquement américain !). Nous discutons avec l'équipe française pour essayer de trouver un mode de coopération. Si l'on ne trouve pas d'accord, nous serons concurrents.

PU : Quelle est votre opinion sur l’arrivée de PressPlay et MusicNet dans la musique ? Peut-on penser à l'arrivée prochaine de telles plate-formes dans la vidéo ?

JR : Sans doute. Je connais mal ces plate-formes. Je pense surtout que les opérateurs de télévision numérique sur Internet vont proposer, outre des chaînes thématiques ou des films, des programmes nouveaux que l'on ne peut pas voir sur une télé classique.

PU : Avez-vous des ambitions à l’international ?

JR : Moins aujourd'hui, compte tenu de la conjoncture. Nous maintenons une filiale en Espagne à Barcelone, parce que notre partenaire est très bon. Il s'agit de Ovideo, l'opérateur de plusieurs télévision locales dont la prestigieuse Barcelona TV.

PU : Quels seront les futurs projets et défis de Canalweb ? Etes-vous plus serein concernant l’avenir ?

JR : Le projet est de tenir. L'avenir est toujours incertain pour une société en développement, mais le temps travaille pour nous : tout le monde se rend compte de l'importance que va prendre Internet dans la diffusion de programmes de télévision, et de la position de leader de CanalWeb.

PU : Monsieur Jacques Rosselin, je vous remercie.

Propos recueillis par Pascale Ulmo
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