L'assureur Allianz veut imposer un cadre réglementaire européen commun, une sorte de permis pour les véhicules autonomes. Il espère accélérer leur déploiement, tout en rassurant les Français encore sceptiques.

La voiture qui se conduit toute seule, ce n'est pas encore pour tout de suite en Europe, où l'on peut davantage parler d'une conduite semi-autonome ou d'aides à la conduite. Mais ce mardi, lors de son grand rendez-vous annuel consacré à la mobilité, Allianz est sorti du bois avec plusieurs propositions pour harmoniser le développement des véhicules autonomes sur le Vieux continent. L'assureur allemand veut notamment rassurer les Français, qui sont encore près de 8 sur 10 à considérer que les véhicules autonomies ont été insuffisamment testés pour être plus largement déployés.
Permis européen, données partagées et base commune, le plan d'Allianz dévoilé
La première des propositions faites par Allianz consiste à imposer des normes d'homologation identiques dans toute l'Europe. Aujourd'hui, chaque pays teste et certifie les véhicules autonomes selon ses propres critères. L'assureur réclame l'équivalent d'un permis commun qui garantirait que tous les véhicules répondent aux mêmes standards de sécurité, ce qui faciliterait au passage leur circulation d'un pays à l'autre. Une évidence qui tarde à se concrétiser.
L'assureur veut ensuite ouvrir l'accès aux données de sécurité embarquées. Dans le détail, il demande à ce que les informations enregistrées par les véhicules autonomes lors des accidents soient consultables par les assureurs et régulateurs. Pas question pour autant de laisser filer ces données sensibles hors d'Europe. Allianz s'appuie sur le Data Act européen pour encadrer ce partage avec les constructeurs automobiles. Un équilibre délicat entre transparence et souveraineté.
Enfin, Allianz réclame la création d'une base de données européenne qui centraliserait tous les incidents. Qu'il s'agisse des accidents en mode autonome, mais aussi de « quasi-accidents » où la collision a été évitée de justesse, comme cela a pu faire l'actualité récemment, tout serait recensé pour tirer des enseignements collectifs. Allianz, qui assure déjà des zones d'expérimentation en Allemagne, Norvège et Singapour, sait que la sécurité se construit sur l'analyse méthodique des ratés.
La promesse de sécurité des voitures autonomes peine à convaincre les Français
Pour soutenir ses propositions, Allianz a mené une enquête auprès de plus de 8 000 Européens, dont des Français, dont les résultats ont été publiés ce mardi 28 octobre 2025. Un tiers de nos compatriotes se disent familiers avec la conduite automatisée, un chiffre plutôt optimiste que l'assureur attribue à la généralisation des aides à la conduite (ADAS) comme le freinage d'urgence automatique. Mais derrière cette familiarité de façade, les doutes sont bien réels.
Les trois quarts des Français jugent la technologie encore trop jeune et mal éprouvée. Plus frappant encore, ils sont 88% à vouloir pouvoir reprendre le volant à tout instant, contre 64% seulement en moyenne européenne. Il est intéressant de noter que les attentes des Français sont davantage tournées vers le confort personnel (48% espèrent vaquer à d'autres occupations en roulant) que vers la sécurité, citée spontanément par 37% seulement.
Pourtant, les faits plaident pour l'automatisation. Allianz table de son côté sur 20% d'accidents en moins d'ici 2035, puis plus de 50% à l'horizon 2060, en éliminant progressivement les erreurs humaines. Les systèmes actuels prouvent déjà leur efficacité, d'ailleurs, puisque l'analyse de 20 000 sinistres montre que le freinage automatique réduit de 30% les collisions et jusqu'à 66% les accrochages au parking. « La question n'est plus "si" mais "quand" » se fera la bascule, tranche Klaus-Peter Röhler, membre du directoire d'Allianz. Le débat est ouvert !