Johny Srouji, l’ingénieur qui a remis le Mac sur les rails et propulsé l’iPhone, serait tenté de tourner la page Apple. Une petite phrase rapportée par la presse américaine suffit à faire trembler tout l’écosystème autour de Apple Silicon.

Dans les couloirs de Cupertino, la question n’est plus seulement de savoir quelle sera la prochaine puce maison, mais qui osera la concevoir sans lui. Alors que les départs de cadres s’enchaînent chez Apple, voir l’artisan des processeurs maison envisager de partir ressemble à un test grandeur nature de la solidité de la stratégie interne. Et si l’homme le plus influent derrière Tim Cook décidait vraiment de claquer la porte, c’est toute la trajectoire des Mac et des iPhone qui pourrait être remise sur la table.
Le magicien silencieux des puces Apple
Officiellement, Johny Srouji est vice-président directeur des technologies matérielles, en charge de la conception des puces qui équipent iPhone, iPad, Mac et une bonne partie de l’écosystème Apple. Dans les faits, c’est lui qui a permis à la firme de passer du statut de simple cliente de processeurs à celui de concepteur de silicium taillé sur mesure pour ses produits.
Arrivé chez Apple en 2008 après un parcours chez IBM et Intel, Srouji prend les rênes du développement de l’A4, premier processeur entièrement conçu en interne et lancé avec l’iPhone 4. De génération en génération, la famille de puces A a rendu les iPhone plus rapides sans sacrifier l’autonomie, tout en intégrant des blocs dédiés au traitement d’images, à la sécurité ou encore au calcul neuronal pour les fonctions avancées comme la reconnaissance faciale.
Son coup d’éclat survient avec la transition du Mac vers les processeurs maison, annoncée en 2020 et désormais achevée. Avec les puces M1 puis M2 et M3, Apple a basculé toute sa gamme d’ordinateurs vers une architecture unifiée, où processeur central, graphique et mémoire partagée travaillent de concert pour offrir de hautes performances avec une consommation contenue. Résultat taquin : les Macbook ont soudain cessé de chauffer comme des radiateurs tout en rivalisant avec des machines bien plus gourmandes en énergie.

Quand la valse des dirigeants gagne le cerveau des Mac
Selon un rapport fondé sur des informations glanées en interne, Johny Srouji aurait confié à Tim Cook qu’il songeait sérieusement à quitter Apple, dans la continuité d’une vague de départs parmi les hauts responsables du groupe. L’idée que le patron des puces puisse rejoindre cette liste a de quoi donner des sueurs froides aux investisseurs comme aux fans, déjà échaudés par les annonces successives de départs de plusieurs vice‑présidents ces derniers mois.
Le timing ne tombe pas vraiment au meilleur moment : Apple cherche encore sa voie dans l’intelligence artificielle tout en continuant d’affiner sa feuille de route matérielle, des futures générations de puces M aux processeurs des iPhone à venir. Or Srouji est précisément au carrefour de ces enjeux, qu’il s’agisse d’intégrer des blocs de calcul dédiés à l’IA ou d’optimiser chaque watt consommé pour préserver l’autonomie des appareils.
Au‑delà du sort d’un seul dirigeant, cette affaire pose une question piquante : Apple reste‑t‑elle encore le terrain de jeu idéal pour les ingénieurs stars, ou la concurrence en quête de talents pour ses propres puces et ses modèles d’IA commence‑t‑elle à devenir plus séduisante ? Si Johny Srouji finit par faire ses cartons, la firme conservera ses plans à moyen terme, mais perdra l’homme qui sait mieux que quiconque comment transformer ces feuilles de calcul en produits que des millions d’utilisateurs allument chaque matin.
Source : Engadget