C’est fait ! L’UEFA est la première entité sportive à rejoindre l’ACE, la puissante alliance anti-piratage menée par la Motion Picture Association. Une décision symbolique pour protéger la Ligue des champions et d'autres compétitions du streaming illégal…

L'UEFA veut protéger les revenus de sa compétition phare : la Ligue des Champions. © Norbert Braun / Shutterstock
L'UEFA veut protéger les revenus de sa compétition phare : la Ligue des Champions. © Norbert Braun / Shutterstock

En rejoignant la coalition mondiale ACE (Alliance for Creativity and Entertainment), l’UEFA veut frapper fort contre le piratage sportif en direct. L’organisatrice de la Ligue des champions s’allie ainsi à Netflix, Amazon ou Disney pour renforcer sa traque des flux IPTV et sites pirates. Une étape symbolique, mais qui met aussi en lumière un paradoxe : l’organisation n’a-t-elle pas elle-même contribué, involontairement, à rendre ce piratage incontournable ?

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Un partenariat inédit pour contrer les flux pirates

Voilà une adhésion qui marque une première dans la lutte contre le piratage. En rejoignant l'ACE et ses membres, l’UEFA devient, en effet, le premier détenteur exclusif de droits sportifs à rejoindre l'ACE, une coalition pilotée par la Motion Picture Association (MPA), dont nous avons souvent l'occasion de parler lorsqu'il est question de piratage. L'UEFA va ainsi pouvoir s’appuyer sur les outils technologiques et les relais juridiques du groupe, capable de démanteler rapidement des réseaux IPTV et ces constellations de sites qui forment "l’Hydre du streaming illégal".

Guy-Laurent Epstein, directeur marketing de l’UEFA, parle d’un "tournant stratégique" pour renforcer la lutte contre le streaming illégal. Mais le défi reste colossal puisque malgré des années de blocages DNS et de demandes de retraits, le piratage sportif continue de progresser, notamment chez les jeunes. Selon la Commission européenne, 27 % des 15-24 ans consomment aujourd’hui du sport par des canaux illégaux.

Une croisade motivée par des revenus colossaux

Ce nouvel engagement de l'UEFA tient surtout ses motivations par l'aspect économique des compétitions de l'entité. Par exemple, la Ligue des champions génère aujourd’hui près de 4,4 milliards d’euros par saison, un chiffre qui pourrait bientôt atteindre les 5 milliards. À titre de comparaison, la première édition en 1992 aurait rapporté 46 millions d’euros, le contraste est saisissant.

Ces revenus proviennent en grande partie des droits de diffusion, vendus à prix d’or aux diffuseurs, on pense bien sûr à des groupes comme Canal+, Amazon Prime Video, beIN Sports, RMC Sport ou DAZN, selon les pays. Il en découle un constat que nos lecteurs, comme beaucoup d'observateurs, dressent très régulièrement, à savoir que l'amateur de football doit souvent cumuler plusieurs abonnements pour suivre son club favori, parfois même alors qu'il n'est pas engagé sur plusieurs tableaux, avec des coûts mensuels qui explosent pour l'utilisateur final.

Quand la lutte anti-piratage se heurte à ses propres causes

C’est là que se niche le paradoxe. En cherchant à maximiser la valeur commerciale de ses compétitions, l’UEFA a aussi contribué à fragmenter l’accès au football. Pour beaucoup, le streaming illégal n’est pas un choix militant, mais un simple pis-aller économique.

Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, les abonnements de plus en plus nombreux et coûteux sont désormais perçus par certains comme le moteur même du piratage que l’UEFA tente d’éliminer. En d’autres termes, l’organisation combat un phénomène que son propre modèle économique a rendu inévitable.…

Le monde de la musique est pourtant déjà passé par là et pourrait servir d'exemple. L’essor de plateformes comme Spotify a fait reculer le piratage en offrant un accès simple, global et abordable. Le football, lui, reste prisonnier d’un modèle basé sur l’exclusivité et la rareté.

Pourtant, une approche plus unifiée, imaginons ça comme un "Netflix du football", pourrait à terme mieux servir les fans comme les ligues nationales. Tant que regarder un match restera un luxe segmenté, le streaming pirate restera, pour beaucoup, le seul stade encore ouvert.