Apple a publié un nouveau rapport au sein duquel l'entreprise détaille ses efforts en matière d'impact environnemental pour sa plateforme d'intelligence artificielle.

La firme de Cupertino explique que ses travaux portés sur l'IA s’inscrivent dans la trajectoire 2030 qui vise 75% de réduction des émissions par rapport à 2015. Face à la montée en puissance de l'IA, les ingénieurs parient sur une architecture silicium, une sélection d’énergies renouvelables et une écoconception des serveurs.
La multiplication des modèles génératifs impressionne un peu plus chaque mois. Mais l'usage de l'IA n'est pas sans conséquence. On le sait, ChatGPT est un gouffre énergétique. Au mois de mai, une étude s'était penchée sur la question du bilan carbone d'OpenAI. Avec ses 1 800 milliards de paramètres, soit dix fois plus que son prédécesseur, le modèle GPT-4 a multiplié par 20 sa consommation énergétique. Selon les calculs de Greenly, son utilisation pour répondre à un million d'e-mails mensuels générerait sur une année 7 138 tonnes de CO₂, l'équivalent de 4 300 vols Paris-New York !
Le traitement des données en local
Apple Intelligence exécute par défaut les traitements sur les puces des séries A et M des appareils. Initialement, Apple mettait surtout en avant une meilleure confidentialité des données pour les utilisateurs. Reste qu'en parallèle, les composants internes (CPU, GPU et Neural Engine) limitent les transferts et donc les pertes d'énergie. Résultat : un iPhone 16 consomme 56 kg CO₂e (équivalent CO₂) sur l’ensemble de son cycle de vie, dont moins de 5% proviennent de l’usage réseau. La gestion dynamique de la tension permettrait, selon les mesures internes, de réduire de 20 à 30% l’énergie par rapport à une requête cloud équivalente.
Le traitement en local aurait un troisième avantage : la durée de vie des batteries. iOS 18 module la fréquence des cœurs NPU en fonction du niveau de charge pour éviter les cycles complets inutiles. Or la fabrication d’un smartphone demeure, de loin, le poste le plus émetteur : 8,2 millions de tonnes de CO₂e pour Apple en 2024, soit 54% de son empreinte brute. Une meilleure batterie se traduit donc par une baisse des renouvellements d'iPhone, et donc une économie sur les matières premières (aluminium, cobalt, terre rares...). Mais bon, ne soyons pas naïfs, Apple ne vous découragera jamais d'acheter le dernier iPhone...

L'infrastructure des serveurs
Apple expliquait l'année dernière que les requêtes nécessitant de grands modèles seront routées vers son infrastructure Private Cloud Compute, des grappes de serveurs équipées de puces Apple Silicon.
Chaque nœud dispose d’un budget énergétique plafonné à 300W et de capteurs thermiques qui déclenchent un abaissement de fréquence plutôt que la mise en marche immédiate du refroidissement hydraulique. Selon l'entreprise, cette conception aurait évité le dégagement de 1,2 million de tonne CO₂e en 2024 par rapport à un data center GPU classique. Côté matériel, les cartes mères sont modulaires ; la montée en capacité se fait par ajout de composants (blades) et non pas en remplaçant tout le châssis.
L’alimentation de ces serveurs provient exclusivement d’énergies propres (éolien et solaire), avec 1,8 GW issus de contrats dédiés dans le cadre du programme Supplier Clean Energy. Six centres de données auraient obtenu la certification Alliance for Water Stewardship. Concrètement, dans ces derniers, l’utilisation d’eau recyclée permet de couvrir jusqu’à 60 % des besoins liés au refroidissement.
Enfin, les émissions de gaz fluorés, utilisés dans la gravure des puces, sont traitées à la source : 100% des fournisseurs d’écrans et 26 fondeurs ont signé un accord imposant 90% d’abattement des gaz à effets de serre d’ici 2030. En 2024, cela se serait traduit par 8,4 millions de tonnes de CO₂e en moins.
L’entreprise revendique déjà plus de 60% de baisse d’émissions globales entre 2015 et 2024 alors que son chiffre d’affaires a progressé de 65%. Mais l'avancement des travaux sur l'intelligence artificielle et la démocratisation de la technologie pourrait amoindrir ses efforts. L'entreprise s’y prépare en planifiant 11 GW de capacité verte supplémentaire dans les trois régions où elle vend le plus de terminaux.