Vous avez un vélo à assistance électrique ? Sachez que vous n'avez pas d'obligation d'assurance, et il y a une explication simple

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
10 novembre 2023 à 14h57
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Un vélo électrique, sur fond de route © Kamil Zajaczkowski / Shutterstock
Un vélo électrique, sur fond de route © Kamil Zajaczkowski / Shutterstock

La Cour de Justice de l'Union européenne, saisie à la suite d'une décision de justice belge, a récemment tranché la question de l'assurance des usagers roulant sur un vélo électrique. Pour elle, cette dernière n'a pas à être obligatoire. Mais pourquoi ?

Le 12 octobre 2023, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt très important, découlant d'une affaire belge impliquant un cycliste décédé alors qu'il circulait sur un vélo à assistance électrique (VAE). Happée par une voiture, la victime fut grièvement blessée, jusqu'à en perdre la vie quelques mois plus tard. La CJUE a, à la suite de l'accident, déclaré que les VAE ne nécessitent pas d'assurance des véhicules automoteurs, car ils ne sont pas exclusivement actionnés par une force mécanique.

Voilà une décision qui crée le débat quant à l'indemnisation des victimes d'accidents impliquant ces engins, ouvrant la voie à des changements potentiels dans la législation européenne sur la circulation des véhicules électriques.

Les vélos à assistance électrique ne sont pas des véhicules terrestres à moteur

Suite à l'accident fatal impliquant un cycliste belge sur un VAE, un litige juridique a émergé sur la qualification de l'engin. De quoi parle-t-on, lorsqu'on évoque un « vélo à assistance électrique ? » Les juges ont débattu s'il devait être considéré comme un véhicule terrestre à moteur (VTM), ou si la victime pouvait prétendre à une indemnisation en tant qu'usager faible de la route. Le VAE en question, équipé d'un moteur électrique, fournissait une assistance au pédalage et pouvait accélérer sans pédaler jusqu'à 20 km/h, mais uniquement après utilisation de la force musculaire.

La CJUE a souligné l'absence d'indication dans les textes pour déterminer si la force mécanique doit être exclusive dans l'actionnement d'un véhicule. Elle a tout de même noté que la directive 2009/103/CE sur l'assurance de la responsabilité civile des véhicules automoteurs, que les juges belges évoquaient au départ, se référait à « l'assurance automobile », traditionnellement liée aux véhicules mais exclusivement par une force mécanique.

La cour européenne a donc rappelé l'objectif de la directive, qui vise à protéger les victimes d'accidents de la circulation causés par des véhicules automoteurs, en soutenant que cela n'imposait pas aux VAE d'être qualifiés comme des « véhicules » au sens de la directive.

En ville, les vélos à assistance électrique doivent faire preuve de prudence © Flydragon / Shutterstock
En ville, les vélos à assistance électrique doivent faire preuve de prudence © Flydragon / Shutterstock

Une assurance qui n'est pas obligatoire, mais alors que faire ?

Cette décision rejoint en fait le droit français qui, beaucoup l'ignorent, exempte les conducteurs de VAE de l'obligation d'assurance si la puissance de l'engin n'excède pas 250 watts, et si l'assistance n'excède pas 25 km/h.

En cas d'accident, ce qu'on ne souhaite à personne, le cycliste doit alors se référer à son contrat d'assurance multirisque habitation, pour la responsabilité civile. Si vous ne bénéficiez pas de cette couverture, le message préventif est de rigueur : une assurance responsabilité civile autonome vous est plus que recommandée pour votre protection financière, si vous êtes conducteur d'un vélo électrique.

La CJUE a confirmé l'exclusion des VAE du régime de la loi Badinter de 1985, réservé aux engins pouvant causer d'importants dégâts. Cette décision souligne en tout cas la différence fondamentale entre les VAE et les véhicules traditionnels à moteur, confirmant que les VAE ne relèvent pas du régime de responsabilité civile étendu prévu par la fameuse loi Badinter. En vélo, en voiture ou autre, soyez prudents.

Source : Curia.Europa

Alexandre Boero

Chargé de l'actualité de Clubic

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (14)

Bombing_Basta
C’est devenu optionnel la relecture avant publication on dirait…
ayaredone
Avant de relire il faut déjà lire : à vélo. Ou alors si on est dedans c’est vraiment un très gros vélo.
syn80
??? Rien de neuf sous le soleil, en France les choses sont limpides, les VAE respectant les limites rappelées sont 100% assimilés à des vélos classiques dans le code de la route, donc sans plus d’exigence d’assurance.<br /> Pourquoi ne pas signaler dès le titre que cet article n’a un intérêt qu’en Belgique ??
ccwh
Attention, le vélo électrique reste un VAE tant qu’il faut pédaler , même un peu, pour avancer. Si on tourne une poignée de gaz, cela devient un cyclomoteur. Donc casque, gants, immatriculation et assurance.<br /> Les trottinettes et autres variantes ne sont pas considérée comme des VAE . Donc ces engins ne sont pas protégés par la loi badiner.
AlexLex14
Mea culpa, j’ai «&nbsp;sauvegardé&nbsp;» la version publiée avant la relecture. C’est arrangé après un coup de refresh
jyti94
Après lecture du paragraphe sur la CJUE, on peut se poser la question sur l’obligation d’assurance liée à un velospeed (V&lt;=45km/h et pédalage requis).<br /> Ne pas répondre qu’avoir une assurance est mieux svp (la veuve du seigneur de Lapalice l’avait dit au XVIème siècle) ; )
syn80
Les «&nbsp;speed bike 45 km/h&nbsp;» sont au sens du code de la route ( français ) des cyclomoteurs. Aucun doute la-dessus. Avec les mêmes exigences de matériel, d’équipements de protection, d’assurance et d’immatriculation.<br /> ET d’homologation bien sûr, un VAE débridé ne fait pas automatiquement un cyclomoteur homologué…
dante0891
Parce qu’il peut faire jurisprudence en France comme c’est une décision d’une loi Européenne.
syn80
Il va dans le sens de la réglementation française donc ne peut pas y faire jurisprudence, contrairement à la Belgique…
jyti94
au contraire, le doute est permis si la CJUE ne retient que le fait qu’il faille une force musculaire pour définir un «&nbsp;vae&nbsp;» par opposition à un engin motorisé tel un cyclomoteur.
syn80
reste au moins une faute de frappe : " traditionnellement liée aux véhicules mais exclusivement par une force mécanique." «&nbsp;traditionnellement MUS&nbsp;» !
syn80
Je crois comprendre ton interprétation : la jusrisprudence serait que le code de la route français devrait être contraint d’ assimiler les speedbike à des VAE dès lors qu’il n’y a pas de possibilité d’avoir d’assistance sans pédalage simultané.<br /> Mais, il ne faut comme d’habitude pas trop se fier à l’article qui analyse maladroitement la source.<br /> La CJUE ne fait que répondre au point litigieux retenu par la justice belge, sans qu’il soit exclusif ! d’ailleurs ce vélo était bien bridé à 20 km/h come cela est précisé dans l’article.<br /> Et, la CJUE analyse en sus bien le droit belge pour baser ses conclusions!<br /> Elle ne remet en rien en question les réglementations locales qui varient au sein de l’union.<br /> Par exemple, chez nous ( en France ) la catégorie L1e-a ( vélos electriques &lt;1000W et &lt; 25 km/h ) ne sert à rien, elle subit les mêmes obligations que la catégorie L2e ( cyclomoteurs &lt; 45 km/h &lt; 4 kW ). Avec entre les deux une catégorie L1e-b qui vient d’apparaitre ( cyclomobiles légers )avec ses obligations spécifiques intermédiaires.
KlingonBrain
Les trottinettes et autres variantes ne sont pas considérée comme des VAE . Donc ces engins ne sont pas protégés par la loi badiner.<br /> Justement, au vu de cette décision, ça pourrait se contester.<br /> Parce que rappelons qu’a la base, un trottinette, c’est un véhicule sans moteur.<br /> Et ma trottinette électrique, elle ne démarre pas «&nbsp;au moteur&nbsp;», mais en «&nbsp;patinant du pied&nbsp;». Et ça peut aussi rouler comme ça quand on est en panne de batterie.<br /> Donc si j’en crois ce qui est dit, je pourrais contester l’obligation d’assurance.<br /> Bref, il serait peut être temps de revoir ces critères qui datent d’une époque ou les petites motorisations électriques n’existaient pas. A une époque, quand on parlait de moteur, c’était à minima ce qu’on trouve dans un cyclomoteur, soit quelque chose qui pousse bien plus que la force musculaire humaine.
kroman
D’ici 5 ans, ce sera permis, casque, gilet jaune, contrôle technique et assurance obligatoire pour les vélos et patinettes électriques
MattS32
Cette décision rejoint en fait le droit français qui, beaucoup l’ignorent, exempte les conducteurs de VAE de l’obligation d’assurance si la puissance de l’engin n’excède pas 250 watts, et si l’assistance n’excède pas 25 km/h.<br /> Non, ça ne rejoint pas vraiment le droit français : tel que décrit dans l’article (un coup de pédale initial puis peut rouler à 20 km/h sans pédaler), cet engin n’entre pas dans la définition légale française du VAE :<br /> Cycle à pédalage assisté : cycle équipé d’un moteur auxiliaire électrique d’une puissance nominale continue maximale de 0,25 kilowatt, dont l’alimentation est réduite progressivement et finalement interrompue lorsque le véhicule atteint une vitesse de 25 km/ h, ou plus tôt si le cycliste arrête de pédaler<br /> Donc dans le droit français, le moteur d’un VAE ne doit pas fonctionner si l’utilisateur arrête de pédaler, même à 25 km/h. Cet engin n’est donc pas un VAE, mais un L1e-A :<br /> 4.1. Véhicule de catégorie L1e : véhicule à deux roues dont la vitesse maximale par construction est égale ou supérieure à 6 km/ h et ne dépasse pas 45 km/ h et équipé d’un moteur d’une cylindrée ne dépassant pas 50 cm ³ s’il est à combustion interne à allumage commandé et d’une puissance maximale nette n’excédant pas 4 kilowatts ;<br /> 4.1.1. Véhicule de sous-catégorie L1e-A : véhicule de la catégorie L1e muni de pédales dont le mode de propulsion auxiliaire d’aide au pédalage d’une puissance maximale est inférieure à 1 kW et s’interrompt dès que le véhicule atteint une vitesse égale ou supérieure à 25 km/ h. Ce véhicule peut être équipé de trois ou quatre roues<br /> Autrement dit, un cyclomoteur (terme qui regroupe les catégories L1e et L2e).
ccwh
Les VAE permettent généralement à un cycliste de rouler bien plus vite que son rythme musculaire surtout si ça monte.<br /> La loi les considère comme un velo car on doit en contre partie fournir un effort physique.<br /> Tous les autres engins ne sont que des cyclomoteurs à une roue ou des skates motorisés .<br /> Le seul effort à produire est de garder l’équilibre (comme un cyclomoteur thermique ou électrique ou un scooter).<br /> On doit donc penser à s’assurer (ou vérifier par quoi on est couvert) et se dire qu’en d’accident responsable les séquelles ne seront pas pris en compte par la partie adverse. Ce n’est pas un vélo.<br /> C’est bien rappelé et expliqué par le message juste au dessus du mien.
KlingonBrain
Les VAE permettent généralement à un cycliste de rouler bien plus vite que son rythme musculaire surtout si ça monte.<br /> La loi les considère comme un velo car on doit en contre partie fournir un effort physique.<br /> Bien plus vite ?<br /> Alors pour rappel, un jeune cycliste, ça peut rouler entre 40 et 50 km/h sur le plat, et bien plus vite encore en pointe de vitesse.<br /> Et même beaucoup de vieux de plus de 60 ans arrivent sans problème à dépasser les 30 avec un peu d’entrainement.<br /> Tous les autres engins ne sont que des cyclomoteurs à une roue ou des skates motorisés .<br /> Le seul effort à produire est de garder l’équilibre (comme un cyclomoteur thermique ou électrique ou un scooter).<br /> A un petit détail près, c’est que non, ce ne sont pas des cyclomoteurs : ils ont une puissance bien inférieure et roulent bien plus lentement qu’un cyclomoteur classique.<br /> Et qu’on fasse un effort ou pas, au fond, ça change quoi ?<br /> La science dit que le niveau de danger viens de l’énergie cinétique, donc de la masse et la vitesse, pas du fait qu’on fasse un effort physique ou non.<br /> Alors on a :<br /> Papy à trottinette : 25km/h (et bientôt 20) = assurance<br /> Et jeune cycliste sur un vélo = 40-50 km/h = pas d’assurance.<br /> Moi je dit rien, a part que c’est pas très logique.<br /> Il faut juste se rappeler que cette règle à été faite à l’époque ou «&nbsp;moteur&nbsp;», ça voulait dire en pratique : moteur thermique 50cm3.<br /> On doit donc penser à s’assurer (ou vérifier par quoi on est couvert) et se dire qu’en d’accident responsable les séquelles ne seront pas pris en compte par la partie adverse. Ce n’est pas un vélo.<br /> Pour rappel, mon propos n’était pas d’affirmer qu’on ne devait pas s’assurer, mais qu’a la lumière de ce jugement, cette obligation pourrait peut être contestée.<br /> Alors, s’il faut le rappeler, oui, rappelons que tant qu’il n’a pas été statué le contraire par la jurisprudence, il faut évidement considérer l’obligation d’assurance comme étant la loi. Et ne surtout pas jouer avec ça.
syn80
Hello, ton raisonnement est uniquement basé sur une dangerosité liée à une vitesse acquise.<br /> Pour défendre la réglementation existante :<br /> En vélo musculaire, hors condition de course, on n’accélère pas aussi vite qu’en engin motorisé. Et on a moins de variation de rythme étant donnée le coût en énergie.<br /> Tout cela fait que l’insertion dans la circulation est bien différente de ce qui est possible avec une trottinette électrique ou à fortiori un cyclomoteur.<br /> il y a aussi un intérêt sociologique/moral à protéger les piétons et cyclistes ( c’est le terme employé: usagers protégés ). Favoriser les modes de transports les plus accessibles, économiques, écologiques, moins encombrants… c’est d’intérêt public.<br /> Je digresse mais cette place des cycles et piétons est souvent mal comprise. Ces usagers sont aussi favorisés par leur accès à l’espace public et ont leur place PARTOUT sauf interdiction spécifique ( routes «&nbsp;pour automobiles&nbsp;», trottoirs pour les cyclistes… ) tandis que les voitures n’ont leur place QUE sur la route.
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