Avec l'émergence de mégaconstellations de satellites, l'orbite terrestre devient de plus en plus congestionnée. À tel point que nous ne sommes pas si loin d'un véritable chaos orbital, selon cette étude.

Illustration de débris spatiaux en orbite terrestre. ©Vadim Sadovski / Shutterstock.com
Illustration de débris spatiaux en orbite terrestre. ©Vadim Sadovski / Shutterstock.com

À la fin des années 1970, le chercheur Donald Kessler théorisait un scénario catastrophe dans lequel une collision entre deux objets en orbite génèrerait une multitude de débris, susceptibles de provoquer à leur tour de nouveaux impacts. La réaction en chaîne rendrait, par la suite, certaines altitudes tout bonnement inexploitables ; c'est le syndrome de Kessler.

Aujourd'hui, des chercheurs proposent d'évaluer à quel point celui-ci n'est plus une hypothèse lointaine mais un risque mesurable, à travers un nouvel indicateur censé quantifier la fragilité actuelle de l'orbite terrestre.

La coordination doit être parfaite et millimétrée

Dans une étude, ils introduisent la CRASH Clock, pour Collision Realization and Significant Harm, que l'on peut traduire par « horloge du risque de collision grave ». Selon celle-ci, si les capacités d'évitement des satellites devenaient inopérantes, suite à une panne généralisée ou une tempête solaire par exemple, l'impact fatidique qui provoquerait une réaction en chaîne surviendrait en seulement 2,8 jours. Ce délai était encore de 121 jours en 2018.

Starlink joue un rôle central dans cette accélération du risque, d'après les calculs des chercheurs. Avec plusieurs milliers de satellites concentrés dans des couches très fréquentées, la constellation de SpaceX génère un nombre inédit de rapprochements étroits. Dans la zone la plus dense, certains passent à moins d'un kilomètre d'un autre objet toutes les onze minutes en moyenne.

Pour éviter les collisions, l'entreprise réalise en moyenne 41 manœuvres d'évitement par an pour chacun de ses satellites. Le CRASH Clock montre ainsi que la sécurité actuelle de l'orbite repose sur une coordination quasi parfaite et que la moindre défaillance pourrait suffire à faire basculer le système. Et cela est d'autant moins rassurant que de nombreux acteurs s'activent pour déployer leurs propres constellations.

Des satellites Starlink. ©xnk / Shutterstock
Des satellites Starlink. ©xnk / Shutterstock

Des incidents plus fréquents ?

Et les incidents semblent de plus en plus nombreux. Tandis qu'une capsule de la station spatiale chinoise a récemment été endommagée par des débris spatiaux, un satellite récemment lancé par la Chine est passé tout proche d'un engin Starlink.

À noter tout de même, que l'étude n'a pas encore été évaluée par des pairs, une étape clé du processus scientifique au cours de laquelle d'autres chercheurs indépendants examinent la méthodologie, les calculs et les conclusions avant publication définitive. Cela n'invalide pas les résultats présentés, mais invite à les considérer avec la prudence d'usage, en attendant leur confirmation par la communauté scientifique.

Sources : Futurism, arXiv