LaLiga vient de remporter une nouvelle manche dans sa guerre sans merci contre le piratage. Souvent critiquée pour ses blocages jugés trop larges, la méthode de lutte contre le piratage utilisée par la ligue espagnole vient de nouveau d’obtenir un soutien politique : le Parlement a refusé d’encadrer ses actions, malgré les risques de surblocage.

Le surblocage a encore de beaux jours devant lui. © Igor Iakovlev / Shutterstock
Le surblocage a encore de beaux jours devant lui. © Igor Iakovlev / Shutterstock

Alors que les dérives du blocage automatique de sites font déjà polémique en Europe, l’Espagne vient de trancher : pour l'heure, aucune mesure supplémentaire ne sera prise pour protéger les sites légitimes du zèle antipiratage de LaLiga.

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Un blocage « aveugle » qui touche bien au-delà du piratage

Voilà une nouvelle proposition de loi tuée dans l'œuf. Déposée devant la Commission de l’économie, du commerce et de la transformation numérique, elle visait à encadrer plus strictement les blocages ordonnés par la ligue espagnole de football, après que des milliers de sites tiers se sont retrouvés inaccessibles à cause de blocages massifs d’adresses IP partagées, notamment celles du service Cloudflare.

Depuis que LaLiga a obtenu un mandat judiciaire lui permettant de bloquer les sites diffusant illégalement ses matchs, la ligue s’est heurtée à un problème technique. En effet, de nombreux services pirates utilisent les infrastructures de Cloudflare pour masquer leur hébergeur. En bloquant une seule adresse IP partagée, ce sont parfois des centaines de sites sans lien avec le streaming qui se retrouvent dans la ligne de mire.

C'est pour cette raison qu'une proposition non législative présentée par Néstor Rego Candamil demandait au gouvernement d’imposer des garde-fous. Il était notamment question de limiter les blocages aux noms de domaine ou DNS, de mettre en place des procédures de retrait coordonnées avec les hébergeurs, et pour terminer d'interdire les blocages d’adresses IP partagées.

La proposition n’a finalement pas obtenu le soutien espéré. Certains ont préféré s’abstenir, jugeant que les dispositifs actuels encadrant les blocages étaient déjà suffisants, tandis que d'autres s'y sont opposés, estimant que le texte minimisait les pertes économiques subies par le football professionnel face au piratage.

LaLiga salue une « victoire » pour son plan antipiratage

Dans un communiqué, LaLiga s’est félicitée du rejet de la proposition, y voyant un soutien politique à sa stratégie de lutte contre le streaming illégal. L’organisation assure que ses blocages sont « proportionnés, ciblés et temporaires », et qu’ils respectent les décisions judiciaires.

Les défenseurs des libertés numériques y voient au contraire une inquiétante validation du surblocage, dans un contexte européen où les incidents se multiplient : après l’Italie et son Piracy Shield qui a accidentellement bloqué Google Drive pour des millions d’utilisateurs, l’Espagne confirme à son tour une approche de plus en plus centralisée et automatisée d'une forme de censure numérique.

Ce nouveau revers parlementaire espagnol montre que la priorité politique reste la protection des ayants droit, quitte à sacrifier la neutralité du réseau et l’accès à des services parfaitement légitimes.

Et comme en Italie, les voix s’élèvent : juristes, hébergeurs et associations numériques redoutent qu’un blocage de trop ne puisse, un jour, paralyser des services vitaux pour la société.