À en croire une nouvelle étude, les États-Unis seraient devenus le premier investisseur mondial dans l'industrie des logiciels espions commerciaux en 2024,

Aux USA le marché du spyware est en plein essor ©Shutterstock
Aux USA le marché du spyware est en plein essor ©Shutterstock

Le projet Mythical Beasts de l'Atlantic Council révèle que les investissements américains dans le secteur des logiciels espions ont été multipliés par trois en 2024. Le territoire de l'Oncle Sam devient alors le principal bailleur de fonds d'un secteur qu'il tente en apparence de réguler.

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Malgré les discours, les USA accélèrent leur investissement

Selon ce rapport, les experts ont identifié 561 entités opérant dans ce marché entre 1992 et 2024, soit 130 nouvelles organisations ajoutées depuis la première analyse. Les investisseurs américains sont passés de 11 à 31 entités en 2024, dépassant Israël comme premier bailleur de fonds du secteur. Pour mener à bien cette enquête, Atlantic Council s'est basé sur l’analyse croisée de registres publics (quand ils existent), de rapports d’organisations civiles et de documents issus de procédures judiciaires ou de fuites.

Les capitaux américains se dirigent vers des entreprises israéliennes parmi les plus controversées du secteur. Nous apprenons ainsi que AE Industrial Partners a investi dans Paragon Solutions Ltd fin 2024. L'éditeur a développé le logiciel espion Graphite utilisé par le gouvernement italien pour surveiller des défenseurs des droits humains. Tout aussi préoccupant, Integrity Partners a investi début 2025 dans Saito Tech Ltd (Candiru), une société inscrite sur la liste noire du département du Commerce américain depuis 2021.

Alors que le gouvernement américain impose sanctions et restrictions de visa pour limiter la prolifération des logiciels espions, des investisseurs privés du pays financent directement les entités visées par ces mesures.

Nombre d'investisseurs par années

L'analyse révèle également le rôle des intermédiaires - souvent dans l'ombre - dans cette industrie. Ces revendeurs et courtiers compliquent la traçabilité des transactions en créant des couches d'obscurcissement entre les vendeurs et les acheteurs finaux. Présents depuis 2011, ils ont un rôle clé dans la distribution des spyware, mais ils échappent presque toujours aux réglementations. Comme ils interviennent entre les fabricants et les acheteurs, ils profitent des différences légales d’un pays à l’autre. Difficile, alors, de remonter à la source. Au Mexique, 10 entités ont ainsi servi d'intermédiaires pour vendre Pegasus de NSO Group au gouvernement local. L'identité du fournisseur est masquée sous une série de contrats bidons.

En apparence, les États-Unis se positionnent en faveur du respect de la vie privée des citoyens. On se souvient, par exemple, que Tulsi Gabbard, directrice du renseignement aux États-Unis, avait pointé les pratiques des agences de renseignement britanniques souhaitant voir l'insertion d'une backdoor au sein de tous comptes iCloud à travers le monde. Depuis peu, c'est l'Union européenne qui est dans leur collimateur puisque le Vieux continent souhaite amoindrir les technologies de chiffrement avec le projet de loi Chat Control. Dans les deux cas, les USA revendiquent la liberté d'expression et la sécurité de leurs citoyens. Comme pour faire oublier les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de surveillance massive orchestrées par le FBI et la NSA. Dans cette affaire, si la cour d'appel fédérale a bien jugé ces pratiques illégales, cette décision n’a pas conduit à des poursuites ou condamnations contre les agences de renseignement américaines.