À la tête de trois sites de streaming illégal, un Britannique a généré plus d’un million de livres sterling de revenus avec ses activités illicites.

Le piratage IPTV mène parfois directement sur la case prison. © Grafvision / Shutterstock
Le piratage IPTV mène parfois directement sur la case prison. © Grafvision / Shutterstock

Stephen Woodward, le propriétaire de ces trois sites IPTV, vient d’être condamné à plus de trois ans de prison, pour une affaire qui illustre bien la sophistication croissante des réseaux IPTV pirates.

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Un empire illégal fondé sur le streaming

Stephen Woodward, 36 ans, résidant à Thirsk (Yorkshire), a été condamné le 11 juillet 2025 à 3 ans et 1 mois de prison pour avoir dirigé une opération de streaming pirate d’ampleur nationale. À travers trois sites — IPTV Hosting, Helix Hosting et Black and White TV — il proposait un accès illégal à des milliers de chaînes payantes, dont Sky Sports, BT Sports ou des retransmissions de Premier League.

L’enquête a permis de révéler que le Britannique avait généré un chiffre d’affaires dépassant le million de livres sterling, notamment grâce à la vente d’abonnements à des utilisateurs finaux comme à des revendeurs. L’un des sites se vantait même d’un catalogue de plus de 6 500 chaînes.

Une organisation bien huilée

Derrière cette activité illégale, les enquêteurs de la Police de la propriété intellectuelle (PIPCU) ont découvert une organisation méthodique, avec plus d’une vingtaine de comptes bancaires et autant de portefeuilles en cryptomonnaies, treize comptes PayPal à son nom, utilisés pour collecter les paiements, ainsi que des cartes SIM anonymes et des identités fictives achetées en ligne pour ouvrir ces comptes.

Les fonds étaient blanchis via des conversions crypto/fiat avant d’être répartis sur plusieurs comptes afin d’en masquer l’origine. Ce montage a permis à Stephen Woodward de financer un train de vie luxueux : vêtements de marque, bijoux, vacances et l’achat d’une Jaguar F-Type à 91 000 £.

Des poursuites étalées sur plusieurs années

Arrêté une première fois en novembre 2019, Stephen Woodward a poursuivi ses activités malgré l’enquête en cours. En 2020, deux nouveaux sites voient le jour. Il sera de nouveau interpellé cette année-là, puis en 2022, à l’aéroport de Gatwick alors qu’il tentait de partir pour Vancouver avec plus de 10 000 £ en liquide dans ses bagages.

Les forces de l’ordre ont gelé au total plus de 1,1 million de livres d'avoirs, répartis entre espèces, comptes bancaires et cryptomonnaies. Son frère, Christopher Woodward, également impliqué dans le blanchiment de fonds, a été condamné à 15 mois de prison avec sursis et devra effectuer 240 heures de travaux d’intérêt général.

Au-delà des peines prononcées, la PIPCU a demandé un Serious Crime Prevention Order (SCPO), une mesure de surveillance post-libération destinée à empêcher toute récidive.

« L’IPTV illégale détourne des millions des circuits légaux vers des organisations criminelles, affaiblissant l’économie créative », a rappelé le détective Daryl Fryatt. Selon l’OCDE, plus de 86 000 emplois auraient été perdus au Royaume-Uni en 2016 du fait du piratage et de la contrefaçon.

Kieron Sharp, président de FACT, a salué une enquête « longue, mais décisive », soulignant que le streaming illégal n’est « pas un crime sans victime ».

Une affaire exemplaire

Cette affaire illustre la transformation de certains réseaux IPTV en véritables entreprises illicites, structurées, rentables et capables de contourner les mécanismes classiques de traçabilité financière. Face à cette évolution, les autorités britanniques semblent désormais déterminées à frapper là où ça fait mal : sur les profits.

Les trois sites en question sont aujourd’hui hors ligne, mais l’enjeu reste entier. Alors que l’IPTV illégale continue de séduire des millions d’utilisateurs à travers l’Europe, cette affaire envoie un message clair : le piratage peut rapporter gros, mais il finit par coûter cher.