Microsoft semble avoir trouvé le coupable idéal pour expliquer la lenteur de l'adoption de Windows sur ARM : le code vieillissant qui refuse de mourir. Pour forcer le destin et convertir les applications récalcitrantes sans se salir les mains, l'entreprise mise désormais sur des agents virtuels capables de faire le sale boulot à la place des humains.

Samsung Galaxy S25 Ultra © Samsung
Samsung Galaxy S25 Ultra © Samsung

Les machines Copilot+ ont beau afficher une autonomie insolente, elles traînent encore quelques boulets logiciels aux pieds. L'architecture ARM séduit sur le papier mais peine à convaincre les éditeurs de réécrire leurs programmes historiques conçus pour les puces Intel. Devant ce constat d'inertie, Microsoft tente un coup de poker technologique pour ne pas laisser sa stratégie s'enliser. Plutôt que d'attendre un hypothétique réveil des développeurs, la firme de Redmond a décidé de confier les clés du camion à l'intelligence artificielle.​

L'intelligence artificielle au chevet du vieux code

Le projet porte le nom de code évocateur de Strong ARMed, un jeu de mots musclé qui trahit surtout l'impatience de Microsoft face à un écosystème qui n'avance pas assez vite. L'idée maîtresse consiste à déployer des agents d'intelligence artificielle générative pour analyser les millions de lignes de code conçues pour l'architecture x64 et les traduire vers le monde ARM.

Agent IA © Shutterstock
Agent IA © Shutterstock

Il faut imaginer ces agents comme une armée d'ingénieurs débutants infatigables. Ces ouvriers numériques scannent les dépôts logiciels, repèrent les incompatibilités techniques et proposent des modifications concrètes. Ils remplacent les bibliothèques obsolètes et nettoient les instructions qui ne seraient pas comprises par les nouveaux processeurs. C'est un aveu implicite assez savoureux : la conversion manuelle est une impasse budgétaire et temporelle totale. Si l'humain coûte trop cher ou manque de motivation pour adapter un vieux logiciel de gestion, l'IA s'en chargera sans se plaindre et sans demander de pause-café. Le taux de réussite actuel avoisinerait les 30% pour une conversion entièrement automatisée, un chiffre qui peut sembler modeste mais qui représente déjà un gain de temps colossal sur des milliers d'applications.

Une course contre la montre pour Azure et nos PC

Cette frénésie d'automatisation ne vise pas uniquement à contenter les possesseurs de PC portables Surface. L'enjeu est tout aussi financier pour les serveurs Azure désormais équipés des puces maison Cobalt 100. Chaque application non optimisée y gaspille de l'énergie, et donc de l'argent, en passant par des couches de traduction inefficaces. Microsoft a donc tout intérêt à ce que ses propres outils cloud basculent vers le natif le plus vite possible. Google fait face aux mêmes défis et arrive aux mêmes conclusions, preuve s'il en est que Microsoft va dans la bonne direction.

Sur nos bureaux, la situation est tout aussi critique. Certes, l'émulateur Prism a fait des progrès notables en recevant le support des instructions vectorielles AVX en octobre 2025, ce qui a permis de débloquer certains jeux et logiciels créatifs. Mais l'émulation reste une béquille, un pansement technologique qui grignote les performances et la batterie. Même si Microsoft clame haut et fort que les utilisateurs passent désormais 90% de leur temps sur des applications natives, les 10% restants suffisent à frustrer les professionnels qui tombent sur le logiciel indispensable qui refuse de se lancer. L'intelligence artificielle devient donc la solution de la dernière chance pour espérer, un jour, couper le cordon avec le monde x86 sans douleur. Reste à voir si le code généré par ces robots sera plus propre que celui des humains qu'ils remplacent.

Source : WCCFTECH