Ceatec : on a testé la 3D sans lunette qui décoiffe... encore inaccessible

06 octobre 2011 à 06h53
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Au Ceatec, le centre de recherches NICT présentait cette semaine les fruits de ses récents travaux en matière d'affichage 3D sans lunette. Le résultat constitue sans nul doute l'expérience de relief à l'oeil nu la plus convaincante qu'il nous ait jamais été donné de voir. Les chances d'en profiter un jour chez soit sont toutefois bien minces, tant le dispositif se révèle complexe.

Notre couverture assidue des salons de la planète high-tech nous a permis de tester bon nombre de prototypes de TV 3D sans lunettes et, force est de le constater, le résultat ne s'est pour l'instant jamais révélé à la hauteur de nos attentes, même si l'on constate d'indéniables progrès année après année. Le problème ne viendrait-il pas du fait que les fabricants sont d'abord guidés par un objectif de faisabilité commerciale ?

Le NICT (National Institute of Information and Communications Technology) raisonne en termes différents. Pour ses ingénieurs, l'objectif est en effet d'atteindre le rendu le plus efficace possible, quels que soient les moyens à mettre en oeuvre, pour ensuite réfléchir à la démocratisation des technologies ainsi conçues. Autrement dit, il s'agit d'attaquer le problème par le haut plutôt que par le bas, avant de chercher comment adapter les procédés ainsi découverts aux réalités du marché. Une fois vécue la démonstration présentée lors du Ceatec, le bien fondé de la démarche ne fait plus guère de doute.

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Derrière de grands rideaux noirs se cache ainsi un écran de quelque 5 mètres de diagonale (200 pouces), sur lequel le visiteur du salon voit pendant quelques minutes des scènes en relief, élaborées à partir de modèles 3D, se succéder : structures tridimensionnelles de boules d'acier, manège pour enfants ou voiture de course, la démonstration est à chaque fois d'une efficacité sans faille, avec un réel effet de profondeur doublé d'un jaillissement prononcé. Arrive ensuite un requin dont on a l'impression qu'il perce vraiment l'écran pour venir se rapprocher du spectateur.

La démonstration ne fait aucune surenchère, bien loin des scènes qu'on trouve parfois dans les cinémas relief des parcs d'attraction : il ne s'agit pas ici de provoquer des sensations fortes ou d'impressionner, mais bien d'offrir un rendu réaliste. Le jaillissement se borne donc aux proportions nécessaires à la création d'une véritable profondeur dans l'image.

L'effet est d'autant plus probant qu'en se déplaçant dans le léger arc de cercle permis par les barrières qui jouxtent l'espace réservé aux spectateurs, on ne perd jamais ni l'effet de relief, ni le sentiment de netteté associé. La marge de manoeuvre est réduite (l'espace fait environ 1,5m de large), mais elle suffit à créer un confort et un réalisme bien supérieur à celui que procurent toutes les dalles 3D sans lunettes actuelles.

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Quel que soit le modèle (Alioscopy, Toshiba, Sony, etc.), les TV 3D glass less actuelles requièrent en effet que le spectateur soit placé selon un axe bien précis pour profiter de l'image relief. S'il en sort, l'image se dédouble instantanément et l'effet de relief disparait. Cette contrainte est inhérente au procédé utilisé pour créer l'illusion du relief. Ces TV 3D reposent sur un système de lentilles apposées à la surface de l'écran, qui se chargent d'aiguiller les rayons lumineux destinés à chacun des deux yeux. Cette « parallaxe » offre généralement jusqu'à neuf angles de vision différents, ce qui permet de profiter de l'effet 3D tant que l'on se situe bien dans l'un des neuf axes associés.

La technologie du NICT se révèle à la fois plus contraignante et plus permissive : un seul angle de vision est proposé, mais celui-ci offre une certaine flexibilité à l'utilisateur, qui y gagne la possibilité de se déplacer légèrement par rapport à l'objet projeté sans jamais perdre le sentiment du relief.

Une cinquantaine de projecteurs

Pour parvenir à un tel résultat, les ingénieurs n'ont pas fait les choses à moitié. La projection est en effet assurée par plus de cinquante (50 !) projecteurs montés en batterie. Pourquoi un si grand nombre ? Interrogés par nos soins, ils expliquent avoir cherché à minimiser les désagréments de la parallaxe en augmentant le nombre de points de vue proposés. Sur les quelques degrés d'arc de marge que laisse l'écran, on a donc en réalité plus de 50 positions permettant de profiter du relief, si rapprochées qu'on passe de l'une à l'autre sans ressentir la moindre gêne.

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Multiplier les sources lumineuses ne pouvait cependant pas suffire. Réfléchis par une surface plane, les rayons sont en effet susceptibles de se croiser, ou de se chevaucher, entrainant alors un inconfort visuel ou une dégradation du rendu. Chaque projecteur a donc été modifié, adapté, pour délivrer la juste quantité de lumière dans la bonne direction afin que l'ensemble fonctionne de façon harmonieuse. La surface sur laquelle est projetée l'image est également traitée avec un revêtement permettant de maitriser finement la façon dont les rayons sont réfléchis. Observé depuis l'extérieur de la zone de vision conseillée, l'écran ne retourne d'ailleurs quasiment aucune image.

Fort de ce premier protoype plus que probant, le NICT dit maintenant vouloir explorer deux directions. La première consiste à passer la surmultipliée : ajouter encore des projecteurs (potentiellement jusqu'à 200 !) pour pouvoir élargir l'arc dans lequel l'effet 3D est sensible tout en augmentant de façon significative la taille de l'écran. La technologie pourrait ainsi donner naissance à des dispositifs de 3D sans lunette à destination des entreprises ou de l'événementiel. La seconde piste dirigera quant à elle vers le grand public, avec la réduction du nombre de projecteurs impliqués, pour parvenir à proposer des projecteurs qu'un jour, sans doute, le grand public pourra s'offrir, mais ça n'est sans doute pas pour demain.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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