Avec un plan de rémunération de mille milliards de dollars fraîchement validé, Elon Musk ne sait décidément plus où donner de la tête. Cette somme, qui dépasse le produit intérieur brut de bien des pays, vient s'ajouter à une fortune déjà colossale, mais dont l'usage laisse songeur.

Alors que les actionnaires de Tesla viennent de lui signer un chèque en blanc, ou plutôt en actions, le milliardaire continue de cultiver une image d'ascète des temps modernes. Oubliez les palais et les yachts : le patron de SpaceX loge dans une modeste maisonnette préfabriquée de 35 mètres carrés, louée pour une bouchée de pain à Boca Chica, au Texas. Un contraste savamment entretenu avec l'unique caprice assumé de sa vie de frugalité : un luxueux avion d'affaires à 70 millions de dollars, indispensable, dit-il, pour ne pas perdre une miette de son temps de travail si précieux.
Un portefeuille bien garni, mais pour quoi faire ?
Que fait donc un homme aussi riche de tout cet argent ? Il le réinvestit, pardi ! Mais pas n'importe comment. La quasi-totalité de sa fortune est injectée dans son propre écosystème technologique, un empire qu'on pourrait surnommer la « Muskonomie ». Les actions de Tesla et SpaceX constituent l'essentiel de ce trésor de guerre, complété par ses participations dans sa nouvelle coqueluche, l'entreprise d'intelligence artificielle xAI, ainsi que Neuralink et X, l'ancien Twitter. Un circuit fermé où l'argent sert avant tout à nourrir ses propres ambitions démesurées, de la conquête de Mars à la création d'une intelligence artificielle générale.
Et la philanthropie dans tout ça ? Elon Musk y consacre une part, mais avec une discrétion qui confine à l'opacité. Sa fondation distribue quelques centaines de millions de dollars, une goutte d'eau dans son océan de milliards, et les bénéficiaires sont souvent tenus secrets. Loin de la transparence d'un Bill Gates, le milliardaire préfère une charité qui semble parfois servir ses propres intérêts ou ceux de son entourage. Après tout, à quoi bon donner quand on peut changer le monde, comme il aime à le rappeler ? Pour lui, ses entreprises sont la plus grande des philanthropies, un argument commode pour justifier une générosité à géométrie variable.

Le pari d'un homme ou la folie d'une époque ?
Ce plan de rémunération vertigineux n'est pas un cadeau, mais un défi lancé à lui-même et au monde. Pour toucher le pactole, Musk devra multiplier par six la valeur de Tesla en dix ans, un objectif qui tient plus du scénario de science-fiction que du plan d'affaires. Vendre des millions de voitures, déployer une armée de robotaxis et peupler nos foyers de robots humanoïdes : voilà le programme.
Certains y voient le juste salaire d'un visionnaire, le seul capable de mener à bien une telle entreprise. D'autres, plus sceptiques, dénoncent la démesure d'un homme qui semble jouer avec l'argent des autres comme à une partie de Monopoly à l'échelle planétaire. Alors que sa fortune personnelle pourrait bientôt dépasser celle de figures historiques comme Rockefeller, la question demeure : Elon Musk est-il en train de construire le futur ou simplement le plus grand empire personnel de tous les temps ? L'avenir, et surtout ses actionnaires, nous le diront.
Source : BBC