Le géant Google a signé avec Commonwealth Fusion Systems le premier contrat corporate d'énergie fusion nucléaire, lundi. L'accord porte sur 200 mégawatts pour alimenter certaines de ses centres de données outre-Atlantique.

Google a décidé de miser sur la fusion nucléaire pour alimenter ses data centers en énergie et répondre à l'explosion des besoins de la très énergivore intelligence artificielle. La firme de Mountain View a annoncé, lundi 30 juin, avoir conclu un accord avec Commonwealth Fusion Systems (CFS), une start-up du MIT qui pourrait l'aider à faire entrer la fusion dans l'ère commerciale. Les premiers électrons devraient circuler au début de la prochaine décennie.
La fusion nucléaire, la réponse de Google aux besoins énergétiques des data centers et de l'IA
L'exploit viendra-t-il de Google ? Certes plus propre et sûre, la fusion est beaucoup plus difficile à maîtriser technologiquement que la fission. Alors que la fission repose sur un atome lourd cassé en deux noyaux plus légers qui libèrent de l'énergie, la fusion, symbolisée par le projet ITER, fonctionne avec deux atomes légers (comme l'hydrogène), qui sont assemblés pour former un noyau plus lourd (comme l'hélium), qui libère alors une énorme quantité d'énergie. C'est la réaction qui alimente le soleil, et elle reste à ce stade à l'état expérimental pour l'énergie civil.
Mais Commonwealth Fusion Systems n'est pas une entreprise comme les autres. Cette spin-off du prestigieux MIT, créée en 2018, ambitionne de domestiquer la réaction qui anime le soleil. Son projet ARC, de 400 mégawatts, qui prend vie en Virginie aux États-Unis, utilisera des aimants surpuissants pour confiner un plasma à des températures extrêmes.
Google s'offre d'ores et déjà 200 mégawatts de cette installation révolutionnaire, soit l'équivalent d'une petite ville en alimentation. La Virginie, déjà un peu le cœur mondial des centres de données, accueillera cette infrastructure d'avant-garde. Le géant technologique refuse toutefois de dévoiler le montant de cet investissement.
L'explosion de l'intelligence artificielle multiplie les besoins énergétiques des data centers. Il faut d'ailleurs savoir que la fusion, contrairement à la fission nucléaire classique, ne génère pas de déchets radioactifs à long terme.
Google assume les défis techniques colossaux de la fusion commerciale
Michael Terrell, responsable de l'énergie avancée chez Google, assume en tout cas les risques d'une telle opération, au succès pas encore garanti. « Il reste de sérieux défis physiques et techniques », a-t-il affirmé à la presse américaine, dans des propos relayés par Reuters. Bob Mumgaard, le patron de CFS, évoque une phase d'apprentissage cruciale sur la fiabilité des machines à fusion.
La route vers la commercialisation demeure semée d'embûches, c'est certain. Si le laboratoire Lawrence Livermore a brièvement atteint un gain énergétique net en 2022, reproduire cet exploit de manière constante reste un défi majeur, c'est peu de le dire. L'objectif d'une production continue d'énergie nécessite encore des années de recherche.
Google a tout de même tenu à renforcer sa participation financière dans CFS. L'entreprise avait déjà contribué à la levée record de 1,8 milliard de dollars en 2021. Cette nouvelle injection témoigne de la confiance du géant dans cette technologie d'avenir.