Sous le capot de l’iPhone, une mécanique patiente attend son heure : l’indexation, fondation silencieuse d’un futur moteur de recherche conversationnel. Apple met désormais cette brique au premier plan pour transformer Safari et Siri en véritables « moteurs de réponses ».

- Apple mise sur l'indexation pour transformer Safari et Siri en moteurs de réponses efficaces et contextuels.
- L'infrastructure d'indexation d'Apple, déjà en place depuis 2015, permet des résultats de recherche personnalisés sans Google.
- Les récents enjeux antitrust et la montée des chatbots incitent Apple à développer sa propre solution de recherche.
Le chantier s’appuie sur un socle éprouvé : Applebot, le crawler maison, et la base technique de Spotlight qui cartographie fichiers, apps, contenus et une partie du Web. En ligne de mire, un Siri réarchitecturé autour de grands modèles de langage capables de synthétiser et citer des sources. L’objectif est clair : répondre vite, juste et dans le contexte, sans forcer l’utilisateur à parcourir dix liens.
Une infrastructure d'indexation déjà opérationnelle
Contrairement aux idées reçues, Apple ne part pas de zéro dans le domaine de la recherche. Depuis 2015, la firme déploie Applebot, son propre robot d'indexation web qui explore discrètement Internet pour alimenter Spotlight, Siri et Safari. Cette infrastructure complexe combine une base de données locale sur chaque appareil et un index cloud partagé, permettant déjà de fournir des résultats de recherche personnalisés sans transiter par Google.
Le système d'indexation d'Apple repose sur une architecture sophistiquée où chaque modification de fichier déclenche automatiquement une réindexation via le daemon mds et ses assistants mdworker. Cette technologie, initialement développée pour Spotlight sur Mac en 2005, s'est progressivement étoffée pour couvrir le web, les podcasts et même les applications iOS. L'activité d'Applebot s'est d'ailleurs intensifiée ces dernières années, révélant les préparatifs discrets de cette montée en puissance.

Dès iOS 14, Apple a commencé à afficher ses propres suggestions de recherche plutôt que celles de Google dans certaines sections du système. Cette évolution technique témoigne d'une stratégie à long terme où chaque composant, de l'indexation locale au crawling web, converge vers un objectif unique : créer une alternative crédible aux géants de la recherche. Avant l'avènement de l'IA, beaucoup spéculaient d'ailleurs sur l'arrivée d'un moteur de recherche plus classique chez Apple. L'année dernière, Apple avait même adressé l'absence de solution maison, justifiant cela par des investissements colossaux, même pour l'une des entreprises les plus prospères du monde.
Un positionnement logique face aux enjeux antitrust
Le timing de ce projet n'est pas anodin. La récente décision de justice dans l'affaire antitrust Google-Apple autorise la continuation des accords de paiement, mais interdit désormais l'exclusivité. Cette ouverture pourrait permettre à Apple d'intégrer d'autres moteurs de recherche, notamment des solutions basées sur l'IA comme ChatGPT ou Perplexity, sans violer ses engagements contractuels avec Google.
Apple a d'ailleurs observé pour la première fois une diminution des requêtes Google via Safari, attribuée à la montée des chatbots IA. Cette tendance conforte la stratégie de la firme qui mise sur une approche multimodale intégrant texte, images, vidéos et points d'intérêt locaux. Le partenariat avec Google pour l'utilisation de Gemini dans certains aspects de Siri pourrait ainsi évoluer vers une relation plus équilibrée. L'enjeu financier reste considérable : les 20 milliards de dollars annuels versés par Google à Apple représentent environ un cinquième des revenus services de la firme. En développant sa propre solution, Apple pourrait conserver cette manne tout en maîtrisant l'expérience utilisateur de bout en bout.
Source : Engadget