Il avait juré que jamais Wall Street ne dicterait sa loi sur Mars, mais les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Elon Musk prépare finalement le grand saut boursier pour SpaceX, un virage à 180 degrés qui promet de secouer la planète finance.

Starship © SpaceX
Starship © SpaceX

C'est la petite musique que personne n'attendait vraiment, tant le patron de SpaceX a passé deux décennies à vilipender les marchés publics. Pourtant, la réalité économique a fini par rattraper le rêveur martien. Face à une valorisation qui donne le vertige et des besoins en capitaux toujours plus gargantuesques, l'entreprise aérospatiale s'apprête à ouvrir son capital au grand public, brisant ainsi un tabou vieux de vingt ans.

Le grand revirement d'un milliardaire contrarié

Le spectacle est savoureux pour qui suit la saga Musk depuis ses débuts. L'homme qui pestait contre la tyrannie des résultats trimestriels semble avoir mis de l'eau dans son vin pétillant. SpaceX, ce bijou estimé à 350 milliards de dollars en cette fin d'année 2025, ne peut plus rester éternellement une forteresse privée. Les rumeurs enflent et se confirment : une introduction en Bourse se profile à l'horizon 2026, avec l'ambition affichée de lever près de 30 milliards de dollars. Une somme faraonique qui ferait passer l'entrée en Bourse du géant pétrolier saoudien Aramco pour une modeste levée de fonds de quartier.​

Ce changement de pied ne s'explique pas seulement par un caprice de star. La pression monte en interne. Les employés, fidèles de la première heure ou nouvelles recrues, trépignent d'impatience à l'idée de convertir leurs actions en monnaie sonnante et trébuchante. Les ventes privées, bien que régulières, ne suffisent plus à étancher cette soif de liquidités, surtout quand la valorisation de l'entreprise joue à saute-mouton avec les centaines de milliards. Wall Street se frotte déjà les mains en imaginant les commissions sur ce qui s'annonce comme l'opération financière la plus spectaculaire de la décennie.​

Starlink ou la poule aux œufs d'or satellitaire

Si Musk accepte de manger son chapeau, c'est aussi parce qu'il a trouvé la recette miracle pour séduire les banquiers. Son nom est Starlink. Cette constellation de satellites, autrefois simple projet annexe, est devenue le véritable poumon économique de la fusée. Avec des revenus qui devraient frôler les 12 milliards de dollars en 2025, l'internet venu du ciel ne relève plus de la science-fiction mais de la rentabilité brute. Le service a réussi le tour de force de transformer le vide spatial en une machine à bénéfices, dégageant des marges qui font rougir d'envie les opérateurs télécoms traditionnels.​

Viser la Lune, ça coûte bonbon. © SpaceX
Viser la Lune, ça coûte bonbon. © SpaceX

L'argent récolté ne servira pas à payer des dividendes, mais à nourrir l'appétit insatiable du Starship, ce monstre d'acier inoxydable censé nous emmener sur la Lune et au-delà. Car c'est bien là toute l'ironie de la situation : pour financer son rêve d'autarcie interplanétaire, Musk doit accepter les règles du jeu terrestre. L'expansion vers la téléphonie directe par satellite et les contrats militaires juteux avec le Pentagone finissent de dresser le portrait d'une maturité industrielle. SpaceX n'est plus seulement une aventure romantique, c'est un titan industriel qui a besoin de l'épargne mondiale pour continuer à viser les étoiles.

Source : Ars Technica