Canal+ intensifie sa lutte contre le piratage sportif en assignant Google, Cisco et Cloudflare en justice. La chaîne vise à bloquer des sites illégaux diffusant la Ligue des Champions, la Premier League et le Top 14, dont elle détient les droits.
La chaîne cryptée Canal+ bombe le torse. Elle a entamé une procédure judiciaire d'ampleur devant le tribunal judiciaire de Paris, nous rapportent nos confrères de l'Informé, dans le but de contraindre Google, Cisco et Cloudflare, excusez du peu, à bloquer des sites de streaming illégaux qui diffusent des compétitions sportives de renom (Ligue des Champions, Top 14 ou encore Premier League) qu'elle propose à ses abonnés. Si, jusqu'à présent, le groupe s'était focalisé sur les fournisseurs d'accès à Internet, elle vise plus haut désormais en ciblant les services DNS des géants du numérique.
Canal+ pourrait créer un précédent juridique dans le monde du piratage illégal des contenus sportifs
Canal+ adopte une stratégie assez inédite dans sa bataille contre le piratage sportif. Après avoir réussi à faire bloquer des sites chez les FAI, la chaîne cible désormais les services DNS de Google, Cisco, et Cloudflare. Le groupe appartenant à Vincent Bolloré se fonde sur l'article 333-10 du Code des sports, qui autorise les détenteurs de droits à demander des mesures contre toute personne contribuant à une atteinte.
Il faut avoir à l'esprit que l'action aujourd'hui menée par Canal a été préconisée par l'ARCOM (l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et la Commission européenne. Pour les deux autorités, il est impératif de prendre toutes les mesures nécessaires contre les nouvelles formes d'accès frauduleux.
Elle pourrait créer une sorte de jurisprudence en la matière et ainsi révolutionner la lutte contre les violations des droits audiovisuels, qui sait. Si la décision finale du tribunal judiciaire de Paris venait à être favorable à Canal+, elle contribuerait également à mettre à jour la liste noire des sites illicites, sans recourir à une nouvelle action judiciaire à l'avenir. Mais essayons de comprendre de quoi nous parler plus concrètement.
Parce que les FAI ne sont pas les seuls à pouvoir agir, Canal veut que les géants du numérique prennent leurs responsabilités
Malgré des blocages récents imposés aux FAI, en début d'année ou plus récemment en septembre, de premières mais encore vaines victoires, Canal+ a constaté que des utilisateurs parviennent à contourner les restrictions en utilisant des DNS alternatifs à ceux d'Orange, SFR, Free ou Bouygues Telecom, ceux de Google, Cloudflare et Cisco plus particulièrement. Les huissiers ont déniché des tutoriels en ligne détaillant cette manipulation, et c'est avec une large liste de noms de domaine interdits que Canal a déposé son dossier au tribunal.
Cisco n'a pas répondu à nos confrères de l'Informé. Quant à Canal+, Google et Cloudflare, les trois acteurs n'ont pas non plus commenté l'affaire en cours. Le dernier cité a néanmoins déjà réagi à une action similaire en Allemagne, en critiquant l'inefficacité et la disproportion des blocages par les résolveurs publics. En coulisses, plusieurs acteurs remettent en question la faisabilité de la mesure, arguant qu'il est facile de changer de service DNS et que cette approche pourrait contrevenir au droit européen.
Canal+ est en tout cas décidée à entrer dans une nouvelle ère de la lutte anti-piratage en assignant des géants du numérique. Voilà une démarche qui pourrait remodeler les stratégies de protection des droits audiovisuels, alors que le débat sur la proportionnalité et l'efficacité de ces blocages fait rage.
Source : l'Informé
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