Pavel Durov, le patron de Telegram, a subi un nouvel interrogatoire, lundi à Paris. La justice française poursuit ses investigations sur la complicité présumée de la messagerie avec des activités criminelles.

Telegram, et son patron Pavel Durov, sont toujours dans le viseur des autorités françaises © nugastaia / Shutterstock.com
Telegram, et son patron Pavel Durov, sont toujours dans le viseur des autorités françaises © nugastaia / Shutterstock.com

Le bras de fer judiciaire entre Pavel Durov et la France se poursuit. L'entrepreneur russe, naturalisé français, comparaissait une fois de plus devant les magistrats parisiens, pour répondre d'accusations de complicité criminelle de sa messagerie Telegram. Il subit ici son troisième interrogatoire depuis sa mise en examen il y a près d'un an.

Telegram conteste la légalité de l'enquête française devant les tribunaux

Pavel Durov a franchi les portes du tribunal de Paris vers 10 heures lundi matin, flanqué d'une garde de quatre avocats : Christophe Ingrain, David-Olivier Kaminski, Isaac Arnoud et Robin Binsard. L'homme de 40 ans, reconnaissable à sa tenue sombre habituelle, n'a pas souhaité s'exprimer face aux journalistes.

Cette audition marque déjà le troisième acte d'un feuilleton judiciaire débuté brutalement en août 2024, quand les enquêteurs l'avaient cueilli à sa descente d'avion au Bourget. Depuis, la justice française lui reproche de fermer les yeux sur les activités criminelles qui prolifèrent sur sa plateforme de messagerie, Telegram.

Ses conseils font tout pour contrer l'offensive judiciaire. « Nous contestons fermement la légalité de la mise en examen de notre client », martèlent-ils, évoquant de « nombreux actes d'investigation réalisés au mépris des règles de droit interne et européen ». Une question prioritaire de constitutionnalité et une saisine de la Cour européenne témoignent de la détermination des avocats et de leur client.

Pavel Durov peut désormais retourner à Dubaï malgré son inculpation

L'entrepreneur Pavel Durov a pourtant fait bouger les lignes depuis son interpellation spectaculaire. Lors de son audition de décembre 2024, il avait concédé avoir « pris connaissance en garde à vue de la gravité des faits » imputés à Telegram. Un aveu en demi-teinte, tempéré par ses dénégations.

« Nous n'avons pas créé Telegram pour les criminels », avait-il plaidé, tout en admettant que leur présence, bien qu'« une fraction minime », avait « aussi augmenté » au fil du temps. Ces déclarations s'accompagnaient d'engagements à « améliorer » les mécanismes de surveillance, signe d'une volonté d'apaisement tactique.

Et la coopération renforcée porte ses fruits, puisque les autorités judiciaires constatent une « meilleure collaboration de Telegram » depuis l'interpellation, selon des sources proches des acteurs de la criminalité organisée. Telegram, à qui la justice française demande plus, botte en touche et affirme avoir « toujours respecté les lois de l'Union européenne, y compris le Digital Services Act », ou DSA, le nouveau règlement européen sur les services numériques.

Pour se défendre, la plateforme retourne même l'accusation : « La seule chose qui a changé [...] est que les autorités françaises ont commencé à adresser correctement leurs demandes judiciaires à Telegram », indique-t-elle. En parallèle, Pavel Durov a obtenu un assouplissement de son contrôle judiciaire peu avant la mi-juillet, ce qui lui permet de regagner Dubaï par tranches de quatorze jours.

Sources : Le Parisien, AFP