Tesla met fin à Dojo, son supercalculateur interne développé pour entraîner ses systèmes d’IA. Plusieurs ingénieurs de l’équipe sont partis rejoindre une start-up concurrente. Cette situation a conduit Tesla à revoir sa stratégie.

- Tesla met fin à son supercalculateur Dojo, initialement conçu pour entraîner ses systèmes d’IA autonomes.
- Départs d'ingénieurs clés vers DensityAI, une start-up concurrente, ont précipité l'arrêt de Dojo.
- Tesla se concentre désormais sur de nouvelles puces AI5 et AI6, fabriquées avec Samsung et TSMC.
En 2019, Dojo, c'était l’un des projets les plus ambitieux de Tesla pour le calcul haute performance. Cette machine devait traiter les flux vidéo envoyés par la flotte de véhicules pour d’améliorer les systèmes de conduite autonome et de robotique. Elle intégrait une architecture interne avec une puce maison, la D1. Tesla voulait s’affranchir de certains fournisseurs traditionnels. Les retards techniques se sont accumulés et plusieurs responsables ont quitté l’entreprise pour créer DensityAI, une société qui développe des solutions similaires. Peter Bannon, chef de l’équipe, a également rejoint cette start-up avec une vingtaine d’ingénieurs. Elon Musk a ensuite confirmé que Tesla concentre désormais ses ressources sur de nouvelles puces AI5 et AI6, produites avec Samsung et TSMC, abandonnant ainsi le supercalculateur Dojo.
Des départs en chaîne vident l’équipe de Dojo de sa matière grise
L’histoire commence avant l’annonce officielle de l’arrêt de Dojo. Jim Keller, recruté pour structurer la conception de puces, quitte Tesla en 2018. Ganesh Venkataramanan prend la direction technique et conduit le développement de la puce D1. En 2023, il décide de créer DensityAI avec plusieurs anciens collègues, dont Bill Chang et Ben Floering. En 2025, Peter Bannon, dernier responsable du programme, rejoint la même société avec une partie importante des effectifs.
Durant cette période, d’autres figures quittent également Tesla. Milan Kovac, responsable du robot Optimus, s’en va. David Lau, vice-président en charge de l’ingénierie logicielle, part lui aussi, ainsi qu’Omead Afshar, proche collaborateur du patron de Tesla. Beaucoup trop de rats quittent le navire pour maintenir Dojo à flot des projets stratégiques.
Elon Musk commente publiquement la réorganisation sur X. Il affirme que les nouvelles puces AI qui équiperont les véhicules offriront d’excellentes performances pour l’inférence, tout en restant adaptées à l’entraînement. Selon lui, toute l’attention se porte désormais sur cette nouvelle génération de composants.
Dojo intégrait des modules conçus exclusivement pour les besoins de Tesla. Chaque puce D1 contenait 354 cœurs personnalisés cadencés à 2 GHz. Vingt-cinq puces formaient un bloc de calcul capable de fournir environ 9 pétaflops. Le plan prévoyait l’assemblage de 3 000 blocs pour dépasser les 100 exaflops de puissance. Le lancement devait débuter en 2024, avec déjà plus d’un milliard de dollars engagés dans ce développement. La perte des spécialistes a stoppé sa progression.

Une stratégie recentrée autour de nouvelles puces produites avec des partenaires
Tesla développe désormais deux modèles, AI5 et AI6. Ces puces gèrent surtout les calculs d’inférence et peuvent aussi effectuer certains entraînements. L’AI6 sera produite par Samsung dans son usine du Texas, dans le cadre d’un contrat de 16,5 milliards de dollars signé en juillet 2025 et valable jusqu’en 2033. L’AI5 continue d’être fabriquée par TSMC.
Pour les opérations de calcul intensif, Tesla collabore toujours avec Nvidia et AMD. Cette organisation concentre les ressources techniques et financières sur une architecture unique. Elle permet aussi de respecter des délais de production plus courts et de préparer rapidement l’intégration sur les futures plateformes destinées aux robotaxis et aux systèmes robotiques.
La construction de l’usine Samsung au Texas doit également sécuriser l’approvisionnement. Le partenariat inclut plusieurs générations évolutives de puces AI. Tesla conserve la maîtrise des spécifications et de l’optimisation logicielle. Tesla utilise la capacité industrielle de ses fournisseurs pour assurer les livraisons à grande échelle.
Et dire qu'en septembre 2023, Morgan Stanley avait estimé que Dojo pourrait ajouter 500 milliards de dollars à la capitalisation boursière de Tesla si la machine atteignait 100 exaflops…
Source : Bloomberg (accès payant)