L'Italie rejoint le bal des régulateurs européens en infligeant une correction salée à la firme de Cupertino. Une sanction qui pointe du doigt l'hypocrisie d'un géant qui verrouille la concurrence sous prétexte de protéger notre vie privée.

C'est une fin d'année qui pique pour la marque à la pomme. Alors que les équipes de Tim Cook pensaient peut-être avoir tourné la page des gros chèques aux régulateurs pour 2025, l'Italie vient jouer les troubles-fêtes. Rome a décidé de s'aligner sur Paris en signant une amende de 98,6 millions d'euros. Le motif ? Toujours le même : l'App Store et ses règles du jeu un peu trop favorables à la maison mère. Après la France et ses 150 millions d'euros réclamés au printemps, c'est une nouvelle réplique sismique qui secoue la Californie. L'Europe semble décidément bien coordonnée pour expliquer à Apple que la protection de la vie privée ne peut pas servir de paravent à tout et n'importe quoi.
Quand la protection de la vie privée devient un outil de domination
L'affaire tourne autour de ce fameux dispositif App Tracking Transparency (ATT), cauchemar des publicitaires depuis 2021. Sur le papier, l'idée est noble : redonner le pouvoir à l'utilisateur. Dans la pratique, l'autorité italienne de la concurrence y voit surtout un excès de zèle calculé. Apple force les développeurs tiers à demander deux fois la permission pour le même traçage publicitaire, transformant le parcours utilisateur en véritable course d'obstacles. C'est un peu comme si un gardien vous demandait votre billet à l'entrée du stade, puis une seconde fois dix mètres plus loin, juste pour être sûr.
Le problème n'est pas tant la sécurité que l'iniquité du traitement. Pendant que les applications tierces doivent montrer patte blanche et subir ce double consentement dissuasif, les services maison d'Apple, eux, empruntent l'entrée VIP. L'autorité italienne souligne cette distorsion de concurrence où le shérif de l'App Store s'applique des règles bien plus souples qu'à ses « invités ». La firme californienne a beau jeu de clamer ses bonnes intentions en matière de confidentialité, les régulateurs européens commencent à voir clair dans ce qui ressemble fort à une stratégie d'éviction déguisée en vertu.
L'étau se resserre autour de l'App Store
Cette décision transalpine ne sort pas de nulle part et confirme que l'étau se resserre. La France avait ouvert le bal en mars dernier, pointant déjà du doigt ces pratiques discriminatoires. L'argumentaire italien fait écho à celui de la CNIL : on ne peut pas imposer aux autres des contraintes techniques disproportionnées que l'on ne respecte pas soi-même. C'est le principe de l'arroseur arrosé, version droit de la concurrence. Apple se retrouve pris à son propre piège, celui d'avoir voulu être juge et partie sur sa plateforme.
La réaction d'Apple ne s'est pas fait attendre, avec la promesse habituelle de faire appel, clamant son innocence et sa dévotion à la transparence. Mais la répétition des amendes raconte une autre histoire, celle d'un modèle économique qui craque sous la pression réglementaire. Entre l'amende française et la sanction italienne, l'année 2025 aura coûté cher en frais d'avocats et en image de marque.
Source : Ars Technica