NVIDIA déploie sa nouvelle génération de serveurs avec des RTX 5080, remplaçant les RTX 4080 au sein du palier Ultimate de GeForce NOW. Entre image ultra-détaillée, latence imperceptible et framerate boosté, cette mise à niveau change-t-elle vraiment la donne ?

Début 2023, nous testions GeForce NOW Ultimate dans sa version RTX 4080. Cette première montée en gamme marquait un tournant important pour le service de cloud gaming de NVIDIA, qui parvenait enfin à convaincre sur des points longtemps jugés problématiques : la latence, la stabilité du flux vidéo, ou encore la compatibilité avec des écrans de plus en plus exigeants.
L'expérience nous avait déjà impressionnés, mais on distinguait encore une frontière — parfois fine, parfois évidente — entre jeu local et jeu dans le cloud. C’est précisément cette frontière que NVIDIA cherche aujourd’hui à effacer, en déployant sa toute nouvelle génération d’infrastructure basée sur les GPU Blackwell. Après dix jours de test intensif sur différents appareils, le moins qu'on puisse dire, c'est que cette promesse est largement tenue.
- Qualité d'image exceptionnelle si votre connexion le permet
- 4K120 HDR 10 bits 4:4:4 à 100 mb/sec
- Les performances et les technologies d'une RTX 5080
- La latence maitrisée
- Un tarif qui n'augmente pas
- De plus en plus d'appareils compatibles et optimisés
- Toujours pas de client Apple TV
- Mode « Cinématographique » pas disponible sur toutes les plateformes
- Fonction « Install-to-Play » encore très limitée
- La frame generation génère de la latence sur les appareils sans écrans VRR
Test réalisé avec un compte mis à disposition par NVIDIA (connexion sur le serveur France 1). La mise à jour des serveurs GeForce NOW vers l'offre Ultimate RTX 5080 débutera dès aujourd'hui, pour un tarif qui n'augmente pas : 21,99 € / mois.
Une mise à jour ambitieuse côté serveur
Avec le passage aux SuperPODs RTX 5080, NVIDIA ne se contente pas d'un simple upgrade de performances. C’est toute la chaîne de rendu qui évolue. Le service de cloud gaming propose désormais des modes de streaming allant jusqu’au 5K 120 Hz sur PC, au 1440p 240 Hz ou encore au 1080p 360 Hz pour les amateurs de jeux compétitifs. Ces débits sont soutenus par un ensemble d’optimisations réseau pointues — Reflex côté serveur, synchronisation Rivermax, et prise en charge du protocole L4S chez plusieurs fournisseurs d’accès (malheureusement pas en France) — permettant de maintenir une latence sous les 30 millisecondes dans les meilleures conditions.
Mais la vraie révolution se situe peut-être dans le mode « Cinématographique ». En activant ce preset, on accède à un flux encodé en 10 bits HDR, avec une compression en 4:4:4, là où le cloud gaming s’est toujours contenté de 4:2:0 au mieux. Ajoutez à cela une série de filtres IA (optionnels) appliqués côté serveur pour affiner les détails fins et stabiliser l’image, et vous obtenez une qualité de rendu jusqu’ici jamais vue dans le cloud. Cerise sur le gâteau, le débit maximal grimpe désormais à 100 Mb/s si votre connexion le permet.
Un rendu visuel à couper le souffle
Installé confortablement devant notre TV OLED 4K (LG B9), les premières minutes de jeu en mode « Cinématographique » laissent une impression tenace : celle de jouer sur un PC haut de gamme local. L’image est ultra nette, les textures complexes conservent toute leur finesse, les menus s’affichent sans bavure, et les scènes rapides restent parfaitement lisibles, sans artefact de compression. Même sur les jeux réputés gourmands comme Cyberpunk 2077 ou Alan Wake II, le rendu est impressionnant. Grâce à l’encodage 4:4:4, les éléments fins comme les feuillages, les reflets ou les sous-titres apparaissent sans aucune trace de dégradation.
Ce résultat n’est possible qu’avec une connexion stable et rapide. Lors de nos essais, nous avons systématiquement activé le mode 100 Mb/s, que ce soit sur une liaison Ethernet ou via un excellent Wi-Fi 6E. Dans ces conditions, nous n’avons constaté aucune instabilité, aucun artefact, aucune baisse de qualité visible. Le stream reste fluide, même sur les phases les plus chargées. Et lorsque l’on repasse à un PC local équipé d’une RTX 5090… la différence devient franchement ténue.
Une latence maîtrisée, même dans les jeux nerveux
C’est souvent sur la réactivité que le cloud pêche. Pas ici. Dans des jeux très exigeants comme CS2, Apex Legends ou Rocket League, le retour des commandes est immédiat. Que ce soit via la Shield TV, le client PC ou le Steam Deck OLED, la sensation de contrôle est constante. L’activation du VRR sur notre TV OLED 120 Hz gomme les micro-variations de cadence et contribue à cette fluidité exemplaire.
Attention, sur un appareil qui ne possède pas d'écran VRR ou qui n'est pas compatible avec Reflex (comme la Shield TV… de NVIDIA), l'activation de la frame generation introduira de la latence. Cela reste correct en x2, mais oubliez la multi-frame generation, pourtant fer de lance des RTX 50. Sur les futurs très gros jeux (The Witcher 4, GTA 6), elle deviendra surement indispensable. Autre point qui peut avoir un impact sur la latence : la connexion Bluetooth avec votre appareil client. Sur notre Shield TV, l'input lag dû au Bluetooth est plus important que la latence serveur. Mais n'oublions pas que la box de NVIDIA commence à sérieusement accuser son âge, des appareils récents feront bien mieux.
Sur le plan purement subjectif, la différence avec un PC local est difficile à identifier sans outils de mesure. En usage réel, même en mode compétitif, le cloud tient tête à une configuration e-sport bien calibrée. NVIDIA semble avoir trouvé le bon équilibre entre la puissance serveur, l’encodage optimisé et la stabilité réseau. C’est tout simplement bluffant.
Un service à l’aise sur (presque) tous les écrans
Sur PC connecté à une TV OLED 4K 120 Hz, on profite pleinement du mode « Cinématographique », avec un rendu d’une propreté exemplaire. Sur Shield TV, l’expérience reste très bonne, même si certaines limitations persistent : les flux restent en 4:2:0 et le rafraichissement est limité à 60 Hz, tandis que sur Android, les modes à très haut framerate ne sont pas encore disponibles.
Sur Steam Deck OLED, le nouveau client natif est une excellente surprise. Il permet de jouer en 90 fps, ce qui matche parfaitement avec les spécifications de l’écran OLED de la console. Couplé à un bon réseau Wi-Fi 6, le résultat est là encore très convaincant. On regrette simplement l’absence de certaines options avancées, mais dans l’ensemble, le Deck devient une plateforme mobile très crédible pour du cloud gaming sérieux.
En revanche, GeForce NOW reste désespérément absent de l’Apple TV. Ce boîtier multimédia pourtant très populaire dans l’écosystème Apple ne dispose toujours d’aucun client officiel, ce qui empêche d’y accéder nativement. Un manque étonnant alors que de plus en plus de téléviseurs connectés intègrent le service directement.
C’est d’ailleurs le cas des nouvelles TV LG compatibles avec GeForce NOW, qui profitent d’une mise à jour logicielle intégrant le support du 4K 120 Hz directement dans l’interface webOS. Pour les utilisateurs de salon équipés d’un bon téléviseur, cette compatibilité native transforme le téléviseur en machine de jeu haut de gamme, sans avoir à passer par un boîtier externe ou un PC.
Install-to-Play : une bonne idée encore inaboutie
Autre nouveauté importante : le mode « Install-to-Play ». Celui-ci permet de télécharger dynamiquement des jeux de votre bibliothèque Steam dans un espace de stockage cloud dédié (via NVMesh), même s’ils ne sont pas encore officiellement listés comme « Ready-to-Play ». Sur le papier, cette fonction double quasiment le nombre de jeux disponibles, en le faisant passer de 2 300 à plus de 4 500.
En pratique, toutefois, cette fonctionnalité reste conditionnée à plusieurs critères : le jeu doit être compatible avec le protocole cloud de Steam, et le développeur ou l'éditeur doit avoir activé la fonctionnalité. Mais si le blocage résulte d'une « politique commerciale », les jeux ne seront pas plus disponibles qu'avant sur le service de NVIDIA. Résultat : des titres très populaires comme Elden Ring restent encore et toujours inaccessibles. L’idée est là, mais tant que des éditeurs feront de la résistance, le catalogue complet ne sera pas compatible. En revanche, le petit développeur indé pourra mettre à disposition son jeu immédiatement, sans attendre la validation complète de NVIDIA.
La gestion des installations/désinstallation s'effectue comme sur votre Steam local. © Colin Golberg
Des jeux AAA bien mis en valeur
Le service tire pleinement parti de ses nouvelles capacités matérielles. Des titres très exigeants comme Cyberpunk 2077 (avec DLSS 4 et path tracing), Microsoft Flight Simulator 2024 ou encore Indiana Jones and the Great Circle, sont superbement rendus. Les effets de lumière, le HDR, le framerate élevé : tout est sensiblement identique à une expérience en local sur un PC haut de gamme équipé d'une RTX 5080. On a vraiment le sentiment de jouer dans les meilleures conditions possibles, sans jamais avoir eu à installer le moindre jeu.
Le benchmark intégré de Cyberpunk 2077 est en phase avec nos mesures locales sur une RTX 5080. © Colin Golberg
Bien entendu, il faudra vous assurer d'avoir une connexion qui tient la route pour espérer profiter du service dans les meilleures conditions, cela-dit n'importe quelle connexion en fibre optique sur le territoire français devrait satisfaire la plupart des usages. La firme de Santa Clara recommande une connexion filaire en Ethernet, mais un bon wifi fonctionnera aussi très bien. Voici les débits conseillés par NVIDIA selon les usages :
| Résolution & fréquence | Débit recommandé | Mode conseillé |
| 5K @ 120 FPS (5120×2180p) | ≥ 65 Mbps | Personnalisé / Cinématographique |
| 1440p / 1600p @ 240 FPS | ≥ 55 Mbps | Compétitif / Personnalisé |
| 1080p @ 360 FPS | ≥ 48 Mbps | Compétitif |
| 4K @ 120 FPS | ≈ 55–65 Mbps | Équilibré / Cinématographique |
| 4K @ 60 FPS (SHIELD TV) | ≥ 35 Mbps (estimation NVIDIA) | Équilibré |
| Mode Cinématographique (CQS) | Jusqu’à 100 Mbps | Cinématographique |
Enfin, n'oublions pas que les clients actuels de l'offre Ultimate du service, auront une mise à jour automatique et sans surcout vers l'offre RTX 5080. C'est assez rare pour le préciser, bien joué NVIDIA !
NVIDIA GeForce NOW Ultimate RTX 5080 : l'avis de Clubic
Cette nouvelle génération de GeForce NOW Ultimate s’adresse clairement à un public exigeant. Ceux qui veulent tirer le meilleur parti de leur écran 4K HDR 120 Hz auront une solution crédible pour profiter d’une qualité équivalente à celle d’un PC local à plusieurs milliers d’euros. Pour ce type d’utilisateur, le service fait merveille.
Mais attention : cette offre surpuissante est peut-être un peu trop ambitieuse pour les joueurs équipés d’écrans 1440p ou 1080p. Et si NVIDIA propose aussi des modes compétitifs à très haut framerate, il faut bien reconnaître qu’une bonne partie des joueurs e-sport préférera toujours jouer en local, pour éviter tout aléa réseau. GeForce NOW Ultimate RTX 5080 reste donc avant tout un service taillé pour ceux qui veulent le nec plus ultra visuel et technique — sans investir dans une machine dédiée.
Avec cette bascule vers les RTX 5080, GeForce NOW Ultimate confirme son immense avance sur le cloud gaming haut de gamme. L’image est d’une qualité jamais vue en streaming, la latence est maîtrisée, la fluidité irréprochable, et le tout fonctionne aussi bien sur un téléviseur 4K que sur une console portable type Steam Deck.
À condition d’avoir une bonne connexion, GeForce NOW RTX 5080 est sans doute aujourd’hui ce qui se rapproche le plus du PC gamer… sans le PC gamer.
- Qualité d'image exceptionnelle si votre connexion le permet
- 4K120 HDR 10 bits 4:4:4 à 100 mb/sec
- Les performances et les technologies d'une RTX 5080
- La latence maitrisée
- Un tarif qui n'augmente pas
- De plus en plus d'appareils compatibles et optimisés
- Toujours pas de client Apple TV
- Mode « Cinématographique » pas disponible sur toutes les plateformes
- Fonction « Install-to-Play » encore très limitée
- La frame generation génère de la latence sur les appareils sans écrans VRR
