La NASA utilise les montagnes du Colorado pour préparer ses astronautes aux atterrissages sur le pôle Sud de la Lune. Les hélicoptères militaires reproduisent des conditions de vol extrêmes, avec visibilité réduite et relief accidenté, afin de mettre les équipages face aux mêmes défis que sur la surface lunaire.

Les astronautes de la NASA Bob Hines et Raja Chari s'entraînent aux procédures d'atterrissage dans les monts Rocheux du Colorado en avril 2025 - ©NASA/Corinne Beckinger)
Les astronautes de la NASA Bob Hines et Raja Chari s'entraînent aux procédures d'atterrissage dans les monts Rocheux du Colorado en avril 2025 - ©NASA/Corinne Beckinger)
L'info en 3 points
  • La NASA utilise les montagnes du Colorado pour simuler les conditions d'atterrissage sur le pôle Sud de la Lune.
  • Les astronautes s'entraînent avec des hélicoptères militaires pour gérer les défis de navigation en terrain difficile.
  • Le programme HAATS forme les équipages à la prise de décision rapide et à la coordination en situations critiques.

Les cratères profonds, les pentes abruptes et l’éclairage faible compliquent la navigation, tous les pilotes d'objets volants identifiés vous le diront. Les missions Artemis prévoient des atterrissages dans des zones particulièrement délicates du pôle Sud lunaire.

Depuis 2021, la NASA collabore avec la Garde nationale américaine pour développer le programme HAATS (Army National Guard's High-Altitude Army Aviation Training Site) à Gypsum, dans le Colorado.

Les astronautes volent à bord d’hélicoptères militaires et expérimentent des descentes qui reproduisent les conditions lunaires. Ils travaillent sur la coordination, la prise de décision et la communication. Chaque seconde compte dans un environnement dans lequel la moindre erreur peut devenir critique.

Les montagnes du Colorado reproduisent les caractéristiques d’un alunissage réel

Le site HAATS se situe dans les Rocheuses, à des altitudes de 1 981 à 4 328 mètres. Doug Wheelock, astronaute de la NASA, explique que les montagnes obligent les hélicoptères à opérer à leurs limites. La visibilité peut disparaître sous la neige ou les nuages de poussière.

Les astronautes suivent leurs instruments et comptent sur leurs collègues pour détecter les obstacles et ajuster la trajectoire. Raja Chari, qui participe à la formation en avril 2025, a survolé ces sommets pour tester sa capacité à naviguer dans des conditions proches de celles du pôle Sud lunaire.

Sur la Lune, l’éclairage rasant accentue les ombres et le relief. Les astronautes peuvent confondre cratères et rochers, ce qui complique la lecture du terrain. Bob Hines, astronaute d’Artemis, explique : « Lors des vols d’entraînement à HAATS, nous expérimentons les illusions visuelles et la visibilité dégradée que nous rencontrerons sur la Lune ».

Cette expérience oblige les équipages à rester attentifs et à coordonner leurs mouvements. Ils doivent prendre des décisions rapides et garder un suivi précis, exactement comme sur la surface lunaire.

Les quatre ailes du panneau solaire du vaisseau spatial Artemis II Orion sont installées à l'intérieur du bâtiment des opérations et de contrôle du centre spatial Kennedy de la NASA en Floride le 7 mars 2025. Artemis II est le premier test de vol habité d'Orion autour de la Lune dans le cadre de la campagne Artemis de l'agence - ©NASA/Rad Sinyak
Les quatre ailes du panneau solaire du vaisseau spatial Artemis II Orion sont installées à l'intérieur du bâtiment des opérations et de contrôle du centre spatial Kennedy de la NASA en Floride le 7 mars 2025. Artemis II est le premier test de vol habité d'Orion autour de la Lune dans le cadre de la campagne Artemis de l'agence - ©NASA/Rad Sinyak

Préparer les équipages aux contraintes techniques et humaines

Pendant les vols, les astronautes alternent les rôles. L’un pilote, l’autre cartographie la zone et note les points de repère. Les instructeurs de la Garde nationale observent chaque mouvement et ajustent la communication entre les cockpits.

Au fil de la semaine, la difficulté augmente. Les zones et les situations d’atterrissage deviennent plus complexes. Les équipages adaptent leur stratégie et coordonnent leurs actions pour maintenir le contrôle à chaque étape. Doug Wheelock précise que « les hélicoptères à 3 000 mètres d’altitude ou plus ne sont pas très efficaces dans l’air raréfié, ce qui nous contraint à opérer avec des marges de puissance très faibles, à l’instar des astronautes d’Apollo ».

Les simulations abordent la lecture du terrain, le suivi de trajectoire et la gestion de l’énergie de l’appareil. Les pilotes de la Garde nationale, avec des milliers d’heures de vol dans les Rocheuses, partagent leur expérience pour rendre les séances proches d’un vrai alunissage. Comme le rappelle Joshua Smith, sergent-chef du programme HAATS, « Nos pilotes ne volent peut-être pas autour de la Lune, mais nous portons fièrement notre devise, de monitbus ad astra – des montagnes aux étoiles ».

La NASA forme aussi les astronautes à manipuler les systèmes d’atterrissage humains fournis par SpaceX et Blue Origin. Chaque constructeur assure une formation sur son appareil. La NASA fournit un socle commun qui permet aux équipages de gérer les contraintes de l’environnement lunaire : la poussière qui réduit la visibilité, les zones d’ombre qui compliquent la perception de la distance et de l’altitude.

Source : NASA, Space.com